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n 2015, le nombre de cyberattaques a augmenté de 51% en
France
1
. Face à un impact parfois considérable sur la trésorerie,
la réputation, les actifs, ou l’activité même des entreprises, la
réponse doit être décidée aux niveaux stratégique et opéra-
tionnel. Elle implique une gestion du risque cyber à la fois rapide
et proactive. Les enjeux sont donc fondamentaux pour les Risk Managers.
C’est pourquoi l’Institut de Recherche Technologique System X, consacré
à l’ingénierie de systèmes, coordonne en partenariat avec le financeur
du projet, Airbus Group, et l’ANSSI (Agence Nationale de Sécurité des
Systèmes d’Information) le programme EIC, dont l’un des programmes
de recherche est consacré à «
La maîtrise du risque cyber sur l’ensemble
de la chaîne de sa valeur et son transfert vers l’assurance
».
TOUTES LES PARTIES PRENANTES
DU RISQUE CYBER IMPLIQUÉES
En huit mois, «
des professions qui d’habitude
ne se parlent pas ou peu ont pu échanger au-
tour d’une table et faire une grande avancée
en la matière
», souligne Philippe Cotelle,
Risk Manager d’Airbus Defence and Space,
qui a rassemblé les parties prenantes et défi-
ni les thèmes du programme. «
Pour les parte-
naires publics, la force de ce groupe de travail
est d’avoir cassé les silos en créant un langage
commun
», abonde Bénédicte Suzan, Project
manager d'Airbus Defence and Space.
Bilan de ces travaux de recherche : la production d’un livre blanc d’ici fin
2016, «
un document opérationnel qui constituera une première mondiale,
puisqu’il s’agira de la seule démarche capable de quantifier financièrement
l’exposition au risque cyber d’une organisation, tout en fournissant une
photographie de la réponse du marché à ce risque
», souligne l’experte.
L’AMRAE, via sa Commission Systèmes d’information présidée par François
Beaume, s’est investie dans ces travaux. Là résident l’originalité et l’inté-
rêt de la démarche : «
l’analyse du risque cyber faite avec les Risk Managers,
premiers demandeurs et premier prescripteurs
», explique Philippe Cotelle.
5 RECOMMANDATIONS FONDAMENTALES ET UNIVERSELLES
«
Le livre blanc contiendra cinq recommandations qui résument nos travaux
»,
indique Philippe Cotelle. La première souligne l’importance de l’analyse
quantitative du risque cyber, fondée sur des scenarii établis par des opéra-
tionnels, et orchestrée par le Risk Manager. Si la démarche doit être adap-
tée à la taille de l’entité, «
cette méthode permettra de quantifier le risque
cyber pour les entreprises de toutes tailles
», précise le Risk Manager.
La seconde recommandation prône la définition d’un référentiel et d’un
langage communs pour permettre le dialogue entre les parties prenantes
autour de l’exposition ainsi mesurée. Ce référentiel est «
une matrice dé-
taillée, permettant de croiser les origines et les conséquences des diffé-
rents risques pour identifier une catégorie élémentaire de risque
», détaille
Philippe Cotelle. Ce référentiel commun, grande première, facilitera les
échanges entre toutes les professions de la chaîne de valeur impliquée
dans la gestion du risque cyber de l’entreprise (Risk Managers, assu-
reurs, réassureurs, experts, courtiers, actuaires, contrôleurs internes,
autorités publiques…).
La troisième recommandation implique les assureurs : elle vise à amélio-
rer la communication et la connaissance de la couverture assurantielle
du risque cyber. «
En plaquant leurs types de couverture (dommages, RC,
fraude…) sur notre matrice, les assureurs (via la FFSA) nous ont fournis
pour la première fois un mapping clair de la couverture du risque cyber.
Nous avons ainsi pu identifier les risques cyber non couverts, et observer les
superpositions de polices
», développe le Risk Manager, qui précise : «
à
l’international, la matrice sera transposable à d’autres marchés, et consti-
tuera donc un outil de benchmark pertinent entre assureurs et marchés
».
Pour gérer le flux d’informations entre assurés et assureurs, la qua-
trième recommandation préconise la création d’une plateforme «
neutre
et spécialisée, afin de garantir la confidentialité du dialogue
» par l’ANSSI.
Véritable «
observatoire de la cybersécurité
», cette plateforme devrait
permettre une «
mise en commun des analyses du risque cyber
», et sera
un «
intermédiaire permettant de définir des tiers de confiance pour sa ges-
tion entre assurés et assureurs, quand des informations stratégiques sont
échangées
», souligne Philippe Cotelle.
LE WHITE PAPER DU PROGRAMME
DE RECHERCHES IRT – SYSTEM X
Vaste projet de recherche sur la cybersécurité, EIC (Environnement pour l’Interopérabilité et
l’Intégration en Cybersécurité) comporte un volet «Gestion du risque cyber », auquel s’est
associé l’AMRAE. Objectif ? Produire un livre blanc dont les propositions innovantes seront hau-
tement stratégiques dans la lutte contre le risque cyber, à l’échelle mondiale.
LES PARTIES PRENANTES DU PROGRAMME
Plusieurs partenaires publics et privés ont contribué au programme :
FFSA, courtiers, organismes publics (ANSSI, OCDE, Conseil général
de l’Économie, de l’Industrie, de l’Énergie et des Technologies,
Conseil Économique, Social et Environnemental, Ministère de l’Éco-
nomie et des Finances), AMRAE, FERMA, IRT System X, Institut des
Actuaires, des juristes…
Philippe Cotelle,
Risk Manager,
Airbus Defense and Space
1
source : enquête PwC «The Global State of Information Security®Survey 2016»
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
48
ACTUALITÉ DE L’AMRAE
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