UN CAFÉ D’ÉCHANGES SPÉCIAL ATTENTATS
ENTRE RISK MANAGERS ET EXPERTS
P
our apporter des éléments de réponse, deux experts étaient
invités : Bernard Mettetal, Avocat de HMN & Partners, et
Benoît Vraie, Maître de conférences à la Sorbonne et Président
de la Commission Intelligence économique, Crises et PCA
de l’AMRAE. Rapidement, trois points majeurs ont émergé
des problématiques des Risk Managers présents : renforcement de la
sécurité dans les entreprises, programmes d’assurance spécifiques au
terrorisme et protection des collaborateurs.
LA SÉCURITÉ, UNE CHIMÈRE ?
M
e
Mettetal a rappelé que «
le Code du travail français mentionne l’obli-
gation de sécurité pour les entreprises, qui doivent prendre toutes les
mesures nécessaires pour protéger leurs salariés
». Le rôle de l’État est
important, «
puisqu’il peut pour les SAIV (Secteurs d’Activité d’Importance
Vitale) fixer certaines mesures obligatoires
», a rappelé Benoît Vraie, qui
précise que l'État est aussi
« seul responsable de la sécurité publique
».
Dans ce cadre, les fouilles de sacs et vigiles à l’entrée constituent plus
un outil de dissuasion qu’une protection réelle.
Quant à l’embauche et le suivi de personnes/salariés à risque, il est
impossible. «
L’entreprise n’a pas le droit de s’immiscer dans la vie
privée. Votre seul recours est de signaler le salarié aux autorités en cas de
suspicion. À part les OIV (Organismes d’Importance Vitale), l’entreprise
ne peut pas faire grand-chose pour examiner le passif d’un candidat
», a
rappelé Benoît Vraie.
ASSURANCES, INDEMNISATIONS ET EXCLUSIONS :
SOYEZ VIGILANTS
Côté assurances, un constat : «
la guerre est souvent exclue des contrats ;
les émeutes et attentats constituent un cas particulier pour lequel il faut
négocier des garanties complémentaires
», explique Bernard Mettetal.
À vous donc de vérifier vos polices avec votre courtier.
Les dommages immatériels non-consécutifs «
ne feront pas l’objet
d’une grande appétence du marché français, tant qu’il n’aura pas déli-
mité l’étendue du risque
», a résumé l’avocat.
Quant à la Responsabilité Civile, «
elle est difficilement chiffrable
».
Enfin, la réassurance obligatoire GAREAT concerne seulement les mon
tants au-delà de 20 millions d’euros, donc majoritairement les grands
groupes.
PROTECTION DES COLLABORATEURS
Autre conséquence des attentats : des salariés à l’étranger à protéger
et des collaborateurs choqués. Benoît Vraie a préconisé un « t
ravail
pédagogique de l’entreprise, qui doit éviter la sur-réaction, plus inquié-
tante que rassurante. Sa réponse doit être adaptée à sa culture et à son
secteur d’activité
».
Pour protéger les salariés à l’étranger, Bernard Mettetal a considéré
que «
l’affinage de la cartographie des risques, ainsi que la sous-trai-
tance de la sécurité dans des États faibles ou faillis
», constituent deux
leviers majeurs. Suivre les informations du Ministère des Affaires
Étrangères concernant les zones à risque est utile, mais «
il faut croiser
ces informations avec celles de ministères d’autres pays pour avoir une
meilleure vision
», a ajouté un Risk Manager.
La plus simple des protections reste pour Benoît Vraie de «
se fondre
dans la masse, en travaillant sur place uniquement avec des relais bien
identifiés par l’entreprise
».
En réaction aux attentats du 13 novembre, l’AMRAE a organisé un temps d’échanges autour de
deux intervenants, qui a réuni une quinzaine de Risk Managers. L’occasion de se raconter le trau-
matisme, de partager les bonnes pratiques, de dispenser des conseils et d'effectuer des retours
d’expérience.
Retrouvez toutes
les informations sur la page
« résilience attentats » :
http://amrae.fr/resilience-attentatsL’AMRAE vous invite à échanger avec
vos courtiers et avocats spécialisés sur
les points mentionnés dans l’article.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
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ACTUALITÉ DE L’AMRAE
ÉVÉNEMENTS