L
a donnée personnelle est aujourd’hui
considérée comme plus importante que
le pétrole. C’est pourquoi la prise en
compte de la protection des données
est essentielle et doit faire l’objet d’une
attention toute particulière au sein des entre-
prises. Les technologies avancées continuent
leur développement et sont de plus en plus
interconnectées (objets, applications, etc.). Le
projet de règlement européen, actuellement en
phase finale de négociations, devrait apporter
les garanties nécessaires à la protection des
données.
Pour mémoire, la loi «Informatique et Libertés»
telle que modifiée par la loi du 6 août 2004 a
comme principale finalité de protéger l’indi-
vidu contre l’utilisation abusive de ses données
à caractère personnel. Ainsi, une collecte de
données à caractère personnel doit être légitime,
proportionnée avec des délais de conservation en
adéquation avec la finalité de cette dernière. En
outre, indépendamment du respect des droits des
individus (information, consentement, accès,
rectification, opposition), tout responsable de
traitement de données personnelles doit mettre
en œuvre des mesures de sécurité et de confiden-
tialité. Des règles spécifiques doivent également
être instaurées en cas de transfert des données
en dehors de l’Union européenne.
Ces principes fondamentaux dans le domaine
des données à caractère personnel sont un
premier socle de conformité d’un traitement qui
doit, d’ores et déjà, être respecté au sein d’une
entreprise.
OBLIGATIONS ACCRUES DANS LE TRAI-
TEMENT DE DONNÉES PERSONNELLES
Le projet de règlement européen, texte très ambi-
tieux et complexe, s’inscrit dans la continuité
des principes fondateurs posés par la directive
95-45/CE sur la protection des données, tout en
fixant un nouveau cadre de la conformité, ce qui
induit un changement important de la pratique
du traitement des données personnelles.
Ainsi, le projet de règlement impose aux entre-
prises une nouvelle démarche dans le cadre
d’une prévention des risques, comme l’obliga-
tion de notification des failles de sécurité ou
encore l’obligation de faire réaliser des audits
pour vérifier l’adéquation et l’efficacité des
mesures mises en place.
Parmi ces principes, le plus connu est sans
doute celui de l’
accountability
ou engagement
responsable qui fait référence à l’ensemble des
mesures internes prises par un responsable
du traitement afin d’attester sa conformité à
la réglementation applicable. Ce principe est
connu, il a été instauré dans les années quatre-
vingt, notamment au Canada.
Pour le responsable du traitement, il s’agit
de prouver et de démontrer,
a posteriori
, à la
Commission nationale de l’informatique et des
libertés (CNIL) et aux personnes concernées par
leurs traitements, que le respect des disposi-
tions de la Loi « Informatique et Libertés » est
assuré. Ces mesures peuvent être des procédures
de gestion des incidents ou encore la documen-
LE PROJET DE RÈGLEMENT EUROPÉEN SUR LES DONNÉES PERSONNELLES :
UNE NOUVELLE DONNE DU
RISQUE DE NON-CONFORMITÉ
AU SEIN DE L’ENTREPRISE ?
Les enjeux de l’évaluation du risque de non-conformité dit «Informatique et Libertés» ne sont
pas nouveaux. Pour autant, à l’aune de l’adoption du règlement européen, refonte du droit de la
protection des données personnelles, l’anticipation et la gestion des risques sont plus que jamais
d’actualité.
Maître Garance Mathias,
GM Avocats
Expert du droit des affaires
et de l’accompagnement
des entreprises notamment
sur les enjeux juridiques liés
aux technologies avancées
et à la sécurité des systèmes
d’information.
Par Maître Garance Mathias
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
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VEILLE ET POSITION