Table of Contents Table of Contents
Previous Page  19 / 84 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 19 / 84 Next Page
Page Background

DOSSIER

LE RISK MANAGER AU DÉFI DES NOUVELLES PRISES DE RISQUES

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°12 I

MARS 2017

19

big data, data factory, machine learning, block chain, digital printing,

crowd funding

… Autant de notions qui, hier, n'existaient même pas !

«

C’est tout un écosystème numérique qui se développe dans un espace qui

ne répond pas aux règles connues de territorialité, mais s’inscrit dans la

nébuleuse du cyberespace

», a résumé Brigitte Bouquot. «

Les entreprises

n’ont pas le choix car c’est là que se joue leur futur : elles doivent exploiter

ce fantastique potentiel d’innovation pour anticiper la compétition de

nouveaux acteurs, inconnus aujourd’hui

».

NOUVEAUX BUSINESS MODELS

Jean-Marie Messier, ancien dirigeant de Vivendi, aujourd'hui Président

de Messier Maris et Associés, l’affirmait dans son intervention lors de

la plénière d'ouverture des Rencontres, trois changements majeurs

sont en cours. «

Désormais, il n’est plus besoin, dans un monde déma-

térialisé, d’avoir une marque puissante pour toucher un milliard de

personnes. Ensuite, les millenials font advenir un monde où l’usage

prime sur la propriété et qui ne connaît plus l’emploi à vie. Enfin, nous

entrons dans un monde dominé par les modèles prédictifs

».

DONNÉES ET RÉPUTATION :

LA DOUBLE PEINE DU RISQUE CYBER

Si les opportunités sont nombreuses, la quatrième révolution indus-

trielle n'est pas sans risques pour les entreprises. Il y a, bien sûr, les

Cyber risques : cyber-attaques, rançons, pertes de données, espion-

nage et fuites d'information, avec le double risque qu'elles repré-

sentent aujourd'hui en raison de la directive européenne dite «GDPR»,

sur la protection des données à caractère personnel. Mais ces risques

d'incidents divers et variés portent avec eux des risques de réputa-

tion qui peuvent, finalement, coûter encore plus cher à l'entreprise.

«

La réputation devient désormais un point clef. Environ 50 % des crises

sont dues à des phénomènes viraux sur Internet. Vinci a mis une heure à

publier un communiqué pour démentir les allégations diffusées par des

pirates mais il a suffi de 5 minutes pour que la capitalisation boursière

se réduise de 7 milliards d’euros

», a ainsi rappelé Jean-Marie Messier

[N.D.L.R. : la valeur a depuis retrouvé son cours d’avant piratage].

S’appuyant sur les résultats d’une enquête menée auprès de 9 000

personnes, Philippe Vallée, Directeur général de Gemalto, a expliqué

que les rapports entre entreprises et clients étaient déjà affectés

aujourd'hui : «

Parmi les sondés, un tiers a confiance dans les entre-

prises pour préserver la sécurité des données, un second tiers estime

qu’il sera victime d’une fuite de données à brève échéance, et le dernier

tiers n’accordera pas sa confiance à une entreprise si elle a été victime

d’un piratage de données. Clairement, le niveau de sécurité structure le

rapport entre les entreprises et leurs clients

. »

LE RISQUE ET L'OPPORTUNITÉ DE LA DISRUPTION

Toutefois, le risque fondamental de la digitalisation n'est ni sécuritaire ni

technique,maisceluidurisqu

ederupture:dedisruption.Unrisquetelque

l'avenir de toute entreprise peut se voir remis en cause par l'émergence

de nouveaux business models. «

La numérisation de l’économie provoque

une révolution de l’environnement concurrentiel qui concentre le capital

sur de nouveaux acteurs. C’est la revanche de l’industrie sur la finance.

Alors que les acteurs de l’économie traditionnelle ont bâti des oligopoles

par secteurs, ceux issus de l’économie digitale créent des monopoles grâce

à l’effet démultiplicateur des réseaux»,

a expliqué François Bourdoncle,

mettant en garde contre une

«vision scolaire de la digitalisation

», vision

qui escamoterait le principal changement : l’évolution profonde de l’envi-

ronnement concurrentiel et l'apparition de nouveaux acteurs.

LA NOUVELLE ÈRE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

«

Noussommesfaceàunchangementdeparadigme.Aprèsle”mobile

first”, nous sommes maintenant dans une période ”IA first”

», a

posé sans hésiter Jalil Chikhi, Industry Director de Google France,

expliquant que «

l'Intelligence Artificielle est déjà active dans les

produits Google, c’est elle qui produit les réponses automatiques de

Gmail, par exemple. Grâce à l’IA, Google Translate a plus progressé

sur les 6 derniers mois que durant les 5 dernières années

». Rand

Hindi, Fondateur de SNIPS, une

société qui développe des techno-

logies pour maîtriser les échanges

avec les objets connectés, mise

lui aussi, résolument, sur l’IA :

«

L'intelligence artificielle sera la

solution pour supprimer la fric-

tion entre homme et machine. Les

objets vont devenir si intelligents

que leur caractère technologique

ne sera plus perçu. Nous arrêterons

d’y penser. L’IA sera aussi évidente que l’électricité…

» Un véritable

tour de force compte tenu des freins et des risques aujourd'hui

perçus par les utilisateurs ? Selon Rand Hindi, les capacités de l’IA

augmentent en effet plus vite que le nombre d’objets connectés.

Avec la combinaison d’une puissance de calcul croissante et de

données toujours plus abondantes, le machine learning, l’une des

branches de l’IA, progresserait à grands pas. «

Nous sommes en

train de passer de systèmes experts à une informatique par appren-

tissage. Avec le ”deep learning”, des couches de neurones artificiels

peuvent apprendre des concepts toujours plus complexes.

»

Se protéger des risques liés à l’IA : moins de cloud, plus de local

Mieux encore : l’IA pourrait permettre aux machines de comprendre

le langage très ambigu des humains. À la condition, toutefois, de

leur laisser un accès maximal, voire total, à toutes les données

présentes dans l’ordinateur, le smartphone et… tous les autres

objets connectés. Trop dangereux ? La parade est déjà prévue. «

Une

part des données restera dans les objets et ne sera plus envoyée dans

le cloud,

explique Rand Hindi.

Ce qui réduira l’incentive financier du

hacking

». Les calculs désormais indis-

pensables sur de grandes masses de

données seront aussi protégés grâce

à des chiffrements complexes dits

«

homomorphes

». Rand Hindi postule

même qu’à brève échéance la trans-

mission de données en clair sera tout

simplement inacceptable. Au bout

du compte, les humains garderont la

maîtrise de leur destin : «

L’IA se char-

gera des tâches que nous n’avons pas

envie de faire. Nous pourrons profiter de

la technologie sans avoir la sensation

d’être connectés.

»

Rand Hindi,

Fondateur de SNIPS

«

Une part des données restera

dans les objets et ne sera plus envoyée

dans le cloud

.

Ce qui réduira l’incentive

financier du hacking.

»

Rand Hindi, SNIPS

« L'intelligence

artificielle sera

la solution pour

supprimer la friction

entre homme

et machine. »

Jalil Chikhi, Google France