DOSSIER
LE RISK MANAGER AU DÉFI DES NOUVELLES PRISES DE RISQUES
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°12 I
MARS 2017
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big data, data factory, machine learning, block chain, digital printing,
crowd funding
… Autant de notions qui, hier, n'existaient même pas !
«
C’est tout un écosystème numérique qui se développe dans un espace qui
ne répond pas aux règles connues de territorialité, mais s’inscrit dans la
nébuleuse du cyberespace
», a résumé Brigitte Bouquot. «
Les entreprises
n’ont pas le choix car c’est là que se joue leur futur : elles doivent exploiter
ce fantastique potentiel d’innovation pour anticiper la compétition de
nouveaux acteurs, inconnus aujourd’hui
».
NOUVEAUX BUSINESS MODELS
Jean-Marie Messier, ancien dirigeant de Vivendi, aujourd'hui Président
de Messier Maris et Associés, l’affirmait dans son intervention lors de
la plénière d'ouverture des Rencontres, trois changements majeurs
sont en cours. «
Désormais, il n’est plus besoin, dans un monde déma-
térialisé, d’avoir une marque puissante pour toucher un milliard de
personnes. Ensuite, les millenials font advenir un monde où l’usage
prime sur la propriété et qui ne connaît plus l’emploi à vie. Enfin, nous
entrons dans un monde dominé par les modèles prédictifs
».
DONNÉES ET RÉPUTATION :
LA DOUBLE PEINE DU RISQUE CYBER
Si les opportunités sont nombreuses, la quatrième révolution indus-
trielle n'est pas sans risques pour les entreprises. Il y a, bien sûr, les
Cyber risques : cyber-attaques, rançons, pertes de données, espion-
nage et fuites d'information, avec le double risque qu'elles repré-
sentent aujourd'hui en raison de la directive européenne dite «GDPR»,
sur la protection des données à caractère personnel. Mais ces risques
d'incidents divers et variés portent avec eux des risques de réputa-
tion qui peuvent, finalement, coûter encore plus cher à l'entreprise.
«
La réputation devient désormais un point clef. Environ 50 % des crises
sont dues à des phénomènes viraux sur Internet. Vinci a mis une heure à
publier un communiqué pour démentir les allégations diffusées par des
pirates mais il a suffi de 5 minutes pour que la capitalisation boursière
se réduise de 7 milliards d’euros
», a ainsi rappelé Jean-Marie Messier
[N.D.L.R. : la valeur a depuis retrouvé son cours d’avant piratage].
S’appuyant sur les résultats d’une enquête menée auprès de 9 000
personnes, Philippe Vallée, Directeur général de Gemalto, a expliqué
que les rapports entre entreprises et clients étaient déjà affectés
aujourd'hui : «
Parmi les sondés, un tiers a confiance dans les entre-
prises pour préserver la sécurité des données, un second tiers estime
qu’il sera victime d’une fuite de données à brève échéance, et le dernier
tiers n’accordera pas sa confiance à une entreprise si elle a été victime
d’un piratage de données. Clairement, le niveau de sécurité structure le
rapport entre les entreprises et leurs clients
. »
LE RISQUE ET L'OPPORTUNITÉ DE LA DISRUPTION
Toutefois, le risque fondamental de la digitalisation n'est ni sécuritaire ni
technique,maisceluidurisqu
ederupture:dedisruption.Unrisquetelquel'avenir de toute entreprise peut se voir remis en cause par l'émergence
de nouveaux business models. «
La numérisation de l’économie provoque
une révolution de l’environnement concurrentiel qui concentre le capital
sur de nouveaux acteurs. C’est la revanche de l’industrie sur la finance.
Alors que les acteurs de l’économie traditionnelle ont bâti des oligopoles
par secteurs, ceux issus de l’économie digitale créent des monopoles grâce
à l’effet démultiplicateur des réseaux»,
a expliqué François Bourdoncle,
mettant en garde contre une
«vision scolaire de la digitalisation
», vision
qui escamoterait le principal changement : l’évolution profonde de l’envi-
ronnement concurrentiel et l'apparition de nouveaux acteurs.
LA NOUVELLE ÈRE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
«
Noussommesfaceàunchangementdeparadigme.Aprèsle”mobile
first”, nous sommes maintenant dans une période ”IA first”
», a
posé sans hésiter Jalil Chikhi, Industry Director de Google France,
expliquant que «
l'Intelligence Artificielle est déjà active dans les
produits Google, c’est elle qui produit les réponses automatiques de
Gmail, par exemple. Grâce à l’IA, Google Translate a plus progressé
sur les 6 derniers mois que durant les 5 dernières années
». Rand
Hindi, Fondateur de SNIPS, une
société qui développe des techno-
logies pour maîtriser les échanges
avec les objets connectés, mise
lui aussi, résolument, sur l’IA :
«
L'intelligence artificielle sera la
solution pour supprimer la fric-
tion entre homme et machine. Les
objets vont devenir si intelligents
que leur caractère technologique
ne sera plus perçu. Nous arrêterons
d’y penser. L’IA sera aussi évidente que l’électricité…
» Un véritable
tour de force compte tenu des freins et des risques aujourd'hui
perçus par les utilisateurs ? Selon Rand Hindi, les capacités de l’IA
augmentent en effet plus vite que le nombre d’objets connectés.
Avec la combinaison d’une puissance de calcul croissante et de
données toujours plus abondantes, le machine learning, l’une des
branches de l’IA, progresserait à grands pas. «
Nous sommes en
train de passer de systèmes experts à une informatique par appren-
tissage. Avec le ”deep learning”, des couches de neurones artificiels
peuvent apprendre des concepts toujours plus complexes.
»
Se protéger des risques liés à l’IA : moins de cloud, plus de local
Mieux encore : l’IA pourrait permettre aux machines de comprendre
le langage très ambigu des humains. À la condition, toutefois, de
leur laisser un accès maximal, voire total, à toutes les données
présentes dans l’ordinateur, le smartphone et… tous les autres
objets connectés. Trop dangereux ? La parade est déjà prévue. «
Une
part des données restera dans les objets et ne sera plus envoyée dans
le cloud,
explique Rand Hindi.
Ce qui réduira l’incentive financier du
hacking
». Les calculs désormais indis-
pensables sur de grandes masses de
données seront aussi protégés grâce
à des chiffrements complexes dits
«
homomorphes
». Rand Hindi postule
même qu’à brève échéance la trans-
mission de données en clair sera tout
simplement inacceptable. Au bout
du compte, les humains garderont la
maîtrise de leur destin : «
L’IA se char-
gera des tâches que nous n’avons pas
envie de faire. Nous pourrons profiter de
la technologie sans avoir la sensation
d’être connectés.
»
Rand Hindi,
Fondateur de SNIPS
«
Une part des données restera
dans les objets et ne sera plus envoyée
dans le cloud
.
Ce qui réduira l’incentive
financier du hacking.
»
Rand Hindi, SNIPS
« L'intelligence
artificielle sera
la solution pour
supprimer la friction
entre homme
et machine. »
Jalil Chikhi, Google France