Intérêt certain, intérêt croissant, mais les processus de décision
restent longs : entre 12 et 18 mois «
ce qui est assez courant pour un
marché de First Time buyer
», précise Didier Seigneur. Les délais de
décisions tendent cependant à se réduire du fait de tarifications plus
attractives. «
Les niveaux de prix sont très compétitifs. Nous avons l’im-
pression qu’aujourd’hui l’assurance cyber est un bonus apporté par les
assureurs à leurs clients grands comptes
», note Françoise Mari, rappe-
lant le souhait de QBE de se développer, pour ce type de produit, sur le
segment encore peu exploité des ETI.
PERTES D’EXPLOITATION ET ATTEINTE AUX DONNÉES :
LES PRINCIPALES MOTIVATIONS
Quant aux motivations de souscription des polices d’assurance pour les
Cyber Risks, les avis convergent. Si la perspective de la mise en place
de la directive européenne sur les données personnelles (qui obligera
les entreprises à notifier l’incident à chacun de leur client) peut être un
facteur de décision, il n’est plus en revanche l’élément moteur.
D’autres raisons sont plus souvent invoquées. «
Nous voyons deux
éléments déclencheurs : les atteintes aux données, celles de l’entreprise
et celles qui lui sont confiées, et les atteintes aux systèmes d’infor-
mation pour les dommages causés à l’entreprise et au tiers
», précise
Jimaan Sané. Pour Didier Seigneur, la principale raison qui pousse les
entreprises européennes à s’assurer, est «
la partie dommage et pertes
d’exploitation
». Sergio Pierro, Souscripteur Lignes Financières chez
XL Catling, voit chez ses clients «
des demandes très pointues sur la
garantie Perte d’exploitation directe ou indirecte (notamment liées aux
prestataires) ou des pénalités contractuelles. Les niveaux de franchise et
de prime sont aussi bien évidement déterminants. Les premiers achats
de couverture cyber sont souvent peu suffisants en termes de limite de
garantie, mais sont davantage déterminés par un budget cible alloué
pour ces risques-là. Pour notre part, nous indemnisons également les
assurés pour les frais de mitigation afin de limiter l’impact d’un sinistre
potentiel dans le cas où leur responsabilité pourrait être engagée
».
DOUBLONS, EXCLUSION, CONFIDENTIALITÉ :
LES FREINS À LA CONTRACTUALISATION
La crainte du doublon d’assurance subsiste dès que l’on évoque le
Cyber Risk notamment avec la couverture Responsabilité Civile. «
Cela
peut arriver puisqu’en France la RC est “tout risque sauf” mais, atten-
tion, l’assureur peut être amené à formuler une exclusion ou à augmenter
fortement la prime après un premier incident
», prévient Didier Seigneur.
«
La RC intervient uniquement suite à la réclamation d’un tiers alors que
la police cyber, notamment en prise en charge de la gestion de crise,
intervient bien avant. Et quoi qu’il en soit, les polices classiques de RC ne
sont pas dimensionnées pour traiter le Cyber Risk »,
insiste Jimaan Sané.
Pour Sergio Pierro,
« il faut être prudent quant au contenu des polices
RC qui excluent souvent les réclamations relatives aux virus ou autres
« cyber-phénomènes » et qui ne couvrent pas les garanties dommages
que nous donnons comme l’extorsion ou les frais de notifications
».
Autre frein à la contractualisation, l’obligation de révéler des informa-
tions confidentielles ou de soumettre leur système d’information à des
tests d’intrusion ou de vulnérabilité.
Sur ce plan, les assureurs se veulent rassurants. «
La sécurité informatique
au sein d’une entreprise joue un rôle clé. La culture de gestion des risques
aussi. En effet, notre recul en la matière (près de 3 000 incidents gérés par
nos équipes à ce jour) nous a montré qu’un nombre important d’incidents
est également lié à des problèmes de gouvernance
», précise Jimaan Sané.
Chez d’autres comme Axa Corporate Solutions, un audit peut être
proposé au client. «
Ce n’est pas lié à la souscription d’une assurance. Cela
peut néanmoins être une aide à la décision
», explique Irène Plichon.
OSER FAIRE JOUER LES GARANTIES
Même si elles sont assurées, certaines entreprises ne déclarent pas
leurs éventuels sinistres « cyber » en raison de craintes sur leur répu-
tation. Néanmoins, cela change et les assureurs constatent plus de
prises en charge. «
Dans 30 à 40 % des cas, il s’agit de cyber extorsion
»,
précise-t-on chez AIG qui dans ce cas s’appuie sur des consultants
experts en kidnapping et en négociation.
Néanmoins, peut-on vraiment chiffrer une attaque d’envergure ?
Difficile, reconnaissent les assureurs. Face à certaines actions chif-
frables (les frais de notification sont évalués à environ 100 euros par
client), d’autres comme l’atteinte à la réputation sont moins évidentes
à établir. «
Lors des grosses cyber-attaques, le préjudice subi par l’en-
treprise victime peut prendre tellement de formes différentes qu’il n’est
quasiment pas chiffrable. En termes de communication, il va y avoir
un gros travail à faire vis-à-vis de la direction et des clients
», constate
Astrid-Marie Pirson.
À consulter
Cyber risques : outil d'aide
à l'analyse et au traitement
assurantiel
- AMRAE/CESIN
LA POSITION DE L’AMRAE
l’analyse de François Beaume
Ces grilles montrent que le marché est en
croissance avec une augmentation des
capacités et une amélioration des couver-
tures proposées. L’offre semble globale-
ment se rapprocher des attentes des organisations. Néanmoins
les Risk Managers ou les directeurs des assurances devront rentrer
dans le détail pour voir ce qu’elles couvrent précisément. Ils ne
pourront faire l’économie d’une analyse en amont du risque pour
qualifier les besoins de couverture.
Maintenant que le marché se structure, les grandes entreprises
peuvent espérer obtenir plus facilement des garanties sur-mesure
à même de permettre une intégration optimisée des polices Cyber
dans les dispositifs existants.
Les ETI devront également profiter du développement du marché
pour avoir des produits attractifs en termes de prix et de couverture.
Reste un point essentiel : comment l’assureur peut-il comprendre
et analyser l’exposition ? Il va falloir la qualifier et la quantifier
avant la souscription. C’est aujourd’hui une question de métho-
dologie d’analyse de risque que doit résoudre le futur assuré bien
en amont de la souscription.
Commission
Systèmes d’Information
CYBER RISQUES
Outil d’aide à l’analyse et au
traitement assurantiel
Enpartenariat avec le
Cahiers Techniques 2015
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
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