LE RISK MANAGER AU DÉFI DES NOUVELLES PRISES DE RISQUES
DOSSIER
environnementales et bien sûr géopolitiques
», résumait Laurent Giordani,
Associé au seindu cabinet KYU, lors de l‘atelier consacré à la supply chain.
Un constat partagé par Véronique Lemoues, Directeur Appréciation des
Risques et Assurances du groupe Total (voir Atout Risk Manager n°7), qui
a ouvert avec ces mots l’atelier consacré aux risques politiques : «
Depuis
le 11 septembre 2001, les risques politiques ont changé. On est passé de
plusieurs zones de risques bien identifiées à un risque globalisé. Tous les
pays sont touchés, y compris ceux identifiés comme des axes de dévelop-
pement par les entreprises françaises comme les BRICS, l’Iran, les pays de
l’ex-URSS et de nombreux pays d’Afrique…
»
LA BOÎTE DE PANDORE EST OUVERTE
L’atelier, qui a dressé le panorama des risques géopolitiques et des
garanties d’assurance à la disposition des organisations, a permis
de mettre en évidence plusieurs points clés. Tout d’abord le fait que,
dès 2002, la couverture des risques terroristes a été exclue du cadre
des polices classiques par les réassureurs, donnant lieu à la naissance
du GAREAT et d’un marché stand alone. «
Aujourd’hui, le risque terro-
risme représente des capacités de 3,4 milliards de dollars, contre 100
millions à ses débuts. Le risque est porté par les syndicats du Lloyds de
Londres, ainsi que par des compagnies d’assurances
», a ainsi rappelé
Emmanuelle Biehler-Marghieri, Directeur du Département Risques
Politiques & Financiers à l’International chez SIACI Saint Honoré.
Cette augmentation très nette des capacités accompagne l’intensi-
fication du risque de violences politiques dansson ensemble et sa
dispersion : «
Qui pouvait prévoir en2010 que l’on connaîtrait en 6 ans
la chute de deux dictatures, le printemps arabe et une vague d’atten-
tats en Europe ?
», interroge Mathilde Lecointre, Souscripteur Risques
Politiques et Crédits Commerciaux chez Beazley, avant de préciser que
l’impact économique du terrorisme est estimé à 90 milliards de dollars
pour 2015 (multiplié par 3 depuis 2011), quand les pertes humaines se
chiffrent à 30 000 personnes (7 000 en 2011).
COMMENT NOMMER ?
Au cours de l’atelier, la problématique de la définition des événe-
ments, dont découle la mise en œuvre des garanties, a également été
abordée : «
En Ukraine, les journalistes ont parlé de guerre civile. Mais
qui qualifie les événements ? Les médias ? Le gouvernement ? Les assu-
reurs ont besoin d’une qualification officielle pour actionner les garan-
ties
», a rappelé Laurence Muller, Directeur des assurances d’Auchan
Retail International, en précisant que les définitions doivent corres-
pondre aux termes des polices dommages. Autre incertitude à lever :
la possibilité de couvrir les pertes d’exploitation au sens large, sans
dommages matériels. «
Les assureurs ont mis en place depuis 18mois des
solutions spécifiques, à la demande des entreprises. Les capacités sont
actuellement de 100 millions de dollars et leur croissance est exponen-
tielle
», explique Emmanuelle Biehler- Marghieri. «
Il existe ainsi sur le
marché une garantie ”menaces”, couvrant les pertes d’exploitation liées
à la fermeture ou l’évacuation de magasins en cas de menace terroriste
par exemple. Pour les structures de tourisme de type parcs d’attractions
ou hôtels, la police spécifique ”loss of attraction”fonctionne également
très bien
». Enfin, de nouvelles garanties «
contre-insurrection
» ont
également été mises en place, afin de couvrir les éventuels dommages
causés par les autorités militaires en réponse à des activités terroristes
ou de guérillas (comme à l’imprimerie de Dammartin lors de
l’assaut contre les frères Kouachi). «
Les risques évoluent, les
assureurs les suivent et innovent, mais il faut faire mieux
car les Risk Managers font encore état de zones grises
», a
insisté Véronique Lemoues.
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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I
N°12
I MARS 2017
« La seule chose dont nous devons
avoir peur est la peur elle-même. »
Brigitte Bouquot, AMRAE, citant F-D Roosevelt
Agnès Touraine,
Présidente de l'Institut
Français des Administrateurs
« C‘est même un avantage
compétitif pour la France et ses
entreprises d’avoir une gouvernance
de haut niveau, reconnue au niveau
international. »
Agnès Touraine, Institut Français
des Administrateurs