DOSSIER
LE RISK MANAGER AU DÉFI DES NOUVELLES PRISES DE RISQUES
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°12 I
MARS 2017
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en compte la question de la vie privée – la maîtrise des données personnelles, en d'autres
termes - en amont de la chaîne pour éviter des fuites dommageables
», a expliqué Rand
Hindi lors de sa brillante intervention en plénière sur l'intelligence artificielle.
LA MONTÉE EN GAMME DES GARANTIES ASSURANTIELLES
Quoique fasse l'entreprise, arrive le moment où les assureurs doivent
prendre le relais. Nées il y a dix ans aux États-Unis, les assurances cyber
commencent enfin à devenir matures. «
Nous avons fortement progressé
sur le sujet cyber ces dernières années pour apporter une solution à nos
clients
», a reconnu François Brisson, Head Tech Cyber de Swiss Re CS, à
l'atelier sur les risques de la digitalisation. Comme beaucoup d'autres,
cet assureur a évolué sur deux fronts à la fois. Non seulement en déve-
loppant des assurances spécialisées, mais également en acceptant le
déclenchement de ses produits classiques (responsabilité civile ou perte
d'exploitation par une attaque cyber, reconnue comme un sinistre). «
Lors
de l'attaque d'une fonderie allemande, qui a déclenché l'explosion du haut-four-
neau, l'entreprise a été dédommagée de 90 millions d’euros dans le cadre de sa
police incendie
», a-t-il illustré.
Pour autant, l'offre est encore loin des attentes des Risk Managers. En plénière
de clôture, Mike McGavick, Chief executive officer de l'assureur XL Catlin,
a mis les cyberassurances proposées actuellement par le marché dans la
catégorie des baby products. Alors que l'industrie de l'assurance peine
encore à chiffrer et anticiper les répercussions des cyberattaques, il n'a
pas hésité à affirmer que «
si nous n'arrivons pas au stade d'innovation de
rupture, nous allons littéralement ralentir les progrès que fait actuellement
l'humanité
». Et d’appeler ses confrères à retrousser leurs manches !
LA PROTECTION A UN
COÛT MAIS PERMET DE MIEUX
NÉGOCIER SON ASSURANCE
Selon Alain Guède, Directeur des Systèmes d'Informa-
tion de Saretec : «
Il est encore trop rare que les entreprises
et les assureurs aient une approche holistique des Risques
cyber intégrant l’équation coût de la prévention / coût de l’as-
surance. Souscrire à une assurance sans avoir un accompagne-
ment complet sur l’ensemble de ces problématiques ne suffit
pas. Le concept est finalement simple : se protéger a un coût
mais cela permet, à moyen terme, de limiter les sinistres et, à
court terme, demieux négocier son assurance. À ce titre, la
question serait de savoir si la cyber assurance ne relève
pas d’une prestation à encapsuler dans un contrat
tripartite Assureur / Société d’expertise / SSII
spécialisée en cybersécurité
».
Mike McGavick,
CEO de XL Catlin
LA FAILLE LA PLUS EXPLOITÉE EST AVANT TOUT HUMAINE
Les cyberattaques ont beau être de plus en plus technologiques, la première faille est humaine. «
44 % des organisations ont le sentiment
d’être vulnérables à cause de salariés non sensibilisés, selon notre enquête Global information Security Survey de 2015
», soulignait Marc
Ayadi, Senior consultant chez EY. Les fraudes au président, le phishing (ou hameçonnage) ou la plupart des détournements de fonds ont
pour point commun l'ingénierie sociale. La sophistication des attaques, utilisant techniques de manipulations, logiciels d'imitation de
voix et, surtout, des techniques d’enquête sur les sociétés et les personnes ciblées, rend quasiment inévitable la réussite de certaines
attaques. Cependant, la sensibilisation des équipes permet de bloquer les plus vulgaires d'entre elles. «
Établir un climat de confiance, faire
comprendre que sera sanctionnée l'incapacité à gérer une fraude et non pas le fait d'être à l'origine de la faille, permet d'offrir suffisamment
de sérénité pour qu'un collaborateur ciblé puisse en parler…et me permettre de prendre le relais
», témoignait un Risk Manager.