L
orsque l'on interroge le Larousse sur la définition
du «
budget
», le sujet paraît simple : «
ensemble
des recettes et dépenses. Somme dont on dispose
»,
illustré par l'exemple bien classique «
boucler
son budget
». Il en va tout autrement lorsqu'on inter-
roge un directeur des risques sur son propre budget.
Apparaissent alors autant de définitions du budget que
de directeurs des risques. Autant de subtilités qu'il y a
de stratégies de gestion des risques. Et, enfin, autant
de modes de calculs que de philosophies de risque, ou
de modes d'organisation des entreprises…
«
Je dispose d'un budget extrêmement réduit : je ne
gère pas la masse salariale, suivie directement par
les ressources humaines, comme pour l'ensemble du
groupe, ancienne filiale de France Telecom ! Il ne reste
donc à mon budget que la licence de notre outil infor-
matique, les frais de déplacements, quelques prestations
externes sur des sujets que nous ne maîtrisons pas assez
en interne, notamment les audits de cybersécurité, et
les dépenses de formation de l'équipe
», explique ainsi
Loïc Le Roy, Responsable de la gestion des risques, de
l'audit et du contrôle interne du groupe SoLocal.
La plupart des (autres) responsables des risques
commencent par recenser, dans un premier temps,
les salaires et les frais de fonctionnement de leurs
équipes. Des coûts qui varient fortement, déjà, selon
que le Management des Risques de l'entreprise est
plutôt centré «assurances» ou «ERM». «
Dans le second
cas, les équipes sont moins nombreuses, mais avec un
salaire moyen plus élevé
», note François Malan, Vice-
président «Métier» de l'AMRAE. Pour mémoire,
le Baromètre métier du Risk Manager (2015)
montre que, pourmener à bien leursmissions,
les Risk Managers gérant les assurances et
la prévention disposent en moyenne d’une
équipe composée de trois à cinq personnes
(66 %), tandis que ceux en charge de la
gestion globale des risques disposent,
eux, de moins de trois personnes (76 %).
Quant aux rémunérations fixes brutes
annuelles, elles se situent à 108000 euros
en moyenne pour un «top Risk Manager» et
à 84000 euros pour un «non-top manager».
FRAIS DE FONCTIONNEMENT
Les frais de fonctionnement comprennent ensuite des
éléments assez classiques. Selon l'organisation de
l'entreprise, les directeurs des risques connaissent,
ou non, le coût moyen du «
poste de travail
» des
membres de l'équipe. Appelé «
coût environné
» chez
Engie, il s'agit d'une affectation moyenne du coût
des bureaux et «
de tout ce qu'il faut pour travailler
»,
résume son Directeur des Risques, Michel Dennery.
Viennent ensuite les coûts de formation (de l'équipe
Risk Management elle-même), mais aussi dans certains
cas des coûts de formation complémentaires. «
Ce sont
par exemple les coûts de développement des formations
que nous organisons pour des cibles particulières de l'en-
treprise
», ajoute Michel Dennery. Dans le même esprit,
il faut ajouter les frais liés à l'animation du réseau
« risque », notamment dans les plus grandes struc-
tures : séminaires, réunions sous différents formats, au
moins au top niveau.
D'autres réunions, organisées directement par les
business units
ne sont souvent même pas recensées au
niveau de la direction des risques. Enfin, les frais de
déplacement peuvent représenter un poste important
du budget dans certaines entreprises.
Selon le dernier
Baromètre du Risk Manager
(2015, 4
e
édition), lamajorité des Risk Managers sont amenés à se
déplacer à l’étranger plusieurs fois par an dans le cadre
de leur fonction. C'est le cas de 73 % des responsables
Assurance/prévention, ou Assurances/préventions et
ERM, et de 65 % des purs ERM (et respectivement 61 %
et 48 % pour les membres de leurs équipes). Viennent
ensuite les missions de conseil : sociétés spécialisées,
assureurs ou courtiers peuvent venir prêter main-forte
aux équipes en interne pour, par exemple, réaliser ou
actualiser la cartographie des risques, ou visiter un site.
«
Cela dépendra de la maturité et du nombre de personnes
employées par la Direction des risques,
explique François
Malan.
Avec la crise, toutefois, il est devenu difficile de
Loïc Le Roy,
Responsable de la gestion
des risques, de l'audit et du
contrôle interne, SoLocal
«Avec la crise, il est devenu
difficile de faire valider un budget
d'honoraires pour la réalisation
d'une cartographie. À moins que
cela soit vraiment indispensable,
cela sera jugé non productif…»
François Malan, AMRAE
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
16
DOSSIER
LE BUDGET DU RISK MANAGEMENT
François Malan,
Vice-président «Métier »,
AMRAE