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LA COMMISSION RISQUE PAYS

Instabilité politique, risque terrorisme : certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient jusqu’ici

considérés comme sécures, ne le sont plus. Le 26 mai dernier dans une session spéciale, la

Commission « Risque pays » examinait les moyens pour une entreprise de protéger ses activités

et ses salariés dans ces zones à risque.

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:

c’est le nombre de

victimes françaises

du terrorisme isla-

miste depuis le 11

septembre 2001. Un

constat à remettre dans son contexte : «

Il ne faut

pas oublier que la quasi-totalité des victimes des

terroristes islamistes aujourd’hui sont des musul-

mans habitant dans des pays musulmans

», précise

Pierre-Jacques Costedoat, PDG de Scutum Security

First (SSF, société spécialisée dans la prévention et

la gestion des risques à l’international) et co-ani-

mateur de la session. «

Mais leur vraie victoire, c’est

d’avoir instillé un sentiment de menace perma-

nente

» : menace pour les autochtones, mais aussi

pour les travailleurs étrangers expatriés, les voya-

geurs d’affaires.

LES FRANÇAIS PARTICULIÈREMENT VISÉS

Après les attentats de Charlie Hebdo, la France est

devenue le pays qui contribue le plus aux frappes

aériennes contre l’État Islamique (derrière les États-

Unis). En réponse, le porte-parole de Daech appe-

lait le 22 septembre 2014 les djihadistes à «

tuer des

incroyants américains ou européens – en particulier les

méchants et sales Français, où qu’ils soient

» dès que

possible et par tous les moyens. Les Français sont donc

particulièrement menacés : après les Chinois, ils sont

les plus kidnappés au monde. Souvent dans le cadre

de leur travail à l’étranger, plus rarement en vacances.

États déstabilisés, faibles ou faillis, zones propices aux

trafics : comment l¬emploheur peut”il alors remplir ses

obligations de protection des salariés ?

LES ENTREPRISES FACE AUX KIDNAPPINGS

ET ATTENTATS : L’OBLIGATION DU RÉSULTAT

DE SÉCURITÉ

Depuis la jurisprudence Karachi (2004) sur l’obliga-

tion de résultat de sécurité de l’employeur envers

son salarié, tout manquement est considéré comme

une faute inexcusable.

Dans des pays menacés par le terrorisme, les entre-

prises doivent déployer pour leur personnel un

ensemble demesures adaptées contre des risques poly-

morphes, allant du kidnapping à l’attentat. Les intérêts

—financiers et humains˜ des entreprises de pahs expli-

citement visés par le terrorisme islamiste constituent

en effet des cibles de choix. Entre le 1

er

janvier et le

19 mai 2015, 47% des 70 personnes enlevées par l’État

Islamique étaient des employés, cadres, et ouvriers.

Les journalistes par exemple arrivent loin derrière avec

1,43% de cas. En 2013, la prise d’otages d’In Amenas

faisait 37 morts de différentes nationalités sur le site

gazier. Tout cela constitue «

des risques pour les person-

nels, un risque d'image global, et une augmentation

des dépenses de sécurité

», note Bernard Jacquemart,

Directeur de l’information chez SSF et co-animateur de

la session spéciale.

QUELS MOYENS DE PROTECTION ?

Pour l’employeur, la protection des salariés contre le

risque terrorisme consiste à «

identifier les zones à

risque, mettre en place un processus voyage précis, et

aussi des outils de suivi et d’assistance aux salariés

»,

explique Pierre-Jacques Costedoat.

Aujourd’hui, plusieurs plateformes de suivi des voyages

en ligne existent : elles permettent de visualiser l’en-

semble des déplacements du personnel grâce à la

remontée des données de réservation. La géolocali-

sation des smartphones peut également jouer un rôle

important. «

Le suivi des déplacements des collabora-

teurs, leur géolocalisation, sont des outils qui doivent

s'inscrire dans la politique globale de sûreté-sécurité des

entreprises

», poursuit le professionnel de la gestion des

risques à l’international. Attention toutefois : quelques

freins peuvent cependant faire obstacle à ces technolo-

gies, qui sont «

liées aux conditions techniques dans les

zones de voyage : développement des réseaux GSM et liai-

sons Internet

», et peuvent nécessiter demettre en place

des solutions alternatives dans certaines situations.

Pierre-Jacques

Costedoat,

PDG de Scutum Security First

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE I N°6 I OCTOBRE 2015

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COMMISSION