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Mais ironise Denis Kessler en listant le nombre de coches ratés par les

pouvoirs publics, «

je trouve très honnêtement que l’Etat devrait devenir

Risk Manager et s’inspirer de ce que vous faites afin que les risques soient

anticipés et travaillés. La fonction de Risk Manager est pour moi d’une

très grande noblesse. Votre devoir est de protéger le capital humain,

financier, productif, de réputation, et donc la valeur de l’entreprise. Le

21

e

siècle sera le siècle du Risk Management à tous les niveaux ou ne sera

pas

», conclut le PDG de Scor devant une salle conquise.

Pour vivre cette montée en puissance du Risk Manager et assurer cette

mission, insiste Brigitte Bouquot dès l’ouverture des Rencontres,

«

nous (les Risk Managers) devons devenir une filière d’excellence et

nous le pouvons avec l’AMRAE, dont l’ambition est de mettre cette

filière d’excellence au service des entreprises.

L’homme est au cœur des

problèmes, mais il est le cerveau des solutions…

», rappelle également

la Présidente de l’AMRAE. Encore lui faut-il s’affranchir des inhibitions

qui le brident dans son intelligence émotionnelle.

Car pour le Frère Samuel Rouvillois, de la Communauté de Saint-Jean

en Avignon, le risque et sa représentation sont devenus des ques-

tions majeures. Depuis 50 ans, pour des Occidentaux tombés dans

une analyse permanente du risque et de l’échec, cette représenta-

tion relève du pathologique : «

nous nous faisons peur à nous-mêmes.

Nous passons notre temps à évaluer le risque et à peser la possibilité

d’échec de nos actions potentielles. Nous ne prenons plus de risques,

en rien. Or cette posture ne libère ni l’imagination, ni l’innovation, ni

la solidarité

».

Interpellé par le Professeur Philippe Chalmain - le modérateur des

débats du jour - sur l’encyclique

Laudato Si

  du Pape François, Frère

Samuel délivre quelques pistes de réflexion sur les sciences humaines

qui ont du mal à percevoir la réalité de l’Homme. A l’instar des popula-

tions guinéennes, frappées par le virus Ebola. Il pointa que ces popu-

lations, loin de se résigner, se relèvent et font preuve d’une énergie

vitale, illustration que «

 la vie humaine est risquée mais que nous

risquons d’en perdre le sens à cause d’une vision platonicienne. Nous

voudrions plier la réalité des choses à une vision du monde sécurisante

».

En rappelant que le Pape François proposait avec cette encyclique une

alternative à la lecture des sciences humaines dont l’économie, il avertit

les Risk Managers : «

la perversion de la mondialisation est liée à une

perversion épistémiologique. Nos grilles de lecture et nos outils scien-

tifiques sont des cyclopes qui ne perçoivent pas ce qu’est l’homme.

Le risque se chiffre mais ne dit en rien quelle est la posture

humaine ni comment la transformer en lot de créati-

vité essentiel à l’action humaine, à la solidarité ou

à la vie sociale

». Quelle que soit sa hauteur de

vue ajouta-t-il, l’Homme, sur la mondialisation

doit faire montre d’humilité : «

personne

n’est capable de percevoir globalement le

monde dans sa complexité. Chaque géné-

ration apporte sa pierre ou ajoute un

étage, au même édifice. Solidarité et

mutualisation sont nécessaires pour

continuer à mesurer les risques que

nous faisons prendre. Mais atten-

tion !

», termine-t-il devant un public

amusé voire un peu interloqué, «

l’as-

surance est une façon d’éviter le risque et

la décision

».

« Le risque se chiffre

mais ne dit en rien quelle

est la posture humaine ni

comment la transformer

en lot de créativité

essentiel à l’action

humaine, à

la solidarité ou

à la vie sociale. »

Frère Samuel Rouvillois

Frère Samuel Rouvillois

«Nous devons gérer le futur

en regardant le futur. »

Jean-Louis Chaussade, DG de Suez

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°8 I

MARS 2016

18

DOSSIER

RETOUR SUR LES 24

ÈME

RENCONTRES DU RISK MANAGEMENT