DOSSIER
LE RISK MANAGER AU DÉFI DES NOUVELLES PRISES DE RISQUES
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°12 I
MARS 2017
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Pour Brigitte Bouquot, c'est très clair : c'est au Risk Manager qu'il revient
d'être «
le chef d'orchestre sur l'ERM
» (l'Enterprise Risk Management).
En pratique, ce n'est pas gagné partout : le responsable des risques doit
désormais assumer, voire revendiquer, son leadership. Il doit le «gagner»,
estimemême Brigitte Bouquot. «
Dans lemonde de la connectivité des orga-
nisations exponentielles, le Risk Management est global et le Risk Manager
est central. Mais ce Risk Management-là ne se décrète pas, il se gagne, avec
du leadership, mais également dans et grâce à l’écosystème des assureurs,
des courtiers et des experts
». Et avec, bien sûr le soutien des directions
générales. Rendez-vous dans un an : on saura si la bataille du leadership
a été gagnée en comptant ceux qui - comme l'a suggéré Laurence Parisot
(voir page 27) - siègeront au Comité exécutif de leur entreprise…
LE RISK MANAGER À L'HEURE DE LA
TRANSFORMATION DIGITALE
Pour Marc Ayadi, Associé chez EY : «
Le Risk
Manager ne doit pas se contenter de faire de la
conformité ou simplement répondre aux besoins
de la cartographie des risques : il doit aller beau-
coup plus loin, notamment dans le domaine
digital. Il doit avoir de la curiosité et faire preuve
d'ouverture. Il doit aussi faire preuve d'une
capacité à rassembler : il doit encourager, au
travers de ses actions, la collaboration au sein
de l'entreprise. C'est au Risk Manager de sensi-
biliser, de recueillir et finalement de fédérer tous
les acteurs de l'entreprise dans une logique
d'identification et de traitement des risques. Il a
réussi dans sa mission quand tous les acteurs de
l'entreprise sont autour de lui, depuis le RSSI,
jusqu'au responsable de la gestion de crise, en
passant par le contrôle interne et bien sûr les
responsables opérationnels : c'est ainsi qu'il
pourra recueillir tous les éléments essentiels
pour apprécier réellement le risque dans l'entre-
prise. Enfin, il doit être courageux, pour orienter
le management vers les vrais risques.
»
Christine Ribes,
Directeur du contrôle
interne, de l'audit et des
risques chez GRDF
LA TRIPLE CASQUETTE DU DIRECTEUR DES RISQUES DE HERMÈS
Chez Hermès, le risque est tout d'abord une culture. «
Le groupe est culturellement extrêmement
prudent : cela fait partie de notre ADN, depuis presque 200 ans. Nous y sommes attentifs y compris dans
les profils recrutés et l'ensemble de l'entreprise est, fondamentalement sensible au sujet du risque, ce
qui facilite grandement mon travail»,
explique Céline Vanhamme, Directrice de l'audit et des risques
du groupeHermès. La fonction a été optimisée.
«Je suis en charge de la Direction de l'audit, mais aussi
du Management des Risques, et du Contrôle interne...
», indique Céline Vanhamme.
La clef du succès ? «
L'idée que nous sommes là pour aider les gens au quotidien dans leur métier : je
coordonne un réseau de contrôleurs internes qui éduque, accompagne et montre, au quotidien. L'équipe
grandit, sans grossir, grâce à une maturité de contrôle et de gestion des risques qui convient à une entre-
prise qui, comme la nôtre garde un esprit d'entrepreneur. Les liens avec le conseil d'administration se
font de façon souple. Nous avons, de longue datemis en place un comité d'audit passionné par les sujets
de cartographie des risques : les enjeux sont dans l'anticipation, l'analyse et la prévention des risques
».
Céline Vanhamme,
Directeur de l'audit et des
risques du groupe Hermès
CONNECTÉ, UNE ÉCOUTE À 360° :
LE RISK MANAGER 4.0
En pratique ? Le Risk Manager doit être en permanence
à l'écoute, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'entre-
prise, pour tenter de discerner ce qui arrive à l'horizon.
«
Il nous faut travailler en constituant des collectifs de
profils et de métiers différents, pour développer une
vision à 360° : c'est la mise en commun des contraintes
et des enjeux de chacun qui permet de se challenger.
Notre mission est d'essayer de nous projeter, à travers
des cartographies à 3 ou 5 ans, mais aussi à 10 ans.
Nous devons être un catalyseur, avec des liens évidents
avec la stratégie
», estime Christine Ribes, Directeur du
contrôle interne, de l'audit et des risques chez GRDF
et modératrice de l'atelier « Comment transformer les
risques en opportunités ».
S'il veut être à la hauteur en matière de numérique
et de cyber-risques, le Risk Manager doit développer
de nouvelles relations avec les acteurs du sujet dans
l'entreprise, en particulier les Data scientists, le
Responsable de la sécurité des systèmes d'informa-
tion ou encore le Chief data officer, et être ouvert sur
l'extérieur. «
Il nous faut éviter d'être « autiste », alors
que sont à l’œuvre des forces qui poussent à une nouvelle
fragmentation du monde
», soulignait en complément
Brigitte Bouquot.
... OÙ LE RISK MANAGER EST CENTRAL