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DOSSIER

LE RISK MANAGER AU DÉFI DES NOUVELLES PRISES DE RISQUES

L'ILLUSION

DU RISQUE ZÉRO

«

Il y a aujourd'hui une illusion du ”risque

zéro”, mais penser que l'on peut se protéger

du risque est illusoire et dangereux. On ne peut

se développer sans risque et il n'y a pas de stratégie

possible sans risque… C'est pourquoi l'analyse des

risques doit être mise en rapport avec la stratégie de

l'entreprise. Si ce n'est pas le cas, la fonction devient

de la bureaucratie, de la simple ”compliance” et le

système tourne ”à vide”. Cela se fait non seule-

ment au détriment de la compétitivité de

l'entreprise, mais c'est porteur d'un vrai

risque

», aanalyséAgnès Touraine.

Jean-Marie Messier,

Président de Messier Maris et Associés

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°12 I

MARS 2017

40

Pourtant, le quotidien des responsables de la gestion des risques est

bien loin de ce résumé. «

Nous devons modéliser les risques, apporter

benchmark et contre-expertise, trouver les bons modes de transfert,

organiser la coopération des différents métiers au cœur de la corporate

gouvernance. Enfin, nous devons rester les garants du discours de vérité

et de lucidité devant les dirigeants

», rappelait, en ouverture des

Rencontres, Brigitte Bouquot.

À l'image des entreprises, le métier vit actuel-

lement une profonde transformation, mue

notamment par l'énorme vague de la trans-

formation digitale. Une vague qui emporte

tous les secteurs, rapidement et radica-

lement. Comme le résumait Laurence

Parisot, «

de nouveaux ”business models”

apparaissent partout : la ”disruption” est

devenue la norme et le champ des aven-

tures entrepreneuriales n'a jamais été, de

toute l'Histoire, aussi gigantesque. Toute

la chaîne économique est aujourd'hui

heurtée, transformée par des modifications

technologiques exceptionnelles

». Intelligence

artificielle, objets connectés, chatbot, Bitcoin,

blockchain… Autant de termes inconnus il y a peu, autant de concepts

qui sont en train de révolutionner notre quotidien, de forger notre

futur et autant de nouveautés qui apportent leur lot d'inconnu et… de

risques.

Face à eux, le Risk Manager doit tout d'abord adopter une attitude

de questionnement, illustrée très joliment par l'ancien

dirigeant de Vivendi, Jean-Marie Messier, dans sa

prise de parole en plénière d'ouverture.

«Le Risk

Manager doit être le ”Petit Prince” de la digitali-

sation : il ne doit pas hésiter à poser les ques-

tions liées aux ruptures, pour comprendre,

expliquer et apprivoiser les risques de ce

monde digital qui est devant nous. Le

monde qui nous attend sera prodigieux,

à la condition toutefois que l'on arrive à

appréhender, gérer et maîtriser des risques

qui seront plus rapides et plus nombreux.

Cela implique que le Risk Manager devienne

un ”business partner” interne à l'entre-

prise mais, pour cela, il lui faut aujourd'hui

embrasser l'innovation et mettre la technologie

au cœur du métier de l’entreprise…»

«Nous devons modéliser les risques, apporter benchmark et

contre-expertise, trouver les bons modes de transfert, organiser

la coopération des différents métiers au cœur de la corporate

gouvernance. Enfin, nous devons rester les garants du discours

de vérité et de lucidité devant les dirigeants. »

Brigitte Bouquot, AMRAE

«Le Risk Manager doit être

le ”Petit Prince” de la digitalisation :

il ne doit pas hésiter à poser

les questions liées aux ruptures, pour

comprendre, expliquer et apprivoiser

les risques de ce monde digital

qui est devant nous. Le monde

qui nous attend sera prodigieux,

à la condition toutefois que

l'on arrive à appréhender.»

Jean-Marie Messier, Messier Maris et Associés