PORTRAIT
pas simplement digital, il est mobile. Les clients sont mobiles, nous devons
l’être aussi. Cela permettra aux collaborateurs d’être en contact avec le client
pour lui apporter un conseil ou des services sans nécessairement passer par
le magasin»,
explique le Risk Manager, et d’ajouter que
« plus qu’un simple
smartphone, il s’agira d’un véritable outil de communication car ils devront
aussi développer et animer leurs communautés
».
La volatilité du grand public pour un groupe multi-enseignes comme Adeo
fait également partie intégrante du business. Si certains épisodes clima-
tiques ont un impact positif (hausse des ventes de climatiseurs en cas de
canicule), d’autres peuvent entraîner un ralentissement brutal des ventes
(magasins déserts en cas de tempête de neige).
La direction de Loïc Leymarie scrute également avec beaucoup d’attention les
mouvements ondulatoires du cadre réglementaire. «
L’introduction forcée des
clauses sanctions par les assureurs et les banques est un vrai calvaire, tout comme
la loi Sapin II. On assiste à un renversement de la logique intellectuelle et de la
façon dont les pouvoirs politiques estiment qu’il faut traiter un certain nombre de
choses, de plus en plus calquée sur le modèle anglo-saxon…
» Le Risk Manager
explique ainsi que la création de cette direction en janvier 2006 était motivée,
en partie, par cette nécessité, même pour un Groupe non coté, d’être en antici-
pation par rapport aux évolutions de son environnement réglementaire.
Responsable
Prévention, Gestion
de Crise et PCA
Cédrick Hermann
Direction Risques,
Compliance et Assurances
Responsable
Assurances Groupe
Élise Boudet
Data Protection
Officer
Stéphane Omnes
Directeur Risques, Compliance et Assurances
Loïc Leymarie
3 QUESTIONS À
Frank Lely,
CFO du Groupe Adeo
Qu’est-ce qui amotivé votre volonté de
créer la fonction Risk Management ?
Parallèlement à mon entrée dans le
Groupe, j’ai enseigné lafinance à l’univer-
sité de Lille avec une vision très claire des
approches systémiques. Un préalable : il
n’y a pas de business sans risques. Si nous avions conscience
de certaines menaces depuis une quinzaine d’années, nous ne
disposions pas d’une réelle stratégie pour les traiter. En 2006,
nous souhaitions professionnaliser leur gestion pour faciliter
les prises de décision, savoir par exemple si un risque pouvait
être subi et/ou si nous pouvions le transformer en opportunité.
Groupe international, nous devons nous conformer également
à un certain nombre de réglementations et de contraintes que
nous souhaitions transformer en opportunité.
« Il n’y a pas de business
sans risques. »
Qu’attendez-vous de cette fonction aujourd’hui ?
Au-delà de la dimension d’identification des risques - qui doit
selon moi appartenir aux métiers – j’attends du Risk Manager
qu’il définisse et coordonne la norme Adeo pour l’ensemble
des entités du Groupe. Il doit pour cela être capable de susci-
ter l’adhésion des différentes parties prenantes en alignant
les exigences des uns et des autres et fédérer sur des objec-
tifs communément acceptés. Il est également en charge de
la diffusion de la culture du risque en interne pour expliquer
aux métiers que la mise en œuvre de process spécifiques
constitue une opportunité pour améliorer leurs pratiques et,
in fine
, leur performance.
Notre préoccupation est de trouver et créer de la valeur. En
réduisant par exemple le risque produit, nous augmentons
clairement la valeur perçue.
Aujourd’hui, cette fonction est bien en place. Dans dix ans ? Je
pense qu’elle sera double : à la fois au plus près des opération-
nels et de la sphère corporate pour un certain nombre de risques
croissants. Nous tendons donc vers une gestion plus partagée.
La digitalisation des usages bouscule-t-elle votre business
model ?
Dans nos métiers, le pouvoir est passé aux consommateurs,
ce qui change la donne en profondeur. Le client veut être
guidé par les étoiles présentes sur un produit et non plus
par des fiches techniques. Parce que notre monde est au-
jourd’hui digital et de plus en plus mobile, les interactions
entre le Risk Management et la direction du digital sont très
fortes. Dans le top 15 des sites marchands les plus visités
du web, notre enseigne Leroy Merlin France est arrivée 6
e
au
deuxième trimestre
1
. 70 % de nos clients commencent leurs
achats sur internet.
1
Résultats de l’Observatoire des Usages Internet de Mediamétrie
d’avril-juin 2016.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°11 I
DÉCEMBRE 2016
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