péennes ont dû faire face à un important
chômage technique sur plus d’un mois
». Il
met ainsi à profit les plans de flexibilitémis
en place dans les usines grâce à son exper-
tise fine de la supply chain.
Avoir navigué dans ce gros temps fut utile
pour appréhender le Risk Management
et les instabilités chroniques des temps
actuels. Après 20 ans passés à piloter,
de près ou de loin, les différentes sup-
ply chains, fort d’une connaissance fine
du Groupe, de ses différents marchés et
de ses problématiques d’approvision-
nement, planification et production, il
se voit assez naturellement proposer le
poste de Risk Manager.
DE LA SÉCURISATION DES BIENS ET
DES PERSONNES À UNE CULTURE
GLOBALE DU RISK MANAGEMENT
Deux incendies majeurs à Clermont-
Ferrand et en Italie ont eu lieu dans les
années 1999-2000. «
Ces événements
ont renforcé l’impérieuse nécessité de
coordonner les actions de gestion des
risques pour gagner en efficacité
». À
cette époque, l’essentiel des missions
du premier Risk Manager portait sur la
sécurisation des biens et des personnes.
«
Nous étions au début de la démarche,
aux premiers fondements de la gestion
des risques
».
Puis la donne change en 2009. «
J’ai
commencé à réaliser des diagnostics, di-
rection par direction, et rencontré tous les
membres du ComEx afin de connaître leurs
attentes vis-à-vis du Risk Management
».
Parmi les recommandations effectuées
auprès de Michel Rollier, le prédécesseur
de Jean-Dominique Sénard, actuel pi-
lote du leader des pneumatiques, figure
la refonte de la cartographie (échelles
et
bottom up
), la tenue d’un Comité
des Risques, productif et représentatif
de toutes les fonctions de l’entreprise
et qui soit en mesure de soumettre des
décisions concrètes au ComEx. Alain
Aubignat propose également la mise
en place de Risk Managers dans chaque
entité du Groupe, une fonction assurée
aujourd’hui par un membre de l’Équipe
de Direction de chaque entité, soit le
Responsable sécurité, financier, supply
chain ou encore qualité.
Aujourd’hui, le ComEx agit en tant que
Comité des Risques et, à ce titre, se réunit
10 fois par an.
3 QUESTIONS À
Florence Vincent,
Directrice de la
Qualité, de l’Audit
et de la Maîtrise
des risques, Membre
du Comité Exécutif
du groupe Michelin
Comment est née la fonction Risk Management
chez Michelin ?
J’ai créé la fonction en 2005 après un passage instructif
par les États-Unis où j’ai pris conscience de la montée
en puissance du Risk Management dans les entreprises.
Au départ sous la responsabilité du Directeur qualité,
cette fonction a été rattachée en 2006 à l’audit interne
dont je redessinais les contours. Nous souhaitions alors
mettre en place des fonctions de contrôle. Nous avions
bien conscience à cette époque que la gestion des
risques allait prendre de l’importance dans les disposi-
tifs de gouvernance d’entreprises et que l’audit interne
pouvait donner un éclairage au groupe Michelin sur
l’état de ses risques.
« La gestion des risques
est robuste et nous en avons
fait un véritable outil de
pilotage de l’entreprise. »
Quelle articulation faites-vous avec la gestion des
assurances ?
De 1992 à 1996, les assurances ont été sous la respon-
sabilité de l’audit interne et les assureurs se basaient
généralement sur leurs travaux pour définir leurs
primes. La gestion des assurances est aujourd’hui
rattachée à la finance. Nous leur transférons entre
10 et 15% de la totalité de nos risques. Le groupe
Assurances utilise notre cartographie des risques et
l’audit interne s’assure, tous les 3 ans, que les choix
assurantiels effectués sont pertinents.
Comment qualifieriez-vous votre maturité en
termes de gestion des risques ?
Elle est robuste et nous en avons fait aujourd’hui un
véritable outil de pilotage de l’entreprise. Notre co-
mité exécutif y consacre une heure tous les mois et
l’étude de chaque risque nécessite entre 150 et 200
jours/homme. Notre maturité se matérialise égale-
ment par le fait que la cartographie n’est aujourd’hui
qu’une petite étape dans notre processus de gestion
de risques, notre travail consistant surtout à bâtir des
politiques de risques très concrètes. Nous avons placé
la gestion des risques dans le processus de pilotage
des investissements du groupe Michelin.
«On est passé
d’une planification
moyen-long terme
à court terme.
Cela nous a permis
de passer au travers
de la crise économique
déclenchée suite à
la faillite de Lehman
Brothers et d’en limiter
ses impacts négatifs.»
21,19 milliards d’euros
de chiffre d'affaires
en 2015 (+ 3,2% par rapport à 2014)
Présent dans plus de
170 pays
112 300 collaborateurs
68 sites de production
implantés dans
17 pays différents
3 centres de technologie
en charge de la recherche, du développement
et de l’industrialisation : Europe, Amérique
du Nord et Asie
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
7
PORTRAIT