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LA CAPTIVE OMNIUM

REINSURANCE COMPANY SA

Total a été le premier groupe français à

mettre en place une captive en 1973. C’est

l’outil opérationnel de la DARAG pour le

placement des risques du Groupe. Cette

captive intervient sur l’ensemble des

programmes de transfert de risques. «

Si

c’est relativement facile dans les pays de

l’OCDE - car il suffit de nommer un assureur

de fronting qui est souvent notre captive

directe (Pan Insurance) -, dans les pays

non OCDE, cela se fait par des accords,

soit avec les compagnies nationales

locales soit avec les filiales de compagnies

pétrolières qui ont elles-mêmes créé leurs

captives

», explique Gérard Naisse, précé-

dent Directeur de la DARAG et qui dirige

aujourd’hui la captive.

«

Nous dimensionnons la rétention de la

captive en fonction de différents para-

mètres : marché soft ou pas, capacités,…

et ensuite nous transférons, grâce à la

captive, un accès direct au marché de la

réassurance

», poursuit Gérard Naisse

ajoutant que «

ce que nous voulons,

in fine, c’est que les risques du Groupe

soient couverts selon nos standards,

lesquels sont approuvés chaque année par

le Conseil d’Administration

».

La captive se réassure auprès de lamutuelle

de l’industrie pétrolière, Oil Insurance

limited, dont Gérard Naisse est l’actuel

Président du Conseil d’administration, et

auprès du marché commercial.

Les avantages de cette captive ?

«

Elle nous permet de bénéficier pleine-

ment de l’effet d’échelle et d’avoir une

transparence au niveau des coûts car

100% des risques passent par cet outil

».

Gérard Naisse ajoute qu’elle permet

de donner des garanties à la Direction

Générale que toutes les filiales et acti-

vités sont couvertes selon les

standards du Groupe, «

elle

permet une optimisation au

niveau des flux financiers et

des coûts de réassurance

».

Les visites des installations onshore sont confiées

à Marsh Londres,

«mais nos ingénieurs accom-

pagnent toujours les prestataires sur sites

», tient-

elle à ajouter. Les rapports sont ensuite débriefés,

approuvés et validés par les sites et les filiales.

DES DÉCISIONS D’ASSURANCE DICTÉES

PAR DES ENJEUX DE VALEURS

Dans le domaine IARD, c’est le dommage aux

installations qui constitue pour Total le principal

risque : installations terrestres du raffinage et de

la pétrochimie (

onshore

), procédant de scéna-

rios d’explosion d’un nuage de gaz (Vapor Cloud

Explosion) ; ou installations des activités d’ex-

ploration-production qui, elles, se situent majo-

ritairement en mer

(offshore

). Dans ce domaine,

le risque de dommages aux tiers (responsabilité

civile) et les risques environnementaux sont

également considérés majeurs.

Les périls sont relativement classiques pour un

groupe industriel mais leur spécificité majeure

dans le cas du groupe Total réside dans leur

magnitude élevée en raison de la valeur des

installations (se comptant souvent en plusieurs

milliards de dollars), de la dangerosité de

certains produits et des risques de pollution.

L’exemple récent du sinistre catastrophique de BP

dans le Golfe du Mexique (Macondo) est là pour

rappeler la nature et l’importance des risques de

l’industrie pétrolière.

En matière de pertes d’exploitation, le Groupe

assure certaines de ses installations (principale-

ment les raffineries et les usines pétrochimiques).

Au regard de ses actifs, cette couverture PE

reste néanmoins limitée car elle ne comprend

pas les actifs d’exploration-production. La

raison ? «

C’est un problème d’enjeu»,

explique

Véronique Lemoues. Si, à une certaine époque,

le Groupe a couvert le risque PE de manière plus

large,

« il ne le couvre plus depuis 2005 car le

rapport qualité/prix n’était pas intéressant.

»

Elle ajoute d’ailleurs que « 

les groupes pétroliers

ne couvrent plus, aujourd’hui, la perte de produc-

tion sur leurs actifs exploration-production.

»

Autre risque important pour un groupe comme

Total qui compte pas moins de 100000 collabo-

rateurs dans le monde : le risque lié à la mobi-

lité internationale et à la sécurité des expatriés.

S’il est «drivé» par les RH, Véronique Lemoues

explique que «

la DARAG intervient pour le place-

ment de tout ce qui relève de l’assurance. Il existe

d’ailleurs des couvertures dédiées pour les expa-

triés, qui sont gérées directement dans l’équipe

“Assurances de personnes”

». Ce risque est donc,

in fine, dans les mains de trois directions : les

RH, la DARAG et la Sûreté.

Le risque de réputation peut se retrouver égale-

ment indirectement dans le scope de la DARAG

qui le gère conjointement avec la direction de la

communication.

RETARDS ET DYSFONCTIONNEMENTS

DE PRODUCTION : DES RISQUES EN

RÉTENTION

Le Groupe a connu un certain nombre de succès

en 2015 : renouvellement de sa concession à

Abu Dhabi, entrée en production de gisements

importants comme en Russie ou en Australie.

Quelques projets ont connu des retards, dont

les conséquences financières éventuelles ne

sont pas assurées : projet de gaz naturel liquéfié

Ichthys en Australie et Martin Linge en Norvège.

Autre difficulté : le projet de Kashagan dans

la mer Caspienne (Kazakhstan). Une partie du

réseau pipe lines doit être changée pour que le

Groupe puisse espérer, à terme, une « super »

production de 300000 barils par jour. «

Pour

les travaux de reprise des dysfonctionnements,

une notification aux assureurs potentiellement

concernés a été faite par les partenaires

»,

précise Véronique Lemoues.

UNE GOUVERNANCE

DES RISQUES FRÉQUEMMENT

REVISITÉE

La gestion financière des risques

Prévoyance et Retraite est du ressort

de la DARAG avec la charge du suivi

actuariel et financier de l’ensemble

des régimes externalisés de retraite.

Une organisation qui s’explique facile-

ment car cette direction «

rapporte à la

direction financière. Nous comptons d’ail-

leurs des financiers dans l’équipe

». Une

équipe, in fine, très plurielle de juristes,

financiers et ingénieurs.

Gérard Naisse,

President & CEO de Omnium

Reinsurance Company SA

«Nous suivons le risque

de réputation à travers

la manière dont nous

conduisons la gestion

de l’indemnisation des

tiers en cas de sinistre

médiatisé.»

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°7 I

DÉCEMBRE 2015

7

PORTRAIT