Comment définir la cybercriminalité ?
Il s’agit de l’ensemble des infractions pénales commises à l’encontre
ou au moyen d’un système d’information et de communication. Ce
concept recoupe à la fois les atteintes aux biens (piratage d’ordina-
teurs ou de sites internet, vols de données, etc.) et aux personnes. Ces
atteintes se complexifient du fait des innovations technologiques et de
la dématérialisation (big data, cloud computing).
Les cibles principales sont les entreprises, victimes de cyber-attaques
(failles de sécurité, fuite de l’information, vol et divulgation de don-
nées sensibles, atteintes à leur e-reputation, etc.) et responsables
des données personnelles traitées en leur sein (fraudes externes ou
internes aux systèmes d’information).
Les entreprises mettent en œuvre des politiques de cybersécurité afin
de lutter contre le « risque externe » d’éventuelles intrusions fraudu-
leuses, et de limiter le « risque interne » de non-conformité à la régle-
mentation relative aux données personnelles (mise en place de chartes
de protection, codes éthiques, etc.) dont la sécurité est à leur charge
(article 226-17 du Code pénal).
On constate une prise de conscience des entreprises avec aujourd’hui
60 milliards de dollars dépensés chaque année dans le domaine de la
cybercriminalité et une hausse des dépenses évaluée à 10% par an du-
rant les 3 à 5 prochaines années (Etude PwC
1
).
Quel est le cadre juridique de la lutte contre la cybercriminalité ?
Cette lutte nécessite une politique de « cybersécurité », de contrôle et
de prévention des risques afin de sensibiliser les acteurs sur la protec-
tion des données personnelles.
Son cadre juridique se situe au niveau national (loi Informatique et
Libertés de 1978, loi Godfrain de 1988 relative aux fraudes informa-
tiques, loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie
numérique…) et européen (directive 95/46/CE sur les données person-
nelles, Convention de Budapest de 2001 sur la Cybercriminalité…). On
peut également citer la Charte des Droits Fondamentaux de l’UE et son
article 8, relatif à la protection des données personnelles.
Plusieurs organismes ont été créés, comme l’office central de lutte
contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la
communication, la brigade d’enquête sur les fraudes aux technologies
de l’information, etc.
La protection des données personnelles constitue le prolongement du
droit au respect de la vie privée consacré par l’article 12 de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme et l’article 9 du Code civil.
L’impératif de sécurité doit s’accorder aux droits fondamentaux en vue
d’un équilibre entre la protection des intérêts de l’entreprise et la pro-
tection de la vie privée des salariés et leurs données personnelles.
Comment les entreprises gèrent-elles les risques nouveaux liés à la
cybercriminalité ?
Les entreprises mettent en œuvre une gestion de risques via une
cartographie et une hiérarchisation des risques. L’avènement de la
dématérialisation et le développement des objets connectés rendent
nécessaire la création d’un espace de confiance.
Parmi les mesures pouvant être mises en œuvre, on peut citer la sécuri-
sation du système d’information via un cryptage des données, la mise
en œuvre de chartes de sécurité, d’exercices de sécurité, ou encore la
sensibilisation des salariés des entreprises, premiers concernés par le
risque d’erreur humaine, lié notamment à l’apparition dans certaines
entreprises de la politique du « bring your own device ».
L’élimination totale des risques informatiques semble difficile pour une
entreprise, ce qui pose la question de l’externalisation de ces risques
et, bien sûr, de la souscription de couvertures d’assurance dédiées.
Le marché de l’assurance en matière de cyber-risques est encore limi-
té du fait de l’évolution constante des risques, de l’absence de recul
suffisant et de la difficulté d’évaluer leurs conséquences financières.
Néanmoins, des offres innovantes sont maintenant disponibles sur le
marché français, et méritent d’être étudiées par toute entreprise en
fonction de sa propre exposition.
LA CYBERCRIMINALITÉ
CADRE JURIDIQUE ET MOYENS
DE DÉFENSE DE L’ENTREPRISE
www.simmons-simmons.comPar Sarah Bailey et Alexandre Regniault, Avocats, Simmons & Simmons LLP.
1
étude en date du 30 janvier 2013, intitulée «
Tendances et enjeux
de la sécurité de l’information
».
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
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