ATOUT RISK MANAGER N°35

ATOUT RISK MANAGER N°35 I HIVER 2022-2023 34 Dossier - La prévention pour se protéger, bien plus que l’assurance l’activité (PCA) sur papier n’est plus satisfaisant. Il faut un outil qui permette de visualiser des données et qui assure une réactivité aux événements, car les conséquences ne sont pas forcément celles imaginées au départ. Avant le Covid, la survenance d’une pandémie mondiale était envisagée, mais les risques liés à un confinement pas du tout prévu. Dans le cas de la guerre en Ukraine, ce sont les sanctions engagées contre la Russie qui ont le plus de conséquences », cite en exemple William Riche, consultant risques stratégiques chez WTW. Éclairer la décision, préparer les alternatives « Le rôle du risk manager dans cet environnement mouvant est de donner un maximum d’éléments de décisions aux autres fonctions de l’entreprise, en insistant sur la nécessité de rev i s i t e r ses po l i t i ques de sou rçage , d’approvisionnement et de gestion des stocks. En insistant aussi sur l’intérêt de rapprocher les z on e s de p r odu c t i on de s z on e s de consommation », explique Laurent Giordani. Le risque lié au transport avait été identifié par certaines industries avant la survenance du covid : cela fait plusieurs années déjà que le textile a rapatrié la production de certains produits et travaille désormais avec des soustraitants installés en Espagne, au Portugal ou en Turquie. La solution peut aussi consister à ne pas être tributaire d’une seule route. « Une fois examiné un flux d’approvisionnement il faut toujours imaginer comment on pourra changer le schéma logistique, pour éviter un port qui serait à l’arrêt en passant par une autre route, ou par une plateforme aéroportuaire. On peut généralement activer un plan B, à condition de s’en être préoccupé avant. Le partenariat stratégique conclu entre CMA-CGM et Air France illustre la réponse des transporteurs face à ce besoin : il va permettre à la première de se développer dans le fret aérien, et de proposer une palette élargie de solutions à ses clients », détaille Gérard Payen, directeur de la practice automobile de CDI global senior management advisor et président d’Iriskium. « Il ne faut pas négl iger d’ aut res r i sques et impac t s , réputationnel notamment, liés à la chaîne d’approvisionnement. Il peut être parfois plus facile de fermer un peu les yeux sur des sujets de conformité : dans un contexte de pénurie, on est satisfait de trouver un fournisseur et on a la faiblesse d’être un peu moins regardant. Le manque de vigilance quant aux conditions de production constitue aussi une réelle menace, notamment avec les minerais, « minerais de conflit » ou non, comme le cobalt artisanal en République démocratique du Congo, ou le mica en Inde, parfois extraits dans des mines où travaillent des enfants, alerte Gérard Payen. L’interdépendance des risques est un fait : les risques RH rejaillissent sur le bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement car la pénurie de main-d’œuvre est très marquée dans le secteur du transport et de la logistique. Il y a un gros travail à réaliser du fait des évolutions réglementaires, car il faut parfois trouver de nouveaux fournisseurs pour satisfaire à de nouvel les obl igations », expl ique Jul ien Hornacek. Pour prévenir ses risques de supply chain, il faut désormais multiplier les expertises, y compris en géographie et en géopolitique, mais aussi en ressources humaines ! « Le PCA sur papier n’est plus satisfaisant. Il faut un outil qui permette de visualiser des données et qui assure une réactivité aux événements, car les conséquences ne sont pas forcément celles imaginées au départ. » William Riche, WTW.

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