ATOUT RISK MANAGER 40 / MÉTIER RISK MANAGER se limitent plus à une gestion réactive mais contribuent aujourd’hui activement à la prise de décision au niveau des comités exécutifs. Risk manager : une profession au cœur d’un tournant historique L'édition 2024 de l'enquête "Global Risk Managers Survey", dévoilé à Madrid, illustre l’ampleur des défis. Parmi les 1 000 répondants, 53 % considèrent que certains risques deviendront "non assurables" dans un avenir proche, une hausse significative par rapport à 2022 (41 %). Cette évolution est attribuée à trois menaces principales. Tout d’abord les bouleversements climatiques (73 %), avec des phénomènes extrêmes toujours plus fréquents. Les cyberattaques, ensuite (55 %), amplifiées par les progrès de l’intelligence artificielle. Enfin, les ruptures de chaînes logistiques (34 %), exacerbées par l’instabilité géopolitique. En réponse, de nombreuses entreprises font part d’une contraction des couvertures d’assurance. Près de 42 % des organisations interrogées ont vu leurs garanties climatiques réduites, et 37 % ont perdu des protections liées aux interruptions d’activité. Philippe Cotelle, administrateur de Ferma et de l’Amrae et coprésident de la commission cyber de l’Association, a souligné qu’aujourd’hui, « l’enjeu est de dépasser la gestion traditionnelle des risques pour adopter des outils prédictifs et des modèles collaboratifs. » Le marché assurantiel en pleine mutation Face à la diminution des garanties offertes par les assureurs traditionnels, les captives d’assurance émergent comme un outil complémentaire robuste. Ces structures, détenues directement par les entreprises, permettent de gérer les risques non assurables tout en offrant une flexibilité accrue. « En 2024, 18 nouvelles captives ont été créées en France, reflétant une tendance croissante en Europe », confirme Laurent Nihoul, General Manager Group Head of Insurance d’Arcelor Mittal et administrateur de Ferma. Les réformes récentes, notamment cel les l iées à Solvabilité II (règles fixant le régime de solvabilité applicable aux entreprises d'assurances), ont également simplifié la gestion des captives en introduisant des mesures de proportionnalité pour les petites entreprises. Cette évolution réduit les charges administratives et encourage l’adoption de captives de réassurance dans divers secteurs, notamment l’industrie manufacturière et les services. Et l’innovation est au cœur des réponses du secteur. Les assurances paramétriques, par exemple, fondées sur des indices mesurables tels que l’intensité des catastrophes naturelles, permettent des indemnisations ERM ET STRATÉGIE « Le rôle du risk manager a toujours été de permettre à la gouvernance d’avoir une vision globale des enjeux et risques de l'entreprise, afin d’éclairer la prise de décisions pour renforcer la résilience. Dans le contexte actuel, où les modèles d'affaires et stratégiques sont remis en question, doivent être ajustés, voire transformés, cette vision est clé. Sa pertinence repose sur une connexion étroite avec la stratégie. » Laure Laheurte, Risk & Regulatory chez PwC, membre de l’Amrae. ESG ET ERM L'intégration des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) a été un point fort des discussions du forum de Madrid. « L’ESG est désormais une priorité stratégique pour les risk managers. En intégrant ces critères, les entreprises augmentent leur résilience tout en répondant aux attentes des parties prenantes. Les panels ont exploré comment les réglementations européennes renforcent cette transition. » Valentina Paduano, Chief Risk & Compliance Officer de Dedalus Group, vice-présidente de Ferma.
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