ATOUT RISK MANAGER 30 / À L’AFFICHE Revue de presse Le Forum France Captive a occupé le devant de la scène médiatique parisienne et anglaise. Baromètre métier et « État du marché » 2024 ont trouvé leur public. Risques climatiques et des collectivités locales complètent cette revue de presse. Espace public Mutualiser déchets et propreté FIN DU CUIVRE2030, l’échéance impossible?I CONSTRUCTION DURABLEL’outre-mer bloqué par des normes inadaptées I SERVICE D’EAUPerpignan se réorganise © julien leiv - stock.adobe.com Décembre 2024 - 21 € www.clubtechnicites.fr 378 Le magazine des cadres techniques de la fonction publique TEC378_COUV.indd 1 09/12/2024 11:05 argusdelassurance.com > Hebdomadaire n° 7885 > 29 novembre 2024 > 14 € ISSN 1626-4428 — SALAIRES Des négociations post-inflation — GRANDS RISQUES Les captives à la française — PRÉVOYANCE L’assurance obsèques s’améliore La profession s’engage à renforcer la lisibilité et à clarifier le contenu des contrats. L’ARGUS DE L’ASSURANCE 16 N° 7885 DU 29 NOVEMBRE 2024 B R I G I T T E B O U Q U O T P R É S I D E N T E D E L A F É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D E S C A P T I V E S D ’ E N T R E P R I S E UN BESOIN ENTENDU PAR LES POUVOIRS PUBLICS Brigitte BouquotLe fait que les pouvoirs publics aient décidé de mettre en place un dispositif favorisant la domiciliation des captives en France est très puissant. L’année 2023 a été charnière, avec la sortie en juin du décret permettant de constituer des provisions pour résilience fiscalement déductibles et la création de la fédération. UN OUTIL DE GESTION DES RISQUES Dans le cadre de leur stratégie de gestion des risques, les entreprises ou groupes d’entreprises industrielles, commerciales ou de services disposent de différents outils, parmi lesquels le recours à l’assurance et, en complément, la création d’une captive de réassurance pour l’optimiser. En France, le code des assurances définit une captive comme une entreprise de réassurance ayant son siège social dans l’Hexagone, « détenue soit par une entreprise financière autre qu’une entreprise [d’assurance ou de réassurance] ou une entreprise participante […], soit par une entreprise non financière »et ayant pour objet « la fourniture d’une couverture de réassurance portant exclusivement sur les risques de l’entreprise ou des entreprises auxquelles elle appartient, ou bien les risques d’une ou plusieurs autres entreprises du groupe dont elle fait partie ». Le dispositif développant les captives à la française porte ses fruits, mais de nombreuses barrières restent à lever. À l’occasion du premier anniversaire de la Fédération française des captives d’entreprise, sa présidente dresse un bilan et affiche ses ambitions. LES DÉCRYPTAGES «Le développement des captives est une occasion historique » Les pouvoirs publics percevaient auparavant dans les captives une possibilité de dérive vers des montages fiscaux. La crise du Covid a permis un changement de paradigme. Bercy souhaitait trouver des dispositifs afin d’accompagner la relance de l’économie. Lors des discussions avec l’exécutif, l’Amrae a tenu le discours suivant : il est nécessaire de donner les moyens aux entreprises d’acL’ARGUS DE L’ASSURANCE 18 N° 7885 DU 29 NOVEMBRE 2024 RÉPONDRE AUX EXIGENCES DE L’ACPR B. B. Historiquement, les maisons mères ont eu l’habitude de domicilier leurs captives au Luxembourg. Le superviseur y est certainement plus intuitu personaequ’ailleurs. En France, l’écosystème commence à se structurer. L’ACPR vient de publier un guide sur les captives, avec l’objectif de rappeler les grands principes réglementaires et prudentiels à respecter pour obtenir un agrément, ainsi que les démarches à suivre. Le superviseur français est très rigoureux quant à l’application de Solvabilité 2 pour les captives. C’est moins le cas ailleurs en Europe, même si cela évolue. Le processus d’agrément par l’ACPR exige de l’entreprise une excellente connaissance des risques, des aspects financiers et de la gouvernance. La FFCE veille à la bonne acculturation des dirigeants. FACILITER LE RAPATRIEMENT DES CAPTIVES B. B. La fédération travaille aussi sur laquestiondesdomiciliations pour que les entreprises ne restent pas seules faceàcesquestions complexes. Aujourd’hui, changer la domiciliation d’une captive est un par la captive est un risque actif, qui était auparavant transféré au marché dans des conditions économiquesmoyennement efficaces. La captive permet non seulement de réinternaliser ce risque, mais aussi de capter le profit assureur qui lui était associé. Progressivement, nous espérons que la captive pourra constituer des réserves de résilience, améliorant ainsi les garanties offertes aux entités du groupe. En ce sens, la captive est un puissant levier demutualisation des risques au sein du groupe. Comment la captive s’assure-t-elle de maintenir des niveaux de solvabilité et de capitaux suffisants pour répondre aux exigences réglementaires ? N. L. Orange Réassurance n’a véritablement démarré ses opérations de réassurance que depuis le 1er novembre. Il est donc encore un peu tôt pour tirer des enseignements concrets de notre pratique. Toutefois, nous bénéficions de l’appui d’un conseil spécialisé, en l’occurrence 2RS (Risk and Reinsurance Solutions), pour calibrer avec précision les capacités de réassurance souscrites, l’équilibre entre les différents programmes de réassurance et les capitaux propres. Le capital social d’Orange Réassurance a été fixé à 12 M€ pour garantir dès le départ des ratios de solvabilité conformes à nos scénarios de risques. Par ailleurs, notre cadre de gouvernance prévoit un suivi étroit de l’évolution de ces ratios grâce à des indicateurs clés, des mécanismes d’alerte et des plans de maîtrise. ●PROPOS RECUEILLIS PAR BENJAMIN CHABRIER processus coûteux et incertain. Il faut le remettre à plat. À terme, les entreprises pourraient y voir des bénéfices en matière de souveraineté des données et de risques d’image – certaines domiciliations apparaissent suspectes, car pouvant questionner fiscalement. Le développement des captives est vraimentuneoccasion historique à saisir pour la France au service de la résiliencedesentreprises. La représentationnationaleet lesdécideurs publics doivent changer de regard pour redonner à la France une grande attractivité en ce qui concerne la place du risque et des assurances. Les captives renforcent la culture durisquedesdirigeants. Leurs exigences ferontmonter laqualité des services ici, au même niveau qu’au Luxembourg ou en Irlande. À condition aussi que les prestataires investissent… ●PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT GERSIN « Le développement des captives est une occasion historique » La captive du groupe Orange (en photo : le siège), Orange Réassurance, a été agréée en juillet. LES DÉCRYPTAGES “Les captives renforcent la culture du risque des dirigeants. Leurs exigences feront monter la qualité des services en France. ” ORANGE / MARTIN COLOMBET À l'affiche 14 Techni.Cités 378 • Décembre 2024 À lire De l’arbre en ville à la forêt urbaine Cet ouvrage présente les contraintes et les opportunités que l’environnement urbain représente pour le développement des arbres et leurs bénéfices pour les habitants. Concrètement, il fait une synthèse des connaissances scientifiques sur les différentes manières d’aborder les arbres urbains et leur prolongement naturel, la forêt urbaine. Il intéressera notamment les urbanistes, les gestionnaires des espaces verts et les élus des municipalités. www.quae.com Quinze fiches pour une meilleure qualité de l’air Parking-relais, autopartage, transport fluvial, covoiturage, etc. L’Ademe, en partenariat avec Atmo France, a publié quinze fiches gratuites présentant des pistes d’actions aux collectivités, et plus précisément des solutions de mobilité alternatives à l’usage de la voiture, pour améliorer la qualité de l’air en ville. Chaque fiche décrit la solution et sa mise en place, les avantages et les impacts attendus sur la qualité de l’air ainsi que des conseils et points de vigilance accompagnés de retours d’expérience. s.42l.fr/quae Un outil de cartographie des risques L’Amrae, association de référence en matière de gestion des risques, propose un outil de cartographie des risques gratuit et sécurisé à destination des collectivités territoriales. Trente-huit types de risques y sont répartis en neuf familles : patrimoine, finances, environnement, opérationnel, fonctionnel, social, juridique, politique et stratégie, ou encore la sécurité des administrés. Il permet notamment d’aider les décideurs publics à identifier et hiérarchiser les risques pour leur collectivité. lesrisquesdemacollectivite.fr Par Bastien Castagneyrol, Serge Muller et Alain Paquette, juin 2024, coédition Quæ, Presses de l’université du Québec, 188 pages, 25 euros. Rendez-vous Annoncez vous-même vos événements en renseignant le formulaire prévu à cet effet sur le site de La Gazette des communes : www.lagazettedescommunes.com/agenda-formulaire 1 Urbest 14 et 15 janvier à Metz Ce salon professionnel réunira ceux qui ont en charge l’aménagement et la gestion de l’espace public, notamment les responsables des collectivités et intercommunalités de la région Grand Est autour d’un fil rouge : la transition énergétique du territoire. www.urbest.fr 2 Carrefour des gestions locales de l’eau 22 et 23 janvier à Rennes Ces deux journées, destinées aux acteurs publics et privés des gestions de l’eau, permettent à chacun de se former, de créer son réseau, de trouver des solutions adaptées et de répondre aux enjeux actuels et futurs. www.idealco.fr 3 Journée Palette végétale urbaine 4 février à Paris Organisée par Valhor, en coconception avec Verdir, cette journée permettra aux professionnels du paysage d’échanger et de débattre sur le thème « Régénérer nos v i l les, construire ensemble les nouvelles solutions végétales ». s.42l.fr/palette-vegetale-2025 4 Rencontres nationales de la recherche sur les sites et sols pollués 4 et 5 février à Paris Organisées par l’Ademe et ses partenaires, ces journées sont l’occasion, pour les acteurs de la gestion des sites et sols pollués, de partager leurs expériences, de confronter leurs points de vue et d’identifier leurs besoins de recherche prioritaires pour les années à venir. www.ademe.fr 5 Villes durables en actions 6 et 7 février à Bayonne Comment (co)opérer pour met tre en œuvre les transformations écologiques, économiques, sociales et culturelles et embarquer toutes les parties prenantes dans les nécessaires bi furcat ions ? Les professionnels des villes et territoires, État, collectivités locales et opérateurs privés échangeront sur le sujet. francevilledurable.fr 3 4 2 5 1 378_TEC.indb 14 06/12/2024 16:55 LA UNE 90 L’USINE NOUVELLE N° 3736#NOVEMBRE 2024 Pendant plus de trente ans, la SIB (Société d’impression du Boulonnais) s’est développée au bord de la Liane, un fleuve se déversant dans la Manche, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), sans connaître d’inondations majeures. Mais, fin 2023, cette entreprise a subi trois inondations importantes. «Nous n’avions rien anticipé», reconnaît Marc Leroy, son directeur général. La catastrophe a eu de nombreuses répercussions, notamment sur l’assurance. «Nous ne sommes plus assurés contre les inondations dans notre contrat, indique-t-il. Notre assureur a accepté de refaire un contrat d’un an avec une franchise en forte augmentation, mais si nous étions à nouveau inondés cette année, il ne le referait probablement pas un an de plus... ». D’autant que la SIB n’a pas les moyens de suivre toutes les recommandations de son assureur. L’enjeu de la résilience climatique bouscule la discussion entre les industriels et leurs assureurs. Entre 2020 et 2023, les sinistres climatiques ont coûté 6 milliards d’euros en moyenne aux assureurs en France, contre 3,7 milliards d’euros entre 2010 et 2019. L’association des gestionnaires des risques et des assurances dans les entreprises, l’Amrae, observe ainsi «un recul de l’assurance, avec une hausse des tarifs et des franchises, une baisse des sous-limites et une émergence de l’inassurabilité dans certains endroits», selon son référent climat Michel Josset, même si le marché s’est adouci ces derniers temps. Au 1er janvier 2025, le taux de la cotisation dédiée au financement du régime public-privé français d’indemnisation des catastrophes naturelles passera d’ailleurs de 12 à 20% sur le bâti. «Il y a quelques années, nous pouvions faire confiance à l’assurance pour payer des travaux de reconstruction après une tornade ou une inondation, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui et on pourra encore moins le faire demain, ajoute Arnaud Bergauzy, Les plus grandes entreprises travaillent déjà avec leurs assureurs pour prévenir les risques climatiques. Mais beaucoup réclament davantage de transparence de leur part. L’imprimerie. SIB a été victime des inondations records de 2023. Au prochain sinistre, que fera son assureur ? RISQUES LE DIALOGUE AVEC LES ASSUREURS S’INTENSIFIE 91 PRÉPARER SON ENTREPRISE AU GRAND DÉRÈGLEMENT membre de l’Amrae et responsable des risques et des assurances chez Lafarge France. L’adaptation est devenue très importante.» Du côté des assureurs, on assure que les demandes des clients en France trouvent globalement une réponse. Mais la prévention est plus que jamais encouragée. Les assureurs y voient un moyen de rester indispensables aux yeux des industriels. «La prévention est la condition de l’assurabilité de demain. On ne pourra pas donner un blanc-seing à tout le monde sans conditions, prévient Simon Blaquière, chargé de la réassurance et de l’équipe d’experts sur les risques naturels chez Generali. En cas d’inaction, le coût de l’assurance va augmenter mais il est tout à fait possible de tempérer la hausse.» Des PME encore peu accompagnées Pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire, l’accompagnement des assureurs reste limité. L’assureur Generali France, dont la majorité des clients réalisent moins de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, est surtout sollicité après la survenue d’un aléa climatique. En amont, son action se limite à un site web sensibilisant sur les risques, ainsi que des envois de SMS en cas de prévisions météorologiques inquiétantes. «Notre enjeu actuel est d’approfondir le sujet de la prévention à l’échelle du client, indique Simon Blaquière. Par exemple, nous aimerions pouvoir dire à une entreprise exposée aux inondations si elle doit rehausser son parc de machines de 30, 40 ou 60 centimètres selon son implantation.» L’accompagnement des grands groupes est déjà plus poussé. Ces derniers recourent aux données et aux plateformes fournies par les assureurs pour anticiper et quantifier les impacts de potentiels aléas climatiques sur leurs usines. «Grâce à un travail réalisé avec notre assureur qui a permis de géolocaliser les risques climatiques pour chacun de nos sites, nous avons ensuite questionné nos cimenteries sur leur niveau de préparation actuel et ce qui doit encore être fait, jusqu’à l’horizon 2050», illustre Arnaud Bergauzy chez Lafarge. Zurich, Swiss Re, Munich Re, FM Global... Les grands assureurs sont nombreux à s’être positionnés sur le créneau. Au cours des deux dernières années, l’assureur américain FM Global a lancé des outils spécifiques sur le sujet, comme des rapports de résilience climatique et des études plus prospectives sur les impacts futurs. «Souvent, nos clients nous demandent ce qu’il faut faire maintenant. Nous travaillons donc beaucoup avec des fabricants afin de fournir des produits homologués contre les risques, comme des panneaux solaires résistants à la grêle», souligne Malcolm Roberts, le PDG de FM Global. «Passer de la donnée à l’effort d’ingénierie » La préoccupation des assureurs pour les catastrophes naturelles n’est pas nouvelle. «Mais nous commençons à nous projeter aux horizons 2030 et 2050 pour compléter nos modèles sur ces risques», précise Maxime Ambourg, le directeur du conseil en prévention des risques d’Axa XL pour l’Europe et l’Asie-Pacifique. Cet assureur a commencé à travailler sur des programmes spécifiques d’adaptation avec moins d’une dizaine d’industriels. «Il s’agit de passer de la donnée à l’effort d’ingénierie pour optimiser un système de refroidissement ou de chaleur par exemple», poursuit-il. Certains risques demeurent difficiles à modéliser. «Personne n’a réellement pris la mesure de tous les impacts potentiels de la hausse du niveau des océans notamment. Tout cela est clairement minimisé pour le moment», informe Cyril Lelarge, membre de l’Amrae et directeur des assurances du groupe Sanofi. Parce que très localisée, la grêle donne aussi du fil à retordre aux assureurs. Les entreprises leur reprochent par ailleurs un manque de transparence. « Ils ont des informations sur des activités qui seront potentiellement inassurables dans cinq ou dix ans. S’ils ne les partagent pas, ils créent un vrai problème stratégique pour l’assuré. Déménager un site ou le protéger ne prend pas six mois, mais cinq ou dix ans», regrette Michel Josset. Autre grief des industriels: l’impact des risques climatiques dans la tarification d’une police de dommages aux biens s’apparente aujourd’hui à une boîte noire. Dans une étude parue en fin d’année dernière, 51% des 131 gestionnaires des risques sondés par l’Amrae se déclaraient insatisfaits de l’accompagnement des assureurs dans le traitement des risques climatiques. #JONATHAN GRELIER J. BEN AZZOUZ / LA VOIX DU NORD Chez Bpifrance, « l’adaptation aux risques climatiques entre dans le quotidien des chargés d’affaires au dernier trimestre 2024 », déclare Isabelle Albertalli, la directrice climat de la banque publique. En octobre, Bpifrance a intégré un outil dédié au risque climatique dans son système interne de cotation des affaires. « Dès le 1er janvier prochain, tout dossier inclura une partie sur le risque climatique en plus des éléments sur la santé financière », précise-t-elle. À partir du numéro Siren d’une entreprise, l’outil développé par Bpifrance affiche les risques actuels et attendus dans un horizon de cinq ans pour chaque aléa. Les impacts éventuels sur le chiffre d’affaires sont aussi estimés. Cette présentation peut servir à ouvrir un dialogue avec une entreprise sur les actions de résilience qu’elle doit mener. En cas de mesures insuffisantes prises par une entreprise présentant un risque significatif, la banque publique propose, depuis octobre, des diagnostics adaptation. « Nous espérons en réaliser une centaine par an, même si nous avons une enveloppe pour en faire 50 pour le moment », indique Isabelle Albertalli. Certaines entreprises risquent-elles de pâtir de ce nouvel outil dédié au risque climatique ? « Notre ambition est plutôt d’accompagner les entreprises vers la résilience, souligne la directrice climat. Mais si une société a un risque significatif, un encours très élevé et qu’elle ne veut pas bouger sur l’adaptation, nous allons finir par lui dire qu’on ne peut pas la financer ». # Bpifrance accélère sur l’adaptation N° 3736 . NOVEMBRE 2024 . 61 EUROS . ISSN 0042-126 X 48 | Daf magazine - N°62 - Décembre 2024 Assurances : quelles perspectives pour 2025 ? Si le marché des assurances se stabilise en 2025 selon les experts, on observe une disparité avec une baisse des primes sur les risques cyber et une hausse du côté des assurances de personnes (santé et prévoyance). • Sur le marché des assurances en 2025, il y aura de bonnes nouvelles, mais pas pour tout le monde. « Si l’on retrouve une certaine élasticité du marché, aprèsunepériodededurcissement, cela reste très hétérogène avec des allègements de conditions (capacités, garanties) sur certains types d’assurances », explique Nick Dussuyer, directeur général de WTW France, groupe de conseil et de courtage, à l’occasion de la présentation de la note de conjoncture du groupe sur le marché des assurances en 2025. Si cela semble sonner comme une bonne nouvelle, il n’en reste pas moins que les risques pour les entreprises (climat, émeutes,pandémie…) restent trèsélevés. Lemême constat est dressépar l’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (Amrae) dans sonétudedumarchéetdesperspectives 2025 sur les assurances des entreprises. On observe une stagnation du marchédesassurancesavecdescapacités stables des assureurs et l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché. Mais également une conséquence de l’inflation qui se fera moins sentir en 2025 qu’en 2023. Enfin, les engagements pluriannuels, qui offrent davantage de stabilité aux entreprises, sont à nouveau proposés, offrant une vision plus sécurisée sur le long terme. Cette tendance à la stabilisation s’accompagne d’un intérêt accrudes assureurs pour des risques jusqu’ici perçus comme complexes. « Nous observons STRATÉGIE un regain d’appétit des assureurs pour certaines branches, comme le cyber », précise François Beaume, vice-président de l’Amrae (et VP risques et assurance de Sonepar). Une baisse des primes sur les cyberassurances Ainsi, si le risque cyber, reste une menaceélevéepour lesentreprises, le marché des assurances de ce type de risque poursuit sa détente, selon le groupe WTW, en raison « d’une sinistralité non trop impactante ces derniers mois ». Pour Jean-Christophe Lapeyre, directeur specialty & broking CRB au sein de WTW : « Il y aura un appel d’air sur le risque cyber, car tout le monde a surréagi et les primes ont augmenté de 200, voire 300 %. IlyauraunredresLe marché de l’assurance des entreprises se stabilise sans réellement se détendre mardi 5 novembre 2024 - 00:00 Europe/Paris 839 mots - 3 min BANQUE-ASSURANCE : L'AGEFI En France comme à l’international, la stabilité devrait guider le marché de l’assurance des entreprises en 2025. Mais, dans le dé‐ tail, le tableau est beaucoup plus nuancé et des zones de tensions persistent. Du mieux, mais pas de quoi exulter. En 2025, le marché de l’assurance des entreprises devrait globalement se stabiliser mais des zones de tension demeurent vives sur certaines lignes et pour certains secteurs d’activité. Assureurs comme assurés restent donc vigilants quant aux évolutions de marché. Comme chaque année, l’association des managers des risques d’entreprises (Amrae), avec le concours des principaux courtiers in‐ ternationaux, fait un état du marché de l’assurance des entreprises françaises dans le monde et donne les perspectives à venir. Une situation contrastée Ainsi, en matière d’assurance perte d’exploitation, le marché tend à se stabiliser voire à s’améliorer. «Certains bémols sont à signaler en dommages aux biens mais globalement nous ne sommes plus dans un cycle haussier. On le voit notamment par le retour des en‐ gagements pluriannuels des assureurs sur deux voire trois ans», in‐ dique Alain Ronot, trésorier et membre du Comex de l’Amrae. Des améliorations notables sont également perceptibles sur le marché de l’assurance cyber. Les capacités assureur par assureur restent stables. Sur certaines branches de nouveaux entrants ou des acteurs qui reviennent sur le marché font même espérer des placements de risque facilités sur ces branches. «On voit un regain d’appétit sur certaines branches comme le cyber et certains secteurs tels l’immobilier ou l’hôtellerie», note François Beaume, vice-président scientifique de l’Amrae. En revanche le marché de l’assurance de personnes, tant en termes de frais de santé que de prévoyance, reste particulièrement tendu, en France mais également à l’international. La hausse des frais mé‐ dicaux est attendue à 10,1% en moyenne en 2025 sur les marchés dont la France, qui de surcroît connait une instabilité politique exa‐ cerbant encore les tensions sur ce marché. A lire aussi: Les risques d’entreprises analysés par secteurs restent plus élevés qu’avant 2019. 1 www.daf-mag.fr | 49 Daf magazine - N°62 - Décembre 2024 Par Marie-Amélie Fenoll sementde labarreetons’attendàdesbaisses de 30 à 40 %. Ceci est dû également au fait que les entreprises ont mis en place davantage de moyens pour prévenir ces risques. De plus, les assureurs ont plus de recul et des chiffres sur les dommages des attaques. De ce côté-là, la baisse sera plusmodeste, de l’ordre de 5 à 10 %. » Cependant, « tous les risques cyber ne pourront pas être assurés », prévient-il en évoquant les entreprises qui n’ont pas mis en place de plans de prévention et/ou de moyens sur le sujet. Du côté des franchises, rehaussées au cours des années passées, en complément de fortes majorations de primes, elles sont généralement restées inchangées. Des baisses sont envisageables pour les bons risques, et en fonction du chiffre d’affaires, selon l’étude de l’Amrae. Cyber : une plus grande capacité des assureurs Cette baisse significative s’explique aussi par un retour d’une certaine forme de concurrence sur ce marché. Cette amélioration des résultats techniques des assureursetuneperspectivedelasinistralité cyber plus positive conduisent à une tarification plus raisonnable, au bénéfice desassurés, selonl’Amrae.Enfin, toujours selon l’étude de l’Amrae, les capacités des assureurs sont plutôt orientées à la hausse. Les principales insurtechs proposant une capacité en hausse (portée généralement à 5 M€). Et plusieurs assureurs dits traditionnels déjà présents sur « ilyauraunappel d’air sur le risque cyber, car tout le monde a surréagi. » Jean-Christophe Lapeyre, directeur specialty & broking CRB chez WTW le segment peuvent proposer désormais 10 M€ de capacité sur les bons risques. Mais bien que la baisse des primes sur les risques cyber sonne comme une bonne nouvelle, les assureurs accordent une attention très soutenue aux moyens mis en œuvre en matière de sécurité inforLes risques géopolitiques continueront d’influencer le paysage assurantiel « En raison des conflits en Russie, en Ukraine et maintenant au Moyen-Orient, nous constatons de nouvelles exclusions, ainsi qu’une redéfinition des zones de couverture territoriale, souvent avec des restrictions accrues », explique François Beaume, vice-président de l’Amrae et VP risques et assurance de Sonepar. De même, toujours selon l’étude de l’Amrae, tout comme le changement climatique est une préoccupation majeure du marché, les événements météorologiques ou la transition énergétique et écologique induiront de nouveaux risques et impacteront également la sinistralité du marché. matique, notamment en cas d’acquisitions, souligne l’Amrae. Ainsi, le contexte géopolitique engendre des discussions importantes autour de la rédaction de l’exclusion guerre ou cyberopération qui est désormais imposée par les assureurs. Une hausse des cotisations des contrats de santé Du côté des assurances de personnes (prévoyanceetassurancesanté), lesentreprises devront mettre la main au portefeuille en 2025. Selon WTW, les hausses decotisations seront encore importantes en2025 sur lapartie santé en raisond’une augmentation de la consommation médicale, du vieillissement de la population,maisaussi (et surtout) dudésengagementcroissantdelaSécuritésocialesur certains actes de santé. De plus, le cadre réglementaire a fortement évolué, ce qui a eu des répercussions sur les coûts des contrats complémentaires de santé et de prévoyance (hausse du tarif des médecins, transferts de charges du régime obligatoire vers les complémentaires, extensionde l’offre 100 %santé àd’autres actes…). La hausse des tarifs des contrats de prévoyance s’explique encore par un absentéisme grandissant des salariés et les risques psychosociaux, une des premières causes des arrêts de travail. « C’est la 4e année consécutive de hausse. Si l’augmentation était de 7 % en 2024, on s’attend à une hausse de près de 7,4 % en 2025 pour les assurances santé (dont 3 % s’expliquent par l’inflation, les 4,4 % restants étant dus aux autres coûts) et entre 3 à 5 % d’augmentation sur la partie prévoyance », conclut Noémie Marciano, directrice de l’activité health & benefits chez WTW. Même constat au sein de l’Amrae. « Selon différents rapports émis par des courtiers et consultants à l’international, la hausse des frais médicaux est attendue à 10,1 % en moyenne selon les pays », explique Alain Ronot, group risk & insurance director chez Capgemini. • Un contexte géopolitique toujours prégnant L’effet de l’inflation devrait être beaucoup moins notable en 2025 que pendant les précédents exercices. «Il convient malgré tout d’être vigilant concernant les programmes internationaux car selon les présences géographiques des entreprises et les risques à assu‐ rer, il peut y avoir des pays avec de fortes variations de taux de change et de fortes inflations sur la période 2024 qui affecteront potentiellement les conditions du transfert de risque», prévient François Beaume. De même, la situation géopolitique continue de peser sur le mar‐ ché. Et la situation en Russie, en Ukraine et au Moyen-Orient pousse les assureurs à pratiquer de nouvelles exclusions et/ou à re‐ voir les délimitations d’étendues de territorialité de façon plus res‐ trictives. «De même, les clauses ‘sanction’ des contrats d’assurance qui font référence aux sanctions internationales sont de plus en plus difficilement négociables par les assurés et assez standardi‐ sées et coercitives», souligne François Beaume. A lire aussi: Le risque de désinformation des assurés entrave la pré‐ vention des sinistres Des conditions tarifaires disparates En matière de primes, la tendance générale est aussi à la stabilisa‐ tion. Mais dans le détail les situations sont là encore disparates voire inverses en fonction du profil de risque et du secteur d’activité. Les secteurs de la logistique, du traitement des déchets ou encore de l’agroalimentaire restent sous tension. Ainsi, les baisses de primes sont surtout constatées sur les profils grands comptes et sur des dossiers cibles pour les assureurs c’està-dire les profils de risques de bon niveau. «C’est sur ces profils que l’on voit des réductions du taux de primes et des demandes de renouvellements pluriannuels», précise Alain Ronot. La tarification suit plutôt les évolutions de primes. Les franchises, elles, apparaissent stables et ne devraient dans l’ensemble pas bou‐ ger. L’assurance catastrophe reste toutefois une ligne à part sur la‐ quelle assureurs et réassureurs demandent des hausses de fran‐ chises, qu’il s’agisse des risques cat nat ou des risques tempête grêle neige. «Les violentes inondations en France mais aussi en Es‐ pagne récemment vont d’ailleurs sans doute tendre encore la situa‐ tion entre assureurs et assurés», note Alain Ronot. Un marché de plus en plus dépendant du climat En termes de perspectives, le climat reste la principale préoccupa‐ tion du marché. La tendance est toujours à l’accroissement des évé‐ nements naturels, affectant de manière localisée mais parfois aussi simultanée la sinistralité transférée aux assureurs. Ceci conduisant 2 ©Image Azam Ishaq/Pixabay - Le marché de l'assurance d'entreprise n'est plus haussier mais des tensions perdurent sur certaines lignes. les assureurs à revoir leurs modèles de tarification ainsi que leurs modèles d’évaluation et de quantification du risque. Par ailleurs, l’essor de nouvelles activités liées à la transition écolo‐ gique induit des risques nouveaux. Les énergies renouvelables et les nouvelles techniques de construction bas carbone restent ainsi perçues par les assureurs comme des points de risque particuliers pas toujours maîtrisés. «Cela engendre des appétits de souscrip‐ tions particuliers et des conditions de couverture et de tarifs spéci‐ fiques», souligne François Beaume. En réaction ces grandes et moyennes entreprises aux expositions spécifiques renforcent leur gestion du risque et leurs actions de prévention, et se tournent vers des outils alternatifs de financement du risque comme les captives. Effet positif s’il en est, cette ten‐ dance nouvelle devrait contribuer à stabiliser encore le marché de l’assurance des entreprises. Le marché de l'assurance d'entreprise n'est plus haussier mais des tensions perdurent sur certaines lignes. par Camillegeorge@agefi.fr(camille George) Tous droits réservés ©Beymedias 2024 5f76c58f8d65548530359550fb09411e059A28Ab6Zc16d3573303 bd Parution : Continue 3 BAROMÈTRE MÉTIER DU RISK MANAGER ÉTAT DU MARCHÉ 2024 COLLECTIVITÉS LOCALES FORUM FRANCE CAPTIVES ET CAPTIVE RISQUES CLIMATIQUES
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