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ATOUT RISK MANAGER 26 / DOSSIER logiquement le marché. Au 1er janvier 2025, la taxe Catastrophes naturelles (Cat’Nat) en France passe de 12 % à 20 % afin de redimensionner le régime à la hauteur des enjeux et des risques. Outre les incidences de cette hausse sur la tarification des assureurs et des réassureurs, c’est tout le marché qui doit repenser ses couvertures et ses expositions. « On voit de plus en plus de périls climatiques qui n’avaient pas été paramétrés par les assureurs, comme le gel au Texas ou les inondations en Espagne », évoque Sandra Magny. Un constat que partage Grégory Allard : « Avant, on regardait le passé, maintenant il faut se projeter dans le futur, anticiper de nouveaux scénarios et donc revoir tous les business cases ». « La multiplication des aléas climatiques impacte significativement la gestion des risques et les renouvellements d'assurance. Pour maintenir l'assurabilité, notamment en dommages, il est crucial de mettre en place des mesures de prévention et de protection efficaces mais aussi d'investir dans des technologies de modélisation des risques », confirme WTW. En France, le middle market en fait les frais depuis deux ans, MMA notamment, fortement impacté par les récents sinistres climatiques sur l’Hexagone. Quid de l’assurabilité ? « Face aux catastrophes naturelles, l’inassurabilité est une réelle menace. Aux États-Unis, nous observons déjà depuis quelques années l’émergence de poches d’inassurabilité sur certains territoires du fait de la récurrence d’événements remettant en cause le principe même de l’aléa », illustre Sébastien Lenne. Preuve d’une prise de conscience internationale, l’Italie est en train de mettre en place un pool public-privé proche de notre régime Cat Nat. Pour Florence Louppe, « le risque climatique est devenu un marché globalisé. Chaque compagnie raisonne à un niveau mondial avec une capacité unique, et étudie des solutions alternatives comme le paramétrique. » Michel Josset, directeur des assurances de Forvia, vice-président de l’Amrae et référent ESG climat, président de la Commission prévention et dommages, rappelle d’ailleurs que « L’intensification des risques physiques liés au changement climatique oblige les acteurs à mettre en place une démarche systémique d’analyse des risques et d’adaptation site par site. Cela nécessite un partenariat technique avec l’assureur : partage des données d’exposition, audits du risque climatique, quantification des scénarios et catalogue de recommandations. » Cyber : la bête noire a changé de couleur Passé du statut de non assurable à quasi convoité, comment se présente le risque cyber sur le long terme ? Certes, le marché est orienté à la baisse depuis 2023, grâce à la rédaction de polices plus strictes, à une meilleure protection-prévention des assurés et au retour en force d’acteurs comme AIG, Chubb ou Beazley. Sandra Magny, qui préférerait pouvoir proposer plus de stabilité à ses clients, le confirme : « après des majorations jusqu’à trois chiffres, on voit aujourd’hui des réductions de primes jusqu’à deux chiffres ». Mais le marché cyber, bien que plus mature, n’affiche ni une grande mutualisation ni une grande capacité, atteignant à peine 340 millions d’euros Et les attaques ne faiblissent pas. « La menace reste forte, les risk managers doivent continuer à évaluer leur exposition au risque cyber, qu'il soit malveillant ou bien accidentel, comme nous l'avons vu l’été dernier avec la panne informatique CrowdStrike. La période actuelle doit permettre de saisir cette opportunité pour ajuster les couvertures en conséquence et améliorer encore la résilience des entreprises », conseille Philippe Cotelle, risk manager d’Airbus Space & Defence, administrateur de l’Amrae et co-président de sa commission cyber. Les activités sensibles toujours dans le viseur Quant à la liste des activités qui peinent à placer leurs risques, elle est peu ou prou la même qu’en 2023, au grand dam des entreprises concernées : le transport de voyageurs, la location de véhicules courte durée, le bois, le travail des métaux, l’agroalimentaire, le traitement de déchets, les collectivités locales. Pour autant, aucune n’est laissée sur le carreau et les courtiers finissent toujours par trouver un ou plusieurs assureurs pour finaliser le programme d’assurance. La vraie question, c’est à quelles conditions… Des efforts de prévention et d’atténuation des risques sont pourtant mis en œuvre par la plupart des entreprises concernées, mais à des rythmes jugés parfois trop lents par les assureurs. « Sur ces risques sensibles, il faut avoir une histoire à raconter, pouvoir présenter des statistiques et des améliorations concrètes », prévient Florence Louppe. « Dans le bois, où les marges très basses ne permettent pas des investissements massifs de prévention, une mise à niveau est encore nécessaire, notamment en usinage et scierie. En agroalimentaire, les MICHEL JOSSET Administrateur référent Climat et ESG, président de la commission Dommages et prévention à l'Amrae PHILIPPE COTELLE Président de la commission Cyber à l'Amrae

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