N°43 I HIVER 2024-25 DOSSIER \ 25 dernières années dans le but d’obtenir des conditions de couverture plus acceptables. « Les assureurs utilisent leurs capacités avec parcimonie. Ils considèrent donc les franchises comme acquises et il n’y aura pas de retour en arrière », confirme Florence Louppe, directrice générale de Diot-Siaci. « Les capacités sont solides, mais la tendance est au maintien, voire à l’accroissement des franchises pour mieux gérer la sinistralité », complète Jean-Christophe Lapeyre, directeur Specialty & Broking chez WTW France. Quant aux captives, pas toujours facile, ni opportun, de ressortir les risques qui y avaient été placés. « Un gros travail de rétention a été fait au cours des trois derniers exercices par nos clients. Ils ont pris leur part, notamment grâce à leurs captives », confirme Laurent Belhout. Ne nous emballons pas ! Le marché est certes au beau fixe, mais l’heure n’est pas à l’emballement. « Les assureurs portent toujours une attention très forte à la qualité du risque, en termes de prévention et de protection. Ils sont par ailleurs toujours attentifs à la volatilité de leurs expositions et tendent à limiter leur engagement par dossier », constate Sébastien Lenne. « Face aux signes d’assouplissements, des appels d’offres commencent à se dessiner chez les clients. Le marché pourrait donc se montrer plus actif en 2025 et devenir un marché d’opportunités. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il soit à nouveau soft, la situation économique ne le permettra sans doute pas », prévient le pdg d’Aon France, Espagne,Portugal, Maroc. La situation économique, mais aussi géopolitique et climatique, appelle à la prudence. Et de grandes disparités subsistent toujours entre les différentes lignes d’assurance. « Le marché est tiraillé : il y a plus de compétition sur les risques convoités par les assureurs et plus de raideur sur ceux qui ne leur conviennent pas », résume Florence Louppe. Une partie de la responsabilité civile (RC), par exemple, n’est pas concernée par la détente du marché, en particulier pour les expositions aux États-Unis, compte tenu de l’inflation sociale avec des verdicts « nucléaires », c’est-à-dire des indemnités exceptionnellement élevées réclamées par les jurys. « Les assureurs sont très frileux sur les expositions aux USA, compte tenu des nuclear verdicts ( jugements supérieurs à 10 millions de dollars) et des thermo-nuclear verdicts (supérieurs à 100 millions de dollars) », reconnaît Sandra Magny. « Pour les ETI qui travaillent avec les États-Unis, les risques de responsabilité civile (la RC produits et la RC après livraison à supprimer) deviennent problématiques avec les Nuclear Verdicts. Pour le moment, les assureurs français continuent à les couvrir mais ils exigent une co-assurance », complète Grégory Allard. La vigilance est également de mise sur les PFAS (substances chimiques très persistantes dans l'environnement), qualifiés de bombe à retardement pire que la crise de l’amiante. Quant aux guerres et tensions géopolitiques en différents points du globe, elles peuvent conduire à des exclusions et des limitations de garanties standardisées, difficiles à négocier, sur de nombreuses lignes : dommages aux biens et pertes d’exploitation, marchandises transportées, responsabilité civile, cyber, risque crédit etc. « Il y a aussi un vrai sujet autour des risques d’émeutes et de mouvements populaires. Pas seulement en France. Ces risques dont désormais l’objet de sous-limites par sinistre et par an, nous obligeant à aller chercher des excess », confie le président de Filhet-Allard. Les Cat’Nat, véritable épée de Damoclès Quant aux aléas climatiques, leur recrudescence, tant en termes de fréquence que d’intensité, inquiètent « Les assureurs utilisent leurs capacités avec parcimonie. Ils considèrent donc les franchises comme acquises et il n’y aura pas de retour en arrière. » « Pour trouver des solutions, le courtier doit travailler le plus en amont possible avec son client afin d’envisager des solutions alternatives de transfert de risques. » « Les assureurs se sont refait une santé. Résultat : le marché est plus simple et encore plus souple que l’an dernier. » FLORENCE LOUPPE Directrice générale de Diot-Siaci JEAN-CHRISTOPHE LAPEYRE Directeur Specialty & Broking chez WTW France SANDRA MAGNY Directrice des marchés pour Marsh France
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