ATOUT RISK MANAGER 22 / DOSSIER portefeuilles (MMA) et la fusion d'assureurs en cours (MSIG/ MS Amlin). Les expositions aux États-Unis restent un sujet majeur, et certains assureurs poursuivent la réduction de leurs engagements, augmentent les seuils d'intervention voire, résilient tout ou partie de leur portefeuille exposé. Le marché se durcit également sur les PFAS (per- et polyfluoroalkylées), ces substances chimiques très persistantes dans l'environnement). Compte tenu de l'ampleur du problème (nettement plus vaste que celui de l'amiante), il est probable qu'une exclusion absolue fasse son apparition dans les traités de réassurance au 1er janvier 2025. Enfin, des exclusions relatives aux réclamations ESG (Environnement, social et gouvernance) se développent chez certains assureurs. Les primes ne sont pas impactées pour les bons risques, mais le marché reste marqué par des hausses d’environ 5 % qui suivent l'augmentation du chiffre d'affaires des entreprises. Les augmentations sont plus marquées pour les secteurs nécessitant la mobilisation de capacités « Frais de retrait » tels que l’agroalimentaire, l’énergie (principalement renouvelable), la pharmacie, la chimie et le transport public de voyageurs. Enfin, on note un impact de la hausse des coûts de santé sur le provisionnement des sinistres corporels. Risque cyber : accalmie sur les prix Les assureurs traditionnels déjà présents sur le segment peuvent désormais proposer dix millions d’euros de capacité sur les bons risques. De leur côté, les principales assurtechs proposent une capacité en hausse, portée généralement à cinq millions d’euros La vigilance des assureurs reste focalisée sur les moyens mis en œuvre en matière de sécurité informatique, notamment en cas d'acquisitions. Les secteurs les plus surveillés sont les hôpitaux, les collectivités territoriales, les pure players de l'internet, ainsi que les compagnies aériennes et les jeux de hasard. La rédaction de l'exclusion guerre ou cyber, désormais imposée par les assureurs, fait l’objet d’âpres négociations. Côté primes, l’année 2024 a été marquée par une stabilisation, puis un assouplissement du marché après deux années de fortes restructurations. Le retour de la concurrence entre assureurs occasionne même des baisses de primes, parfois significatives. Mais si l'environnement est favorable depuis quelques mois, le marché cyber en France reste fragile avec une assiette de prime faible en comparaison de l'engagement des assureurs. Lignes financières contrastées Sur le marché français de la responsabilité civile des mandataires sociaux (RCMS), les capacités sont en hausse grâce à l’arrivée de nouveaux assureurs en première ligne et en « excess », portant la capacité globale du marché à 450 millions d’euros (contre 370 M€ en 2023). Sur la fraude, le nombre d’acteurs reste limité, le manque de mutualisation et la récurrence des sinistres ayant amené nombre d’assureurs à limiter leur engagement, voire à sortir de ce risque. Toutefois, une évolution semble se profiler. Le marché des garanties « Rapports sociaux / Réclamations liées à l’emploi » (Employment practices liability - EPL) reste restrictif avec seulement 150 millions d’euros de capacité déployée. Ce risque est souvent vu en France par les assureurs comme un produit d’accompagnement, les risques étant principalement concentrés aux États-Unis. Risque Capital humain : tendu sur les frais de santé Si les conditions sont assez stables pour l’assistance et les missions professionnelles, le marché se tend en frais de santé. Le contexte est défavorable avec une accélération du désengagement de la Sécurité sociale, une augmentation des tarifs des professionnels de santé et un plafond mensuel de la Sécurité sociale 2025 qui ne compensera pas cette dérive. Cela se concrétise par des hausses de 6 à 10 %. La tendance d'acceptation est à la baisse sur les grands comptes, les PME sont plus résilientes sauf sur les secteurs en fragilité économique (commerce de détail non alimentaire). La tarification des services se fait désormais en supplément, et non en inclusion. En prévoyance, les capacités sont stables mais le marché se tend pour les arrêts de travail, et les assureurs affichent clairement leur volonté de ne plus faire de pertes sur ce segment. Risque crédit : en contraction Compte tenu de la baisse de la masse assurable, les capacités des assureurs crédit ont logiquement diminué, avec une rétractation de leur chiffre d’affaires de plus de 5 %. Ceci s’explique par la fin de la bulle Covid entretenue par les aides de l'État et du retour aux défaillances d’entreprise en nombre, proche des sommets historiques post-crise de 2008. Ce retournement concerne tous les secteurs, mais en particulier le bâtiment et le retail. Les assureurs crédit réduisent leur exposition sur les exportations vers des zones au contexte géopolitique compliqué (l’Argentine ou la Turquie où l’ inflation est galopante, l’Égypte ou la Tunisie touchés par un manque de devises). Fusions & Acquisitions, garanties transactionnelles : en pleine forme On constate une montée en puissance de certains acteurs historiques ainsi que plusieurs nouveaux entrants sur l'assurance garantie de passif. La concurrence jouant à plein (sauf en pharmacie, banque & assurance), les primes sont en forte baisse par rapport à 2023, avec des taux compris entre 0,8 et 1,1 % pour une opération classique sur une cible opérationnelle. Il est toutefois probable que cette augmentation des capacités s'atténue de manière progressive en 2025 si le rebond de l'activité M&A se confirme.
RkJQdWJsaXNoZXIy MjgwNzg1Nw==