ATOUT RISK MANAGER N°35

ATOUT RISK MANAGER N°35 I HIVER 2022-2023 61 Actualités de l’Amrae - Publications métier. « Dans le secteur de la construction ou de l’agriculture, il faut des spécialistes desmatériaux et du végétal, et conduireun changement culturel afin de permettre à l’assureur de prendre des risques ». Sans oublier l’accompagnement de la décarbonation de l’économie. L’hydrogène engendre de nouveaux risques, pas nécessairement plus grands, mais différents. « L’assureur doit être présent à la fois pour nous assister dans la prévention, mais aussi endélivrant des garanties sans être trop prudent », énonce en substance Michel Josset. Des solutions assurantielles encore inadéquates mais qui peuvent évoluer Si le besoin de l’assurance est clairement énoncé, 77 % (+6 points) des répondants expriment leur insatisfaction sur l’accompagnement de leur profil de risques et sur l’imprécision et la transparence des modélisations. Le lien avec l’assurance est permanent pour conduire les analyses, évaluer correctement le risque, mettre en œuvre les justes mesures de prévention et bien se faire accompagner. Nous avons besoin de l’assurance, de son accompagnement et de partenariats assurés/ assureurs/réassureurs. La grande majorité des risk managers (60 %) n’a pas fait évoluer ses polices d’assurance pour mieux prendre en compte le risque climatique. Lamêmeproportion s’inquiète de l’assurabilité future de certaines régions ou activités. La captive reste la première solution alternative citée pour financer les risques climatiques (avec une proportion en baisse en 2022 36 % vs 62 %), 30% des sondés ne savent pas quoi envisager comme solution alternative à l’assurance traditionnelle. « L’assurance, n’est pas la réponse universelle, mais une brique dans le dispositif de gestion du risque, énonce Oliver Wild. Il nous faut des modélisations, et identifier nos expositions. Comment convaincre en interne de mettre du risque dans ma captive? Comment recourir à l’assurance paramétrique alors qu’il faut tant de données? Il n’y a pas un grand partage sur ces données. À ce stade, le risk manager doit être plus curieux pour comprendre ce qu’est l’assurance paramétrique », reconnaît le directeur des risques et des assurances de Veolia et président de l’Amrae. Tout en rappelant que, dès lors que les entreprises ont bien conduit leurs analyses de risques, l’assureur doit reprendre un peu de risques même s’il ne dispose pas de suffisamment d’antériorité. Nouvelle temporalité Avocat de facto des assureurs, Antoine Denoix souligne qu’à court terme, les coopérations sur la transparence des modèles climatiques et sur la formation sont enclenchées. Il faut changer de temporalité de modèles en passant à du cinq à dix ans alors que le spectre est aujourd’hui un deux ou trois ans. « Une entreprise qui pense à la construction d’une usine en Asie du Sud-Est, qui aura une durée de vie de vingt à trente ans, doit avoir une réponse plus riche que le simple prix de l’année. L’assurance doit éclairer sur le risque d’assurabilité sur cet horizon de temps, et renouveler son produit en une combinaison de financement de projet et d’assurance. Il faut déjà arriver à s’inscrire dans des partenariats sur cinq à dix ans », explique le représentant d’Axa Climate. Et intégrer une approche territoriale La Cour des comptes a stigmatisé le fait que 70 % des digues en France ne sont pas entretenues, soulignant le risque systémique quand surviendra la crue centennale en Ile de France. Même si les entreprises sont individuellement protégées, aucun collaborateur ne pourra venir travailler. Les pouvoirs publics et les collectivités territoriales doivent investir massivement et conjointement sur la prévention du risque inondation. Retrouvez tous les enseignements du baromètre sur https ://www.amrae.fr/bibliotheque-deamrae/barometre-amrae-de-lengagementpour-le-climat-novembre-2022 n Conscients des risques climatiques extrêmes et de leurs impacts majeurs Majoritairement, les risk managers ont conscience des risques que le changement climatique fait peser sur leur entreprise et leurs chaînes de valeur. Plus de 90 % craignent les canicules et les vagues de chaleur ainsi que l’impact des inondations (soit 10 points de plus qu’en 2021). 45 % des sondés déclarent cependant avoir une mauvaise visibilité des risques climatiques sur leur chaîne de valeur. Cette visibilité se dégrade par rapport à 2021. Et de leurs conséquences sur les prix d’achat et leur notion extrafinancière Comme en 2021, l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie, ainsi que l’obligation de s’adapter à des exigences réglementaires sont identifiées par plus de 90 % des risk managers comme ayant un impact sur leur activité. Pour l’instant, ils se sentent peu concernés par les sujets de notation extra-financière et financement responsable « Une entreprise qui pense à la construction d’une usine en Asie du Sud-Est, qui aura une durée de vie de vingt à trente ans, doit avoir une réponse plus riche que le simple prix de l’année. L’assurance doit éclairer sur le risque d’assurabilité sur cet horizon de temps. » Antoine Denoix, Axa Climate. « Nous sommes prêts à payer ces services. » Michel Josset, Amrae.

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