ATOUT RISK MANAGER N°35 I HIVER 2022-2023 32 Dossier - La prévention pour se protéger, bien plus que l’assurance pu constater qu’en Chine, il était possible de mettre des pans entiers de l’économie à l’arrêt dans le cadre de la politique zéro-covid. C’est en Chine aussi que le confinement a vu le jour en 2020, mais c’est aussi là-bas qu’il a encore eu cours en 2022. Pourtant, il n’est pas facile de réduire son exposition aux fournisseurs chinois. Cela fait plusieurs années qu’Apple tente de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’empire du Milieu et de Foxcon en allant vers l’Inde. La production y a démarré avant le Covid, en 2017, cantonnée à des téléphones d’anciennes générations. C’est seulement cinq ans plus tard que les iPhone les plus récents y ont été produits. De plus, il serait simpliste de penser que raccourcir sa cha î ne logi s t ique et di ver s i f i er ses approvisionnements suffit à se protéger d’une défaillance. « I l faut introdui re le paramètre du r isk management dans la supply chain, et ne pas seulement se focaliser sur la qualité et le prix. Ainsi, il ne faut pas négliger la robustesse du fournisseur, notamment dans le contexte économique actuel », souligne Michel Josset. Le premier problème est la multiplicité des fournisseurs, qui peut se chiffrer en milliers dans des industries où la chaîne logistique est complexe, comme dans le secteur automobile ou aéronautique. Les données nécessaires à l’analyse de la fiabilité d’un fournisseur sont multiples : l’éloignement, la solidité financière, la situation géographique précise du site de production. Hiérarchiser le poids des défaillances Toute défaillance d’un tiers n’a pas non plus la même importance. « Il faut en priorité différencier les fournisseurs vi taux des fournisseurs stratégiques. Les premiers font courir un risque mortel à très court terme à l’entreprise de par leur nature, alors que les seconds affectent l’avenir de l’entreprise à moyen terme », souligne Frédéric Jousse. « Dans le contexte actuel, la prévention des risques de la chaîne de sous-traitants pour un grand compte peut consister à aider les PME, qui sont ses partenaires, à mettre en place leur propre outil de surveillance. C’est particulièrement important pour les fournisseurs identifiés comme critiques », estime Julien Hornacek, directeur Europe ERM et Résilience chez WTW. Élargir le nombre de fournisseurs pour un composant donné sans tenir compte du fait que les usines de production des deux concurrents sont dans la même région ne protège pas en cas de nouvelles pandémies et de confinement, ou tout simplement en cas d’évènement climatique comme l’inondation d’une vallée qui va paralyser toutes les usines sur place. « L’interdépendance des risques est un fait : les risques RH rejaillissent sur le bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement car la pénurie de main-d’œuvre est très marquée dans le secteur du transport et de la logistique. » Julien Hornacek, WTW.
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