ATOUT RISK MANAGER N°35 I HIVER 2022-2023 26 Dossier - La prévention pour se protéger, bien plus que l’assurance « Apprendre à survivre aux coupures d’électricité, un mal inconnu en France. » Lamis Aljounaidi, Paris Infrastructure Advisory. Lamis Aljounaidi, économiste de l’énergie et directrice, Paris Infrastructure Advisory. Comment se pose la question de l’approvisionnement en énergie pour les autorités publiques que vous conseillez ? Lamis Aljounaidi : C’est un sujet très important. Le maintien de l’activité économique est un objectif essentiel des autorités publiques, mais le problème ne se pose pas de la même manière selon qu’ i l s’agi t d’entrepr ises industrielles électro-intensives, ou du secteur tert iai re. Dans le contexte actuel , deux questions se posent : le prix et la disponibilité, avec la quest ion de possibles coupures d’électricité. Se pose-t-elle différemment à l’étranger ? L.A : La France est un peu un cas à part car les coupures nous sont inconnues à la fois à cause d’une obligation de raccorder, et d’approvis i onnement cons t ant . L’ ob l i ga t i on de raccordement existe dans d’autres pays, mais pas partout, et pas aux États-Unis notamment. Dans de nombreux pays, les choses se passent très différemment et avant la crise de l’énergie, il fallait déjà faire avec des coupures, rares mais existantes. Pour cette raison, et notamment aux États-Unis et en Austral ie, les si tes des entreprises sont plus souvent équipés de moyens de production sur place. En Allemagne par exemple, le stockage d’électricité sur site est très développé. Face à la crise, les outils disponibles pour les entreprises sont donc très différents. Quelle leçon en tirer ? L.A : Actuellement, en France, très peu de sites ont une possibilité de production d’électricité – le stockage sur-place pour faire face à une éventuelle coupure est insignifiant. Quand elle ex i s te, cel a fa i t par t ie d’un processus d’optimisation : une entreprise qui produit de la chaleur au cours de son process industriel peut produire de l’électricité sur son site pour améliorer son rendement énergétique. Mais la donne a changé. Désormais, les entreprises devraient envisager d’ajouter de la production d’électricité sur site, avec stockage, ce qui leur permettrai t aussi de composer avec les éventuelles coupures de deux heures. Cette option permettrait de gérer le risque de délestage. Avec la hausse du prix de l’énergie, et les subventions pour encourager l’installation de panneaux photovoltaïques avec stockage, cela devient intéressant en termes de maîtrise des coûts.
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