ATOUT RISK MANAGER N°35

ATOUT RISK MANAGER N°35 I HIVER 2022-2023 25 Dossier - La prévention pour se protéger, bien plus que l’assurance Quels sont les secteurs et les entreprises les plus menacées ? Toute l’économie subit ces trois chocs. Mais les industries qui consomment beaucoup d’énergie, comme la chimie, les métaux, le papier, le plastique, et les transports sont les plus touchés. Celles qui ont un pouvoir sur leur prix de vente sont dans une situation moins délicate. Le choc de l’inflation affecte beaucoup les entreprises très tributaires du niveau de consommation des ménages, comme le textile et l’habillement. Et, comme d’habitude en cas de crise, les plus petites entreprises sont les plus vulnérables. Les derniers chiffres sur les défaillances d’entreprises en France, pour les mois d’août, septembre et octobre 2022, montrent qu’elles restent toujours en retrait par rapport à 2019, mais qu’elles ont augmenté et sont désormais bien au-delà des bons chiffres de 2021. Le rattrapage se fait pour l’instant sur les plus petites entreprises dont le chiffre d’affaires est en deça de 250 000 euros. Quelle est l’intensité prévisible de cette crise ? On évoque effectivement une période difficile, mais cela n’a rien à voir avec la crise de 2008 ou celle du Covid ! Début 2022, la trésorerie des entreprises était extrêmement confortable. Aujourd’hui, les coussins pour amortir le choc sont moins épais. La question la plus délicate est celle du prix du gaz car l’industrie européenne, en particulier en Allemagne, a bâti leur compétitivité sur du gaz à prix abordable. Le contexte européen est-il différent de la situation mondiale ? L’inflation est omniprésente. L’augmentation des taux de la Fed touche les pays émergents dont une partie des capitaux afflue vers le marché américain, occasionnant une dépréciation des monnaies locales et une accélération de l’inflation. Au Brésil, la banque centrale a été contrainte de relever son taux directeur de 2% à 13,75 % en un peu plus d’un an. L’exception européenne, c’est le prix de l’énergie. De nombreux pays et de nombreuses zones ont leurs propres ressources. C’est le cas des ÉtatsUnis et du Canada, mais aussi de l’Amérique du Sud. En Asie, les nations s’approvisionnaient déjà en gaz naturel liquéfié avant le conflit russoukrainien. L’Europe se trouve donc la zone la plus touchée par les restrictions d’approvisionnement sur le gaz russe. « À fin 2024, le taux d’inflation sera encore au-delà de ce que nous connaissions depuis plusieurs décennies. » Quelques principes pour réagir face à la crise énergétique 1 - Installer une gouvernance dédiée à la crise énergétique • Un comi té de pi lot age va impl iquer toutes les fonctions appelées à intervenir sur le sujet : achats et approvisionnement, industr ie, réglementaire, c ommu n i c a t i o n , RH, r i s k ma n ageme n t . S e s responsabilités sont de : • Définir et mettre à jour régulièrement les scénarios d’évolution du risque et la stratégie pour y faire face, en fonction des forces et faiblesses identifiées • Piloter les groupes de travail • Rendre compte à la direction générale de l’avancée des missions. 2 - S’assurer que les mesures essentielles, adaptées à la situation de l’entreprise, sont bien prévues et les responsabilités attribuées • Mise en place d’une veille sur l’évolution de la situation générale, des décisions politiques, des relations avec les autorités • Stratégie d’achat • Stratégie d’économie d’énergie globale et au niveau des sites, afin d’identifier les opportunités d’économies qui pourraient être durables • Mise en place de plans de continuité d’activité en cas de coupures d’énergie et en cas de défaillance d’acteurs-clé : définir des fournisseurs de secours, prévoir des stocks de sécurité etc. • Mise en place de plans de crise en cas d’incident majeur • Analyse de la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement, en incluant les acteurs externes comme les fournisseurs, les prestataires et les partenaires, etc.

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