ATOUT RISK MANAGER N°34 I AUTOMNE 2022 23 Dossier - Sur la ligne de crête L’avis de l’Amrae François Beaume, vice-président et Alain Ronot, trésorier de l’Amrae, copilotes de la publication sur l'état du marché 2022. Cette nouvelle édition 2022 de l’état du marché n’est pas très optimiste quant à l’évolution des primes, ainsi que des termes et conditions des contrats d’assurance. Après une séquence de hausses et de corrections, principalement orchestrée ces dernières années par les assureurs directs pour redresser leurs résultats, et poursuivie du fait de la crise Covid, ce sont maintenant les réassureurs qui vont peser sur les renouvellements 2023. Les bouleversements du monde, géopolitiques, climatiques, digitaux ou sociétaux se répercutent de manière globale sur les tendances de renouvel lement des différentes branches d’assurances, notamment via l’inflation. Cet impact transverse est complété par des facteurs techniques spécifiques selon les lignes d’assurances, conduisant à de nouvelles baisses de capacités, à des hausses de tarif et de franchises, notamment sur les lignes exposées à l'impact du changement climatique. Le tout pouvant être renforcé si le secteur d’activité de l’entreprise est perçu comme risqué par le marché. Ce deuxième temps de la valse des conditions est-il le prélude à d’autres mouvements ? Difficile de le dire à ce jour. Il est néanmoins certain que les risk managers vont devoir encore anticiper, communiquer et expliquer ces tendances en interne, avant, pendant et après le cycle de renouvellements. Et surtout mettre en valeur auprès du marché les actions et les résultats en matière de protection et de prévention, pour espérer avoir prise sur le cours des choses. Les processus de souscription se sont allongés et sont plus complexes. Toutes les entreprises doivent donc se mobiliser, quelle que soit leur taille, de la PME à la grande entreprise internationale, et encore mieux communiquer auprès des assureurs, suffisamment en amont, avec le support de leur courtier, afin d’essayer de peser sur ces renouvellements et d’améliorer les partenariats avec les assureurs. client, en connaître les contraintes et enjeux » renchérit André Lavallée. Sur le marché actuel, les assureurs regardent aussi la maîtrise des capitaux assurés et la cohérence des programmes de garantie. Ils apprécient également une approche globale des risques, incluant dommages, RC et RCMS, qui rend l’entreprise plus attractive. « Loin d’être anecdotiques, les critères ESGet RSE deviennent également des prérequis à toute discussion. Les assureurs y sont très sensibles et ont un avis sur la conduite ESG et l’activité de leurs clients. Les entreprises se structurent pour les transmettre, certaines ont une forte pression de leurs actionnaires pour progresser rapidement », estime Frédéric Lucas. Les entreprises sont également de plus en plus attentives aux engagements de leurs assureurs et courtiers en la matière, ce qui pourrait les conduire à revoir certains de leurs choix de partenaires. La notion de partenariat reprend sens Le constat est partagé : c’est au moment où les entreprises ont le plus besoin de garanties qu’il en existe lemoins sur lemarché à des conditions raisonnables. « La réduction de l’appétence au risque des assureurs a mis à mal la relation clientassureur » reconnaît Mylène Poisson-Lebel. Cela a pu engendrer une forme de perte de confiance envers les assureurs. « Je constate même une forme de défiance. À nous de recréer du lien, en jouant le rôle d’assistant à maîtrise d’ouvrage » confie Grégory Allard. Car la relation tripartite existe toujours. Pour Cyrille Brand « le mot « partenariat » commence à réapparaître dans les messages des assureurs. On commence à voir la fin du diktat de ces dernières années». Preuve que ça va (un peu) mieux : les LTA (Long Term Agreement) sont réapparus. Et la tendance s’est confirmée en juillet et en octobre. « Parler aux assureurs est plus que jamais d’actualité. Après une période de travail à distance imposée par la situation sanitaire, les acteurs sont ànouveauplus présents, rendant possible des réunions en présentiel, gage d’une plus grande efficacité », précise André Lavallée, confiant. « Pour autant, compte tenu des bons résultats techniques des assureurs au premier semestre 2022, les assurés vont être très attentifs à ce que l’inflation ne serve pas de prétexte à un nouveaudurcissement dumarché », avertit Denis Bicheron. n
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