ATOUT RISK MANAGER N°33 I ÉTÉ 2022 55 Veille et position - Conflit Russie-Ukraine chose à attendre en termes de politique budgétaire : quand l’offre est contrainte, soutenir la demande ne sert qu’à créer de l’inflation », explique Jean-Christophe Caffet. En conséquence, Coface a revu ses prévisions de croissance à la baisse d’1,5 point et d’inflation en hausse de 2,5 points. « Une coupure complète des approvisionnements en gaz russe provoquerait un choc récessif massif, de l’ordre quatre et six points de PIB. » Le calcul est simple : 10 % de l’énergie consommée en Europe est du gaz russe. « L’élasticité du PIB à l’énergie est de 0,6 à 0,7, explique Jean-Christophe Caffet. Cela signifie que chaque point d’énergie en moins génère une baisse du PIB de 0,6 à 0,7 point. » CQFD. Sanctions et contre-sanctions Les sanctions occidentales contre la Russie et les contre-sanctions prises en représailles ne devraient pas arranger les choses. L’Union européenne a adopté son sixième paquet de sanctions en juin 2022. Ce qui produit un ensemble « complexe, avec de nombreuses listes, des évolutions fréquentes et rapides, des textes qui s’empilent et des prohibitions parfois similairesmais pas complètement identiques des deux côtés de l’atlantique », explique Pauline Arroyo, avocate associée au seindu cabinet HFW. Certaines de ces sanctions sont « purement cosmétiques, mais d’autres ont ou auront un impact fort sur laRussie », estime Jean-Christophe Caffet en citant notamment la déconnexion du système de messagerie interbancaire Swift et les interdictions d’exporter des matériels technologiques vers la Russie qui se retrouve « isolée technologiquement et commercialement, ce qui devrait lui valoir une récession de 5 à 10 % en 2022. » Les sanctions américaines relèvent de deux organismes : l’Ofac (Office of Foreign Assets Control) pour les sanctions financières, les gels d’avoirs et les restrictions d’importations ; le BIS (Bureau of Industry and Security of the US Departement of commerce) pour les restrictions d’exportations. « Attention, prévient Pauline Arroyo, ces sanctions ont une portée extraterritoriale : dès lors qu’une entreprise exporte vers la Russie un produit ou un service comportant un bien ou une technologie en provenance des USA (même très accessoire) elle peut être visée. Les contrôles sont très stricts. » En réponse à la question d’un internaute qui l’interroge sur l’intensification des sanctions et l’impact qu’elles peuvent avoir sur notre économie, Thierry Apoteker relativise : « Le véritable enjeu, ce sont les exportations d’hydrocarbures et demétaux. Elles représentent l’essentiel des recettes en devises de la Russie et lui évitent l’asphyxie financière. Or, du fait de la hausse des prix du gaz et du pétrole, ces recettes ont atteint des records historiques en février et mars 2022. » Guerre hybride Le scénario d’expansion géographique du conflit russo-ukrainien n’est pas le plus probable, « mais c’est le plus inquiétant, estime Thierry Apoteker. Si les forces russes ne parviennent pas à maîtriser les territoires visés, si la résistance des forces ukrainiennes interdit aux autorités d’accepter un compromis, une confrontation directe avec les nationales occidentales ne peut être exclue. Elle pourra prendre la formed’un conflit hybride, avec des cyberattaques et des opérations de déstabilisation politique. » Nous sommes déjà dans une situation queBenoit Grunemwald, expert en cyber sécurité à Eset La guerre, c’est d’abord du sang et des larmes en Ukraine. Et des conséquences géopolitiques, économiques et sociales pour le reste du monde. Elles ont été décryptées par Ludovic Subran (Allianz), Benoit Grunemwald (Eset), Christophe Suptil, (International Sos), Jean-Baptiste Ory (Aon).
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