ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 77 Actualités de l’AMRAE - Publications L’assurance : portée disparue Une partie des risques de la supply chain n’est pas assurable : faillite d’un fournisseur, destruction par une catastrophe naturelle d’infrastructures de transport, attaque informatique chez un prestataire. Mais pour ce qui l’est « la situation est encore plus dramatique que les années précédentes » déplore Laurent Giordani. Le marché connaît une attrition historique avec la disparition de certains acteurs et la diminutionde capacités, des augmentations de primes et de franchises qui « vident de sens certaines garanties (carences, rappels de produits…) ». « La question posée aux entreprises » soulève KYU « n’est plus de trouver comment assurer son risque supply chain, mais de s’assurer tout court. » n LA GUERRE EN UKRAINE A EXACERBÉ CERTAINES TENSIONS Le prix de l’énergie s’est envolé avec un baril dépassant les 100 dollars. L’industrie est touchée par l’interruption des exportations de terres rares, de lithium ou de néon. En matière d’agriculture et d’industries groalimentaires, l’Ukraine ne délivre plus son huile de tournesol qui rentre dans la composition de nombreux produits alimentaires. La production d’engrais qui s’appuie sur d’importants volumes de gaz naturel va également souffrir. LA RÉSILIENCE DE LA SUPPLY CHAIN : UNMODÈLE À 5 AXES 1. Prévention, d’abord et toujours Il faut encore renforcer la visibilité sur ses fournisseurs de rang un à trois et sécuriser par une nouvelle politique de stocks pour absorber les chocs d’offre et demande. Ensuite être capable de détecter la crise au plus vite et la suivre au plus près. La mise en place de « watchovers » pour fiabiliser les outils de localisation, de suivi des zones de sourcing et les hubs logistiques se développe. Ceci ne fonctionnera qu’à la stricte condition de collaboration forte entre tous les acteurs et de modélisations nouvelles. 2. Agilité Elle s’acquerra au prix de solides investissements pour multiplier ses sources d’approvisionnement et intégrer des savoirs faires critiques à l’instar de l’industrie du luxe. Les industriels chercheront à ouvrir de nouvelles voies d’approvisionnement et disposer des solutions multimodales. Quant aux nouveaux mouvements de localisations ou aux appels à la relocalisation, on les constate dans les pays limitrophes à la Chine où la main-d’œuvre reste moins onéreuse, ou plus proche des marchés locaux. « Une relocalisation n’a de sens que si elle est viable économiquement parlant ou répond à des impératifs stratégiques. Mais rappelle Laurent Giordani, «on ne relocalisera des productions disparues depuis 30 ans en France. » L’agilité s’appliquera aussi à la protection financière. Une gestion des risques robuste permettra de réduire les conséquences financières assurables et facilitera le dialogue avec les assureurs ; le recours à des solutions alternatives de transfert de risques pour les ETI et grandes entreprises permettra un partage du risque assurable plus facile à couvrir. 3. Adaptabilité Il est possible de renforcer les modèles de prévisions et ses propres modèles internes de planification en s’appuyant sur des ERP « demand driven » 4. Sécurité Traçabilité des flux, cybersécurité et conformité doivent guider les industriels pour la protection de leur chaîne logistique 5. Durabilité « Celle de la supply chain est indispensable » pointe ThibaudMoulin : le respect de la santé et de la sécurité, les droits humains de l’environnement et la réductionde l’empreinte carbone ne sont pas négociables. » «Une relocalisation n’a de sens que si elle est viable économiquement parlant ou répond à des impératifs stratégiques. On ne relocalisera des productions disparues depuis 30 ans en France.» Laurent Giordani, associé fondateur du cabinet KYU «Le respect de la santé et de la sécurité, les droits humains de l’environnement et la réduction de l’empreinte carbone ne sont pas négociables. » Thibaud Moulin, associé chez KYU
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