ATOUT RISK MANAGER N°32

ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 74 Actualités de l’AMRAE - Publications Coproduit avec l’AMRAE, France Supply Chain et l’École des Arts et Métiers, cette troisième édition a montré à quel point la chaîne logistique vivait à la fois une surchauffe de longue haleine et était devenue un enjeu politique et sociétal. Les plans de de relance colossaux en Europe et aux États-Unis, au moment de l’enquête, a permis d’afficher 6,8% de taux de croissance en France quand le reste de l’économie mondiale était à 5,9%. La demande s’est accélérée, mais l’offre a mis du temps à réagir, avec nombre de contrecoups. « Le risque supply chainest un risque systémique » martèle Laurent Giordani, associé fondateur du cabinet. 10 facteurs de risques expliquent cette inertie et cette lenteur, accompagnées de hausses tarifaires visibles dans tous les segments de marché. Manque de capacités La crise des semi-conducteurs illustre parfaitement de ce déficit. La crise sanitaire (arrêt de fonderies à Taïwan) corrélées à la sécheresse (l’eau est un élément clé de la fabrication) et la vague de froid au Texas ont fait chuter dramatiquement les capacités de production alors qu’explosait la demande de produits électroniques. En ameublement ou en habillement et construction immobilière, les industriels ont été surpris par la vigueur de la reprise, alors que leurs stocks étaient écoulés. Embouteillages « Deux chiffres caractérisent l’engorgement logistique mondial : les conteneurs attendent de 7 à 12 jours pour être ramassés, contre 3 habituellement. Le prix d’un transport de Shanghai à Los Angeles est passé de 1 500 à un pic de 30 000 dollars pour un conteneur pour redescendre aux alentours de 10 000 dollars » illustre Thibaud Moulin associé chez KYU. Les à-coups de fermeture ouverture des Chinois des usines et villes à cause de la reprise de la pandémie soutiennent cet engorgement en 2022. À noter : en Europe, la pénurie de chauffeurs routiers est le facteur majeur impactant la supply chain : il en manque environ 400 000 dont 124 000 en Pologne. Salaire et conditions de travail sont discriminants, surtout en période inflationniste. Le risque d’approvisionnement Pour KYU, c’est la diversification des sources et bassins géographiques qui sera la réponse, surtout à l’aune des coûts du transport. La relocalisation dans l’hexagone appelle des investissements souvent trop lourds et longs pour l’économie nationale. Pour les secteurs stratégiques, cela ne pourra passer que par une mobilisation au niveau européen. Pour les semiconducteurs, les Européens annoncent un plan 43 milliards d’euros sur huit ans - mais dont une partie a déjà été avalée par le plan de relance - 52 milliards de dollars sur six ans pour les Américains et 150 milliards sur dix ans pour les Chinois. Le retour de l’inflation 5% en zone euro, 3% en France, 7% aux ÉtatsUnis, l’inflation est concrète et appréhendable par tous les acteurs économiques. Prix de l’énergie, des transports, hausse nécessaire des salaires, consommation des ménages, la spirale inflationniste est installée. À suivre de près les politiques de taux d’intérêt des banques centrales et les politiques de maintien partiel ou total de marges des entreprises pour ménager leurs clients. Risque cyber Systémique par essence, il est désormais consubstantiel de la supply chain, où nombre de soustraitants travaillent encore avec de vieux systèmes d’information aux C’était la fin de l’automne 2021. La planète commençait à se décadenasser, l’idée même d'une guerre en Europe effleurait à peine les esprits. La chaîne logistique et ses responsables vivaient déjà de très fortes tensions, comme en ont témoigné les plus de 100 directeurs achats, RiskManagers et directeurs de la logistique interrogés alors par KYUAssociés1. Analyse sur les principaux facteurs de risque. 3e baromètre KYU des risques supply chain avec l'AMRAE «Le prix d’un transport de Shanghai à Los Angeles est passé de 1 500 à un pic de 30 000 dollars pour un conteneur pour redescendre aux alentours de 10 000 dollars. » Thibaud Moulin, associé chez KYU 1. Les répondants étaient issus de 15 secteurs d’activité, répartis pour 35 % dans l’aéronautique/ défense/automobile, 21 % dans le luxe et la distribution, 21 % pour les réseaux et services et 23 % dans d’autres secteurs industriels.

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