ATOUT RISK MANAGER N°32

ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 59 Dossier - Prenons les risques d’un nouvel élan Dominique Carlac’h, Vice-présidente et porte-parole du MEDEF «COMME LES SPORTIFS, LES ENTREPRISES GÈRENT LE RISQUE AU QUOTIDIEN» Championne de F r a n c e j u n i o r du 400 mètres, Dominique Car lac’h a endossé une dizaine de fois le maillot des Bleues à l’international en individuel et en relais. Dirigeante d’une entreprise de conseil en innovation, elle est depuis 2018 Viceprésidente et porte-parole du MEDEF. « Le constat sur l’urgence et la nécessité de changer les choses, nous le partageons tous ! Et s i ce n’est pas le cas , cet te prise de conscience va arriver… par nos enfants. Cette transformation nécessite des investissements colossaux, notamment pour les ent repr i ses, tant sur le plan technologique et industriel que sur le plan humain, au travers de la formation. Mais nous sommes face à un paradoxe : celui de la nécessité de gérer à la fois l’urgence et le temps long. Car il peut parfois apparaître compliqué de se dire qu’on va investir massivement sans obtenir de résultats rapides. I l faut néanmoins avoir le courage de prendre ce risque. Les sportifs de haut niveau aussi prennent des risques, et pour les aborder dans les meilleures conditions, i ls ont recours à deux outi ls : un plan d’entraînement et une stratégie. Le premier consiste à se fixer un objectif et à planifier la performance en faisant un diagnostic de ses forces et faiblesses. Le risque majeur du sportif, c’est de se blesser en s’entraînant. Je l’ai appris très tôt, dès 12 ans. Quant à la stratégie, el le est déterminante. Stéphane Diagana par exemple partait toujours très vite aux 400 mètres pour fatiguer ses adversaires, c’était sa stratégie, et elle a payé. Personnellement, comme sur les pistes autrefois, j’utilise ces deux outils pour gérer les risques dans ma vie professionnelle. En tant que spécialiste du conseil en innovation, je pèse toujours les r i sques relat i fs avant de décider. Il faut vraiment avoir confiance dans les entreprises, car el les gèrent le risque au quotidien. » l’année précédente, et de celle d’avant, et de celle d’il y a dix ans… Nous avons alors passé la surmultipliée en allant au-delà du seul bilan carbone, dont l’approche est purement comptableet désincarnée. Et nous nous sommes intéressés aux territoires et aux populations que nous faisons vivre ». Dépasser les indicateurs financiers Pour Antoine Denoix, « la révolution culturelle des entreprises se joue sur la compréhension du vivant. La clé de compréhension, c’est la science. Cela signifie que toutes les directions opérationnellesdoivent s’ouvrir à laconnaissance du vivant ». Ce que Sylvain Prévot essaie de promouvoir au sein de la Convention des entreprises pour le climat, créée sur le modèle de la convention citoyenne : « En neuf mois de séminaire, à raison de six sessions de trois jours, nous formons 150 dirigeants d’entreprises de toutestaillesetdetoutesoriginesgéographiques. Ces dirigeants ont une certaine conscience des enjeux climatiques, puisqu’ils acceptent d’y consacrer tout ce temps. Mais ces formations leur font l’effet d’un électrochoc ». La formation est, à ses yeux, un enjeu majeur : « Si vous ne passez pas au moins 20 heures sur les enjeux du développement durable, vous ne pouvez pas les comprendre ». Mais cela ne suffit pas : « Il faut aussi réinventer lamanière de compter. Arrêtons de penser que les indicateurs financiers reflètent le sentiment de progrès qu’une entreprise est censée représenter ». « La situation est beaucoup plus grave qu’on ne l’imagine », a abondé AnneCatherine Husson-Traore. « Les entreprises doivent se réinventer ». La bonne nouvelle, c’est que de nombreux outils sont en train de se mettre en place. « En Europe, les investisseurs institutionnels vont devoir publier des informations sur la façon dont ils gèrent le risque climatique, et sur les types d’actifs qu’ils ont investis dans le vert. C’est une révolution majeure. Mais peu d’entreprises l’ont vraiment compris ». Ainsi, le risque climatique est progressivement pris en compte dans la politique monétaire : « Ça change la donne! », se félicite Noam Leandri. « Une entreprise qui n’aura pas pris le tournant de la transition écologique seramal cotée. Elle ne sera donc pluséligibleauxopérationsderefinancement de laBanque centrale. Et elle aurabeaucoup plus de mal à se financer ». La révolution sociétale et environnementale sera donc également comptable et financière. n «On parle de risques mais il y a aussi les opportunités qui vont avec. La croissance verte et les technologies de demain sont des sources de croissance et de nouvelles activités pour les entreprises. » Noam Léandri, Secrétaire général de l’Ademe

RkJQdWJsaXNoZXIy MTU2MTAzNg==