ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 55 Dossier - Prenons les risques d’un nouvel élan Amélie Breitburd a insisté sur le fait que « le problème des entreprises européennes, c’est qu’elles ne s’assurent pas assez. Pour des économies de taille équivalente, le taux de pénétration de l’assurance n’est que de 2 % en Europe alors qu’il est de 3 % aux États-Unis ». À ses yeux, « le taux de couverture est la clé de la garantie des risques systémiques ». Hervé Houdard a estimé pour sa part que ce phénomène de non-assurance peut s’expliquer : « Quand, pour des risques dommages ou cyber, on leur annonce 2 M€ de prime pour 15 M€ de garantie avec 3 M€ de franchise, certaines entreprises préfèrent prendre le risque de ne pas s’assurer », a-t-il résumé. Quitte à se couvrir elles-mêmes, par le biais de l’auto-assurance. Assurabilité des grands risques : qu’attendre des captives? « Quand une entreprise ne s’assure pas, elle crée de la volatilité dans son compte de résultat » a rappelé Brigitte Bouquot. « Sans le savoir, elle fait donc de la mutualisation dans le temps. Aujourd’hui, il faut coupler les deux modèles : la mutualisation dans l’espace (le principe de l’assurance) et la mutualisation dans le temps. La bonne façon de le faire, c’est l’auto-assurance. Et c’est ce que nous avons essayé de développer avec le ministre de l’Économie, des finances et de la relance Bruno Le Maire » (ndlr : dans le cadre du projet de « captive à la française » visant à sécuriser son cadre juridique et financier). Brigitte Bouquot en est convaincue : « Le développement des captives va permettre de débloquer la situation ». « Nous sommes favorables à cedispositif » a aussitôt réagi Franck Le Vallois. « Nous soutenons évidemment l’idée de créer des captives en France plutôt qu’au Luxembourg. Mais cela soulève deux problématiques que nous devons traiter collectivement : l’inégalité devant l’impôt dès lors que ce traitement fiscal spécifique ne bénéficie qu’à certains acteurs ; et le fait qu’un tel dispositif puisse être qualifié par Bruxelles d’aide d’État ». La captive à la française ne verra donc pas le jour durant cette mandature. « Mais l’important, c’est que les mentalités changent », a estimé Brigitte Bouquot. « Enfin, les captives ne sont plus seulement vues comme des outils d’optimisation fiscalemais comme des leviers de Risk management ». Des témoignages probants Deux entreprises de taille et de culture très différentes sont venues en témoigner lors de l’atelier consacré aux captives, « enjeux de la souveraineté économique et de la compétitivité des entreprises ». « Notre captive est un héritage de l’histoire du groupe », a expliqué Emmanuel Laugier, Directeur des assurances d’Orano (ex-Areva). « Créée au Luxembourg par Framatome en 1999 sur la base d’une activité de réassurance, elle a depuis été rapatriée en France et fait aussi de l’assurance. Orano Assurance et réassurance est une société consolidée avec 123 M€ de bas de bilan et 4 M€ d’encaissements. Le nucléaire est une branche de l’assurance compliquée car il n’y a pas de marché concurrentiel. Les assureurs se sont organisés en pool, depuis le lancement du nucléaire civil, «En matière de risque climatique, 2021 est la quatrième plus mauvaise année après 2004, 2011 et 2017 : les catastrophes naturelles ont coûté 105 milliards d’euros aux assureurs. » Bruno Mostermans, Directeur général de Swiss Re Corporate Solutions «Les entreprises européennes ne s’assurent pas assez. Le taux de couverture est la clé de la garantie des risques systémiques. » Amélie Breitburd, CEO de Lloyd’s Europe «Orano Assurance et réassurance est une société consolidée avec 123 M€ de bas de bilan et 4 M€ d’encaissements. » Emmanuel Laugier, Directeur des assurances d’Orano
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