ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 53 Dossier - Prenons les risques d’un nouvel élan Point de rupture ou phase transitoire? Les avis sont partagés à l’issue d’une année 2021 qui semble marquer les limites dumodèle assurantiel actuel. Les pistes complémentaires et alternatives continuent d’être explorées en profondeur, comme l’auto-assurance et la mise en place de captives pour les grands risques, avec en toile de fond une véritable prise en compte des enjeux du développement durable. « Dépassons nos désaccords et recherchons la concorde. Quenous levoulionsounon,noussommes interdépendants », avait adressé dans son discours d’ouverture Oliver Wild, le président de l’AMRAE, à destination des assureurs. Un appel à la concorde qui semble plus que jamais d’actualité, tant la pandémie semble avoir marqué un point de rupture entre les assureurs et les entreprises. « Nous avons vécu une situation qui laissera des traces » a estimé Brigitte Bouquot, Présidente de l’association sommitale d’AG2R La Mondiale et vice-présidente de l’AMRAE, lors de la première plénière du vendredi. « Le relèvement des franchises, qui ont parfois été multipliées par six, l’augmentation des primes de 30 % à 60 %, la réduction voire l’assèchement des capacités pour certains risques ont renchéri le coût de l’assurance ». Ils ont aussi, et « c’est encore plus dommageable », débouché sur « une formedepertedeconfiance. Les entreprises ont le sentiment que les assureurs ne veulent plus assumer les risques de l’économie réelle ». Vice-président du groupe de courtage Diot-Siaci, Hervé Houdard a abondé dans son sens et plaidé pour « un retour aux fondamentaux de l’assurance. En 2021, les renouvellements ont été un désastre : des assureurs qui accompagnaient des entreprises depuis des années leur ont dit, du jour au lendemain, « on arrête». Malgré leurs bonnes statistiques, malgré un relèvement des franchises, c’était non». Renforcer la robustesse et la résilience des entreprises Ce que les entreprises ont vécu comme un point de rupture, Bruno Mostermans, Directeur général de Swiss Re Corporate Solutions le voit plutôt comme un « retournement de cycle : le haut du cycle remonte à 2002-2003. En 20 ans, les taux n’ont cessé de baisser. Il y a donc eu une correction. Mais aussi, par exemple sur le risque cyber, un repositionnement ». Si retour aux fondamentaux il doit y avoir, Bruno Mostermans le caractérise par « un regain de technicité sur l’analyse de risques, les revues de contrats, les expositions à certains risques… La prévention devient plus primordiale que jamais en assurance dommage ». Et tout particulièrement dans le domaine du risque cyber, où « l’information n’est pas au niveau attendu par les assureurs alors que c’est une souscription très technique. Les renouvellements ont été très tendus, mais de la capacité s’est débloquée durant la dernière semaine de 2021. On devrait mieux anticiper l’année prochaine ». Le transfert des activités européennes de Lloyd’s à Bruxelles a permis, « en donnant accès à plus d’une cinquantaine de compagnies d’assurances, d’offrir davantage de capacités aux entreprises européennes », a aussitôt expliqué Amélie Breitburd, CEO de Lloyd’s Europe. « Cela leur permet une forme de diversification. Et comme 2021 a été une bonne année, nous devrions continuer à nous développer et à offrir plus de capacités ». «Les entreprises ont le sentiment que les assureurs ne veulent plus assumer les risques de l’économie réelle . » Brigitte Bouquot, co-présidente de l’association sommitale d’AG2R La Mondiale et vice-présidente de l’AMRAE
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