ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 42 Dossier - Prenons les risques d’un nouvel élan réglementaires sont très complets, mais les process de gestion de crise sont souvent lourds, dans les mairies comme dans les entreprises. L’accent doit donc être mis sur la régularité des exercices, quand c’est possible, afin de créer des réflexes efficaces ». Mieux prendre en compte les impacts Se poser les bonnes questions, c’est aussi ce que Bertrand Badré, CEO de Blue like an Orange SustainableCapital, ancien inspecteurdesfinances publiques, directeur financier de la Banque mondiale puis du Crédit Agricole à l’époque de la faillite de Lehman Brothers a décidé de faire. « La feuille de route planétaire depuis les accords de Paris en 2015 vise une économie inclusive, résiliente et durable. Mais notre système actuel n’est pas équipé pour nous amener naturellement vers cet objectif. J’ai donc décidé de créer les outils manquants et de démarrer mon action à partir des pays émergents en développement. Pourquoi?Car toutes les grandes batailles (climat, biodiversité, eau…) seront gagnées ou perdues dans ces pays-là ». Pour l’auteur de « Can finance save the world? », il est nécessaire de mobiliser aujourd’hui des ressources en Inde ou au Nigeria, pour y développer la santé, l’éducation ou l’agriculture, afin d’éviter que les Européens ne deviennent les « bobos »de laplanète. « Il faut bâtir une nouvelle approche inclusive, car le système actuel ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs de façon structurée. Tant que nous ne rentrerons pas dans le cœur de nos modèles, il n’y auraquedepetites avancées à lamarge. Lecouple risque/rendement a trouvé ses limites avec la crise financière, et nous ne l’avons pas réparé. Nous continuons à vivre avec, malgré les taux zéros… Il est grand temps de passer à un modèle risque/ rendement/impact, afin que le profit devienne un moyen et non une fin. C’est un sujet sérieux qui va prendre 20 ans! L’ESG n’est que la première marche de ce processus ». n «La finance doit se transformer pour devenir positive, elle doit oser le long terme dans ce monde qui nous pousse à l’urgence. » Fanny Letier, cofondatrice de la société d’investissement GENEO «Toutes les grandes batailles (climat, biodiversité, eau…) seront gagnées ou perdues dans les pays émergents en développement. Ne devenons pas les bobos de la Planète ! » . » Bertrand Badré, CEO de Blue like an Orange Sustainable Capital Marie-Ange Debon, Présidente du directoire du groupe Keolis (filiale transport urbain et interurbain de la SNCF) «NOTRE QUOTIDIEN, C’EST DE PENSER PRÉVENTION» Dans la galaxie des risques gérés par un opérateur public qui transporte chaque année plus de trois milliards de voyageurs dans le monde, et qui peine à recruter des conducteurs, quels sont les risques les plus disruptifs ? « Les data et la mutation vers la mobilité électrique » répond sans hésiter Marie-Ange Debon. Les entreprises de transport brassent des milliards de données en temps réel : flux quotidiens, trajets, affluence, habitudes de mobilité. Le défi, c’est de s’appuyer sur « la puissance de la donnée pour comprendre les besoins des usagers car aujourd’hui on connaît davantage les déplacements que les voyageurs ». Le Graal, c’est le MaaS (Mobility as a Service) : permettre, grâce aux données, d’avoir accès à tous les modes de transport d’un territoire en un seul clic. Mais le risque est de se voir siphonner ces précieuses données par les Gafam. Lorsque l’on produit un milliard de kilomètres de voyages par an, l’autre risque c’est l’accident. Keolis* déplore chaque année 24 400 accidents de bus et autocars et 1 300 collisions de trams avec des tiers. « Notre quotidien, c’est de penser prévention ». Le facteur humain et la maintenance prédictive sont ses maîtres mots. Interrogée sur le risque cyber en « forte croissance en interne, chez nos clients et nos fournisseurs », l’ancienne dirigeante de Suez évoque la mise en place d’un Cyber Security Operations Center, la revue des contrats avec les fournisseurs IT, la sécurisation des infrastructures et des terminaux et également des campagnes de sensibilisation en interne et à destination des collectivités locales, ses clientes de plus en plus exposées aux cyber attaques. * En France et à l’international (Royaume Uni, Inde, Chine, États-Unis, Australie, Dubaï, Qatar), Keolis exploite 10 réseaux de métros, 27 réseaux de trams, 10 réseaux de trains régionaux, 22 000 bus, 33 000 vélos en libre-service.
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