ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 41 Dossier - Prenons les risques d’un nouvel élan Les transformations en cours (technologiques, concurrentielles, environnementales, sociétales) impliquent des stratégies nouvelles portées par tous les acteurs : politiques, militaires, entrepreneurs, sociaux, scientifiques. Ambition de la seconde table ronde de ces Rencontres? Réfléchir à la façon de concourir à cette performance plurielle. « Les failles du monde prépandémique sont toujours là, et la vague virale actuelle semble continuer de figer les constats, au lieu de provoquer le changement nécessaire. Il n’y aura pas de nouvel élan… sans prise de risque. C’est la raison même de nos Rencontres, construire ensemble cette dynamique collective. En pleine connaissance des vents contraires et porteurs », avait prévenu Oliver Wild, Président de l’AMRAE, dans son discours d’ouverture. Face aux transformations du monde actuel chaque acteur de la société, qu’il soit homme public, chef d’entreprise, dirigeant politiqueou simple citoyen, doit prendredes risques pour préparer les prochaines crises et bâtir une résilience collective. Invité à s’exprimer à la tribune sur le thème des risques, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, maire du Havre, a présenté plusieurs dimensions du risque auxquelles il a été confronté en tant que responsable public. Concernant les risques littoraux, il a estimé que « la gestion du risque n’est pas qu’une affaire de droit, mais aussi d’innovation et d’ingénierie : celle-ci ne devrait pas être écartée de la modélisation du risque ». Quant au risque technologique, il a partagé son interrogation : « comment pondérer dans le débat public les deux risques que représentent le nucléaire et le réchauffement climatique?Comment lesmettreenbalance? ». Unequestionqui letoucheparticulièrementpuisque lacommunauté urbaine du Havre compte 17 sites «Seveso seuil haut», un risque qu’il estime «bien accepté» par la population. Vers une finance durable « J’aime beaucoup le thème de cette table ronde : comment prendre des risques pour contribuer à bâtir une résilience collective plus durable » a reconnu pour sa part Fanny Letier aujourd’hui directrice générale de la société d’investissement GENEO, mais passée par Bercy (Comité interministériel de restructuration industrielle) et Bpifrance. Pour elle, prendredes risques est pertinent s’ils existent en face des opportunités à concrétiser. « Quand j’ai décidé de créer mon entreprise, oui, j’ai pris un risque. Mais j’ai vu en face de moi tout ce tissu de PME françaises qui ne demandent qu’à construire cette économie résiliente, en créant des emplois durables sur nos territoires. Àmon sens, la financeest làpour rendre possible ces rêves entrepreneuriaux et accompagner leur prise de risques ». La «Finance positive», pour celle qui a passé 10 ans au ministèredes Finances, c’est une financequi ose le long termedans ce monde qui nous pousse à l’urgence. Sur ce credo, sa société GENEO est parvenue à lever 300 M€ en trente mois. Quand elle investit dans des PME prometteuses, elle n’oublie pas de répartir la valeur créée, en rendant une partie de ses gains aux territoires et en encourageant l’actionnariat salarié. « Nous avons besoin d’une croissance durable où tout le monde s’y retrouve. Se contenter de RSE en réduisant les externalités négatives ne suffit plus, les entreprises doivent repenser leur positionnement stratégique pour rechercher un impact positif sur le monde ». Entreprises et responsables publics dans unmême élan Pour le maire de Deauville, Philippe Augier, cette nécessaire prise de risqueau serviceducollectif n’est pasque l’affairedes entreprises et de leurs dirigeants. « Le principe de précaution conduit souvent les hommes publics, et notamment les maires, à perdre le sens de l’audace et de l’entrepreneuriat. Il est compliqué aujourd’hui d’accepter la responsabilitéd’une ville, compte tenude lamultitude des plans de prévention, mais aussi des risques inhérents, notamment le risque cyber, le risque judiciaire et le risque de réputation » a-t-il ainsi reconnu. « Mais il faut se poser les bonnes questions et dépasser ledébat politique, car laquestiondes risques est majeure, tout comme celle de la gestion de crise et de la prévention ». Et Édouard Philippe d’ajouter : « les dispositifs «Le principe de précaution conduit souvent les hommes publics, et notamment les maires, à perdre le sens de l’audace et de l’entrepreneuriat. » Philippe Augier, maire de Deauville
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