ATOUT RISK MANAGER N°31

ATOUT RISK MANAGER N°31 I HIVER 2021-2022 7 Portrait socialiste Didier Migaud qui lui propose un poste de rapporteur à la Première chambre. EntrelacommissiondesFinancesdel’Assemblée et les magistrats financiers, la passerelle est naturelle. Un rapport public sur les niches fiscales, un autre sur l’assurance-vie, puis sur la lutte contre la fraude fiscale internationale : « J’ai épaissi mon profil, découvert le milieu de l’audit, du contrôle de gestion des politiques publiques, affiné mes compétences méthodologiques» , détaille Xavier Plée. «Je suis trop Troisième République» Son détachement de l’Assemblée touche à sa fin, retour en 2015 rue de l’Université, l’année des attaquesterroristes.Ilanimeplusieurscommissions d’enquête parlementaire, dont une sur les évènements survenus sur le barrage de Sivens et cellesur les attentatset la luttecontre le terrorisme. Il anime aussi la cellule de suivi permanent de l’état d’urgence voté le 20 novembre 2015. «J’étais à l’acme de ma vie parlementaire. En audition devant la commission d’enquête, j’ai entendu des hommes de la BRI (Brigade rapide d’intervention, ndlr) raconter leur entrée dans le Bataclan» évoque Xavier Plée . «Et j’ai vu des députés qui cherchaient à instrumentaliser ce drame national et ces actes de bravoure traumatisants à des fins politiciennes, sans recul sur les témoignages apportés. Je m’interrogeais sur leur mandat» . Et comme il se sent «trop Troisième République » , celle de Jaurès, Clémenceau, Blum, lui qui se destinait à la haute fonction publique plaque tout! «La vie politique m’avait épuisé, surtout dans son évolution "tout pour la com " . Pour ne pas mordre la ligne rouge (ndlr, sortir de son devoir de réserve), j’ai décidé de faire un break» . Et de partir loin, très loin… Batucada et santería En 2016, il vend son appartement parisien, quitte la fonction publique parlementaire et s’envole pour le Brésil. Fait de la batucada, découvre la santería à Cuba (culte vaudou) puis embarque ses deux filles alors âgées de 11 et 13 ans pour un tour du monde, et l’école à distance. «J’avais donné seize des meilleures années de ma vie à un idéal de démocratie parlementaire, ma désillusion était immense, j’avais besoin de me reconstruire» , raconte sans pathos Xavier Plée, sourire extra-large inlassablement accroché sur ses lèvres. De retour en France fin 2017, il crée une société de conseil en fiscalité et réalise plusieurs études pour la Société du Grand Paris. La troisième fait mouche, il répond à une question clé pour la survie de la SGP : un maître d’ouvrage public peut-il continuer à vivre sans fiscalité… et sans fiscaliste? Le coût du Grand Paris Express avait déjà dérivé de 19 à 35 milliards (36,1 milliards d’euros aujourd’hui). Des risques sous-estimés selon la Cour des comptes En 2018, un rapport de la Cour des comptes reproche à la SGP de sous-estimer ses risques, de ne pas s’être équipée pour les identifier, qu’aucune fonction audit n’a été mise en place. Coupde tonnerre! Une fonctionRiskManagement est créée, «mais elle a du mal à se faire entendre dans un univers de ‘technos’ et de couleurs de béton» , sourit Xavier Plée qui se voit plus en vulgarisateur et en lanceur d’alerte «qu’en expert Excel et Powerpoint » . Pour l’ex-handballeur de compétition, le Risk Management à la SGP est un sport de combat : «Il faut être costaud en conformité, en contrôle GRAND PARIS EXPRESS : LE CHANTIER DE TOUS LES SUPERLATIFS Deux cents kilomètres de métro automatique autour de la région  Capitale - autant que l’actuel métro parisien, quatre nouvelles lignes (voir la carte interactive), l’extension de la ligne 14, 68 gares, plus de 20 tunneliers, deux à trois millions de voyageurs quotidiens attendus : le Grand Paris Express (GPE) est un chantier titanesque. Démarré en 2016, il devait être initialement bouclé pour les Jeux Olympiques de 2024. Suite à une réévaluation de son coût de réalisation (le projet est passé de 19 à 36,1 milliards d’euros) et un changement de gouvernance, la Société du Grand Paris, l’établissement public créé en 2010 et chargé de la conduite du projet, a failli rater la ligne de départ. Les financements du GPE sont maintenant sécurisés, les tunneliers creusent sans relâche. À la suite à un recalage gouvernemental des échéances de mise en service, deux tronçons stratégiques seront livrés pour l’échéance des JO de Paris : jusqu’à l’aéroport d’Orly au sud de la ligne 14, et jusqu’au village olympique à Saint-Denis Pleyel, au nord de la même ligne. Puits Maréchal Leclerc à Massy. Descente de la roue decoupe du tunnelier © Gérard Rollando