ATOUT RISK MANAGER N°31

ATOUT RISK MANAGER N°31 I HIVER 2021-2022 48 Veille et position - Cinquième vague de la Covid-19 : la double vigilance Fatigue pandémique Deux ans après le début d’une crise sanitaire qui semble sans fin, une véritable fatigue pandémique se fait sentir. Ou plutôt une fatigue collective, si l’on se réfère à l’étude publiée le 26 novembre par la Fondation Jean Jaurès 1 qui décortique l’empreinte laissée par la pandémie sur les personnes, l’économie et, plus encore, la société. Cette fatigue est clairement identifiée par le groupe Mazars, qui met à jour chaque année la cartographie des risques engagée en 2018 : « Dans certains pays, le risque sanitaire reste prioritaire, » observe Léopold Larios de Piña, Head of Group Risk Management de ce groupe d’audit et de conseil et Vice-président de l’AMRAE. « En France, les risques liés à la santé mentale ont pris le dessus. C’est un sujet complexe, dont nous avons confié la supervision à un professionnel des RH chargé d’identifier des indicateurs de risques clés, de proposer un plan d’actions et d'en suivre la mise en œuvre. » Les risques portés par une conjoncture économique et sociale semblent presque secondaires : « La crise nous a montré que notre profession est résiliente, commente Léopold Larios de Piña. Les entreprises n’ont jamais eu autant besoind’avoir des informations financières de qualité. Nous avons pu leur montrer que nous étions en capacité de les produire en toutes circonstances. » n SOPHIE LILAS, DRH ADJOINTE DE MAZARS FRANCE : «Trouver le bon équilibre entre santé physique et psychologique» Comment vivez-vous cette cinquième vague de la pandémie ? Avec une certaine lassitude, comme tout le monde, mais aussi avec vigilance. Nous n’avons jamais baissé la garde, nous avons maintenu les gestes barrières. Mais la vaccination nous avait fait espérer une sortie de crise : nous avions ainsi relancé tous les moments de convivialité, les formations, les séminaires d’intégration… Ils ont évidemment été suspendus dès les annonces gouvernementales du 6 décembre dernier. Et le télétravail? Dans notre activité, ce n’est pas vraiment un sujet : bien avant la crise, nos collaborateurs étaient déjà nomades et équipés pour travailler à distance. Dès la mi-novembre, nous sommes donc passés à trois jours de télétravail par semaine au lieu de deux. En décembre, nous avons préconisé le retour au télétravail à 100 %, pour ceux qui le peuvent. Comment est-ce vécu par les consultants? Nous sommes très attentifs aux risques psychosociaux et nous communiquons beaucoup sur le droit à la déconnexion. Toute la ligne managériale – associés, directeurs et managers de proximité - a un rôle essentiel à jouer. C’est pourquoi nous les avons formés au management à distance. Lors d’un échange en visio, par exemple, ils ont pour consigne de brancher la caméra pendant les premières minutes de l’échange : ils peuvent ainsi avoir des indices sur l’état de santé, de confiance et d’engagement de leurs collaborateurs. Face à une telle pandémie, nous devons trouver le bon équilibre : protéger la santé physique sans altérer la santé psychologique. Certaines populations sont-elles particulièrement exposées aux risques psychosociaux? Nous nous inquiétons surtout pour les plus jeunes de nos collaborateurs : Mazars intègre chaque année un millier de personnes, dont 70 % de jeunes diplômés. Quand ils font le choix de nous rejoindre, c’est pour vivre une aventure humaine : le partage est une dimension essentielle de nos métiers. Pour continuer à la faire vivre, nous avons mis en place dès le premier confinement un système de parrainage : chaque jeune diplômé est accompagné par un consultant qui l’appelle toutes les semaines – voire davantage si nécessaire pour prendre de ses nouvelles et faciliter son intégration. En quoi cette cinquième vague est-elle différente des précédentes? Cette crise est un apprentissage permanent ! Il faut savoir s’adapter, réintroduire un peu de convivialité dès que c’est possible, veiller à la santé de tous… Je veux retenir le côté positif de cette expérience : dès le premier confinement, le Comité exécutif a été proche du terrain, expliquant régulièrement, au cours de webinars et de séances de questions-réponses, où nous en étions et comment nous allions nous organiser. Cette habitude est restée : on peut dire que la crise sanitaire a rapproché le Comex du terrain. « Tout la ligne managériale a été formée au management à distance. Lors d’un échange en visio, par exemple, la caméra doit être activée pendant les premières minutes : il est ainsi possible d’avoir des indices sur l’état de santé, de confiance et d’engagement des collaborateurs. » Sophie Lilas, DRH adjointe de Mazars France 1. https://www.jean-jaures.org/publication/une-societe-fatiguee/

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