ATOUT RISK MANAGER N°31
ATOUT RISK MANAGER N°31 I HIVER 2021-2022 42 Métier Risk Manager - Retour d'expérience Batteries lithium-ion : «La réflexion autour de la sécurité reste incontournable» Propos recueillis par Bernard Jaguenaud Retour d’expérience en collaboration avec FACE AU RISQUE Au centre d’enjeux écologiques, sociaux et économiques majeurs, le développement de la filière industrielle autour de la technologie lithium‑ion concentre autant d’efforts que d’interrogations. Point d’étape pour «Face au risque» de GuyMarlair, référent technique et responsable d’axes de recherche sur le sujet à l’Ineris. Quels sont les problèmes de sécurité pouvant affecter les batteries employant la technologie lithium-ion? Notre connaissance de l’accidentologie des batteries lithium-ion remonte à 2010 avec la prise de conscience des problèmes de sécurité, au travers des premiers retours de masse des équipements portatifs (smartphones, ordina - teurs…) datant de 2006. Ces problèmes, liés à la fabrication, ont été en partie résolus. La montée en puissance de l’électromobilité a montré que les sujets à suivre étaient non seu - lement la fabrication, mais aussi des problèmes d’intégration de ces systèmes de stockage innovants dans les différentes applications, comme leur recyclage ou traitement ultime. Parallèlement, la technologie a elle-même plu - sieurs variantes : six sous-familles de chimie au niveau de la cathode, deux ou trois au niveau de l’anode, ce qui induit pas mal de combinai - sons possibles. Dispose-t-on de probabilités de défaillance concernant la technologie lithium-ion? Les études ont dix ans et ne concernèrent que les cellules cylindriques de type 18650. L’ordre de défaillance d’une cellule de batterie lithium- ion (en sortie de fabrication) est de une pour un million (106) à une pour 10 millions (107), selon la grandeur de l’incertitude. Seul Tesla utilise ce type de cellule pour l’électromobilité, tous les autres constructeurs sont passés aux cellules de type prismatique ou de type «pouch», sur lesquelles on ne possède aucune donnée de fiabilité. Un autre point, qu’on considère pour les cel - lules Li-ion de type 18650, il existe une cellule présentant un défaut pour 10 millions de cel - lules commercialisées, au lieu qu’un pack bat - teries de Tesla assemble entre 7 000 et 11 000 cellules de ce type. Le taux de défail - lance du pack, est un plan purement statistique, donc en théorie augmenté d’un même facteur 1 000 ou 10 000. La loi de probabilité fait que si on assemble les cellules par 10 000, la fiabilité « théorique » du pack complet, liée au seul risque d’un défaut de fabrication, diminue d’au - tant. Cela dit nous n’observons pas de sur-acci - dentalité d’incendie de véhicules électriques par rapport aux véhicules thermiques. Guy Marlair, référent technique et responsable d’axes de recherche sur le sujet à l’Ineris. © Ineris « Densifier l’énergie au sein de la batterie, cela signifie aussi qu’en cas de défaillance, les conséquences seront potentiellement d’autant plus brutales. »
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