ATOUT RISK MANAGER N°31

ATOUT RISK MANAGER N°31 I HIVER 2021-2022 32 Dossier - La communication autour des facteurs de risques Encore du travail Malgré tous cesprogrès, forceest deconstater que le discours sur les risques est encore perfectible. Certaines informations manquent toujours à l'appel, en particulier dans le paragraphe introductif : 41 % des entités ne communiquent pas explicitement sur leur risque net, 27% ne hiérarchisent pas leurs risques, voire n'évoquent pas le sujet de leur importance (11%). Avec de fortes différences sectorielles: les entreprises du BTP, de l'immobilier, des services ou du commerce répondent davantage aux attentes que celles issues des secteurs transport ou technologie et médias. Ensuite, certains groupes semblent se contenter d'une information générique, alors qu'en théorie, le descriptif des risques doit être «spécifique à l'émetteur» et focalisé sur les sujets d'importance pour lui. « À la lecture, on a quelquefois l'impression que les éléments livrés pourraient être identiques dans de nombreux groupes. Il arrive de retrouver des lieux communs dans la description des risques, ou des éléments historiques qui évoluent peu dans la durée. C'est d'ailleurs un sujet parfois évoqué par l'AMF dans le cadre de ses revues, que ce soit pour les documents d'enregistrement universels ou dans les publications «IPO», lors des introductions en bourse » , explique Ludivine Mallet. D'autres groupes pêchent par excès. «Les entreprises qui présentent un arsenal d'éléments de maîtrise finissent par s'éloigner des attentes des autorités de marché» , juge Julien Auvray. L'évolution, d'un an sur l'autre, du paysage des risques est aussi un sujet: «90 % des groupes étudiésindiquentmettreàjourleurscartographies chaque année, entraînant une revue de l'analyse des facteurs de risque. Néanmoins, on observe une certaine stabilité au niveau de la communication, les groupes semblant avoir du mal à s'éloigner de la copie de l'année précédente» , constatent les deux experts. Ainsi, un tiers des entreprises n'a pas modifié le nombre de risques qui les touche d'un an sur l'autre, 34 % des émetteurs se sont allégésd'unoudeux risques et 28 % des groupes ont revu leur nombre de risques à la hausse. Cela posé souligne un expert, si le chiffre ne bouge que peu, c’est la nature de ces risques qui, elle, a évolué. Aller vers la cohérence Autre point: l'information livrée n'est pas toujours cohérente. «Beaucoupd'efforts ont déjà été faits, mais il reste à mieux maîtriser la cohérence entre d'un côté les risques de toutes natures issus de la cartographie interne des risques et présentés dans la partie facteurs de risques du document d'enregistrement et, de l'autre, les risques qui apparaissent dans la déclaration de performance extra-financière» , reconnaît Philippe Noirot. Car lesdonnées sont éclatéesentredifférents supports, dans unensemblededocuments qui représentent entre 200 et 400 pages. «Le chapitre Facteurs de risques, à lui seul, pèse environ 20 pages. Mais les risques ESG sont aussi traités dans la «DEPF». Et il peut y avoir de grandes disparités dans la granularité de l'analyse» , complète JulienAuvray. En clair, cela signifie que, faute de coordination et d'analyse d'ensemble, il peut y avoir des redites et LE SUJET DE L'APPÉTENCE AU RISQUE ENCORE INEXISTANT L'appétence semble une nouvelle fois la grande absente de l'information sur les risques. Le sujet, poussé par l'IFA il y a quelques années et, très récemment, par l'AMRAE  1 , n'en est pas un lorsqu'il s'agit de s'adresser aux investisseurs. « À ce stade, l'information communiquée par les entreprises consiste à sensibiliser les investisseurs sur les risques auxquels font face le groupe et surtout la manière dont il les gère. Elle n'explicite pas comment les décisions stratégiques ou opérationnelles reposent en partie sur un niveau de risque « défini et accepté » par le groupe» , résume Julien Auvray. On peut le regretter. Mais difficilement être surpris, dans la mesure où peu de groupes ont à ce jour réussi l'exercice de la formalisation de leur appétence aux risques. 1 Guide Pratique : «Accompagner son entreprise dans la définition de son appétence aux risques» - Guide Pratique AMRAE/PwC, publié à l'été 2021 (voir Atout Risk Manager n°30). « Tant pour les risques financiers que pour les risques extra-financiers, il faudra avoir des approches mé- thodologiques homogènes et des analyses similaires dans toute l'entreprise. » Ludivine Mallet, Directrice capital markets; Grant Thornton

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