ATOUT RISK MANAGER N°30

ATOUT RISK MANAGER N°30 I AUTOMNE 2021 30 Dossier - L’État dumarché 2021, renouvellement 2022 : Oser les risques. Sans assurances ? lignes générant peu de primes (comme l’aviation) ou les lignes en pertes chroniques (les facultés en marine, par exemple) ont été sacrifiées par certains acteurs. » C’est ainsi que certains secteurs d’activité ont été littéralement exclus du marché : « Les filières bois, déchets ou transports publics, par exemple, ont de plus en plus de mal à s’assurer » observe Gilles Bénéplanc. Or, ce sont des activités importantes pour notreéconomie, qui ont de surcroit un impact positif sur l’avenir de la planète. » Il admet bien volontiers que les assureurs leur demandent davantage d’efforts enmatière de prévention. Ou qu’ils puissent, dans certains cas, durcir les conditions ou majorer les tarifs. Et de les mettre en garde : « Le marché de l’assurance ne doit pas perdre le sens de samission qui est de couvrir des risques. S’il n’y a plus aucun risque, il n’y a plus d’assurance. » Quant au durcissement du marché, il pourrait amener certaines filières à trouver d’autres solutions : « Les captives, lamutualisation, la rétention, les garanties bancaires », détaille Gilles Bénéplanc en rappelant le précédent de l’industrie pétrolière qui, faute de solutions assurantielles, a fini par mutualiser ses risques. Pour Philippe Maraux, « invoquer le changement climatique et la hausse du coût de la réassurance nesuffitplus.Celafaittroisansquenousannonçons des majorations à nos clients en leur disant que nous revenons à des “taux techniques”. La quatrième année de majoration méritera de véritables explications et des arguments chiffrés. » Frédéric Durot partage le sentiment diffus chez la plupart des courtiers que « la prise de risque n’a plus vraiment de place chez les assureurs. » Leur obsession : « Dérisquer leur portefeuille en réduisant leur part » détaille-t-il . Là où un leader prenait 50%d’un risque, il ne prendplus que 25% à30%.Quant aux suiveurs, leur part est également réduite de moitié, dans une logique dite de " Line Setting".» Depuis 2016 et la mise en œuvre de Solvabilité 2, leuraversionaurisqueestdeplusenplusmarquée. Ce phénomène est renforcé par les nouvelles gouvernances « extrêmement matricées des grands groupes d’assurance, avec une double hiérarchie, détaille Frédéric Durot : une direction par pays et une direction par métier, cela fait deux fois plus de raisons de dire non. Et cela éloigne les décideurs des réalités du marché. » Le courtier se montre perplexe à l’égard de cette approche anglo-saxonne du métier : « Nous sommes dans la première crise demarché post-Solvabilité 2, qui montre bien les inconvénients de ce modèle réglementaire. » Aux yeux des courtiers, l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le marché du risque Cyber illustre cette tendance jusqu’à la caricature : il ne peut plus être couvert alors même qu’il a explosé pendant la crise sanitaire. FlorenceTondu-Mélique insiste quant à elle sur la spécificité des grands risques « mis en lumièrependant la criseduCovid- 19. Leur émergence bouleverse durablement nos modèles assurantiels, menant paradoxalement à un retour à l’essence même de notre métier : la répartition des risques. En réponse à une volatilité accrue et au Covid-19, l’ensemble du marché a œuvré à une meilleure mutualisation et transparence des conditions. » La réflexion engagée sur le risque Cyber sera un bon indice de la façon donc les assureurs sont prêts à repenser leur action : « Nous devons changer de logiciel, travailler différemment - peut- être de façon plus collaborative - pour trouver les clésde lamutualisation », estimeFlorenceLouppe. Il faudra effectivement se retrousser les manches pour trouver des alternatives au triptyque « majorations tarifaires-restriction des conditions- retrait des capacités », qui semble atteindre ses limites… n « la prise de risque n’a plus vraiment de place chez les assureurs. » Frédéric Durot , Directeur technique, Siaci Saint Honoré « Les filières bois, déchets ou transports publics, par exemple, ont de plus en plus de mal à s’assurer. » Gilles Bénéplanc, Directeur général, Verlingue

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