ATOUT RISK MANAGER N°30

ATOUT RISK MANAGER N°30 I AUTOMNE 2021 10 Portrait marques, partout dans le monde, avec un vrai projet de transformation incluant les aspects risques », décrit-il. Une pépite française, inconnue du grand public, qui a réalisé 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020 et poursuit sa croissance. Présidée par Marie-Christine Coisne-Roquette (en photo ci-dessous), ancienne figure du Medef, l’entreprise familiale vivait en toute discrétion jusqu’à ce que l’Agence Française Anti-corruption (AFA) ne s’intéresse à elle. Sonepar sera l’une des six premières entreprises sur le grill de l’agence. Un suspect inattendu. En mars 2019, un mois après l’arrivée de François Beaume à la holding, Sonepar reçoit son rapport de contrôle définitif… L’AFA, créée dans la foulée du vote de la loi Sapin 2 en 2018, reprochait notamment au distributeur « une cartographie des risques de corruption et de trafic d'influence ratée », « des critères d’évaluation farfelus ». « Une appréciation éloignée de la réalité du dispositif en place », estime François Beaume qui, à peine franchi le portail du siège du groupe dans une rue discrète du VIII e arrondissement parisien, a fait son baptême du feu devant la Commission des sanctions de l’agence. La personne morale risquait jusqu’à un million d’euros d’amende, son mandataire social 200 000 euros. Intégré à l’équipe de défense avec l’appui de spécialistes en conformité, « j’ai contribué à défendre, sur mes sujets, un dossier basé sur des processus et méthodes que je n’avais pas construits, mais que j’ai trouvé au niveau des meilleures pratiques de place », relate son directeur Risques et Assurances (lire le récit d’Olivier Catherine et François Beaume dans Atout Risk Manager n°24). L’affaire s’est bien finie, la Commission des sanctions de l’AFA ayant finalement jugé Sonepar parfaitement conforme à la loi Sapin 2. Mais bien avant le verdict, le groupe avait décidé de communiquer. « Nous sommes une entreprise familiale discrète mais pas systématiquement silencieuse » pointe François Beaume. « Un des risques était l’amalgame : que ce dossier soit assimilé à des faits de corruption, alors que les griefs de l’AFA portaient sur des points de méthodologie, non sur de possibles pratiques de corruption. Pour une entreprise qui réalise la majorité de son chiffre d’affaires à l’étranger, l’enjeu c’était l’extraterritorialité et la préservation de la confiance de nos partenaires d’affaires », insiste le directeur des Risques et des Assurances. Ce type de mésaventure guette-t-il toutes les entreprises? Malgré son poids économique, ni l’exposition de son secteur d’activité au risque de corruption, ni son dispositif de lutte contre la corruption ne prédestinaient Sonepar à être la première entreprise à passer devant la Commission des sanctions de l’AFA. Risque improbable, risque calculé « C’est le risque improbable, celui qui vous tombe dessus alors que vous êtes la dernière à y penser, résumait Marie-Christine Coisne- Roquette en février 2020, en clôture des 28 e  Rencontres de l’AMRAE à Deauville. La prise du risque est une force motrice dans notre entreprise, elle a toujours guidé son développement. Refuser de prendre des risques, c’est nier l’entreprise », avait alors insisté le président de Sonepar. L’actualité n’allait pas la démentir. Un an après le souffle de l’AFA qui aurait pu entacher la réputation du groupe familial, la pandémie de Covid-19 s’abattait sur la planète. Sonepar venait de renforcer la fonction de Risk Management pour rationaliser et industrialiser sa gestion de risques. Début 2019, l’entreprise avait en effet réhaussé le positionnement de la fonction en intégrant le Risk Management et les assurances au sein du secrétariat général. Objectif ? Développer une approche transversale : risques, assurances, gestion de crise, sûreté au sein d’une même équipe aux côtésdecelleenchargedes sujetsgouvernance, juridique et conformité. « Cette proximité avec la direction Legal & Compliance crée des synergies et facilite des initiatives de co-construction avec d’autres directions (cybersécurité, stratégie, RH, fusions- acquisitions, etc.) et la promotion du travail collaboratif », détaille François Beaume. « Nous restons preneurs de risques, mais calculés et dans des modalités acceptables », expliquait un an plus tôt son président à Deauville alors que la crise mondiale du Covid-19 grondait aux portes de l’Europe. Pour le risque calculé, s’adresser à François Beaume. « Notre gestion de crise agile, mixant actions locales et suivi global, nous a permis de traverser cette crise sanitaire puis économique. Nos activités ont bien résisté et en 2021, la croissance est de nouveau au rendez-vous ». Porté notamment par les marchés liés aux programmes de rénovation et d’accompagnement de la transition énergétique, comme de constructionsneuvesetdereconstructions. La rentrée et les incertitudes liées au télétravail, à la reprise de la pandémie «  La prise de risque est une force motrice dans notre entreprise, elle a toujours guidé son développement. Refuser de prendre des risques, c’est nier l’entreprise» Marie-Christine Coisne-Roquette, Président de Sonepar

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