ATOUT RISK MANAGER N°29

ATOUT RISK MANAGER N°29 I ÉTÉ 2021 7 Portrait Nouvelle gouvernance, nouvelle impulsion sur les risques Depuis la mise en place d’une nouvelle gouvernance en 2020 - Labeyrie Fine Foods est désormais piloté par deux co-présidents, Steve Lawson et Jacques Trottier -, les directions opérationnelles ont été renforcées pour diffuser la culture de gestion du risque : la direction santé sécurité et celle de la sécurité des aliments ont été remodelées, «avec un engagement fort du comex sur les politiques mises en œuvre, détaille-t-elle. Mon équipe (trois personnes actuellement) travaille en étroite collaboration avec ces directions» . Après un sinistre incendie sur l’un de ses sites de production, la directrice des risques a obtenu en 2019 le feu vert de la direction générale pour lancer un large plan d’investissement en vue de protéger ses actifs : plus de trois millions d’euros dans un premier temps, la même somme à venir en deuxième phase. Il couvre l’ensemble des ateliers «aux meilleurs standards du marché agroalimentaire, avec unemajorité de sites équipés de sprinklers» , détaille Isabelle Gout. Elle pilote ce plan de protection avec les équipes industrielles et s’appuie sur la double expertise du courtier AON et de l’assureur Generali pour le déployer. Garder le cap en pleine tempête On n’est jamais à l’abri des répercussions d’une émission d’«Envoyé spécial» par exemple, sur l’élevage des saumons en Norvège. Les marques peuvent être confrontées au risque de voir leur image égratignée directement ou bien par ricochets. Le développement de la gestion des risques s’est donc fait au fil de l’eau, avec la prise de conscience de la nécessité de protéger le savoir-faire construit au fil des années, Isabelle a apporté sa contribution pour que la culture du risque au sens large évolue positivement au sein du groupe Labeyrie au fil des années. La crise de la Covid-19 a marqué un tournant définitif dans l’appréhension du risque. Lors du premier confinement, de mars à mai 2020, l’agroalimentaire a fait partie des activités de deuxième ligne et «  la nécessité de protéger nos salariés, livrer nos clients et faire tourner nos sites ont été une priorité absolue », conte Isabelle Gout. Elle a rejoint la cellule de crise pour animer l’équipe Plan de continuité d’activité. Réunions quotidiennes matinales au cours desquelles les directions métiers évaluaient l’état d’avancement des commandes de la grande distribution, ajustaient les mesures de protection sur les sites industriels, surveillaient l’avancement du télétravail et suivaient les collaborateurs malades. Tout cela remontait à la direction générale dans un tableau de bord établi par la Direction des risques quotidiennement, puis toutes les deux semaines. Sur les sites de production, masques, blouses et charlottes faisaient déjà partie du quotidien des salariés. « Il a fallu s’assurer de la disponibilité de ces équipements de protection sur un marché en très forte tension pendant la crise sanitaire afin de ne pas dégrader le standard interne. Nous avons également imaginé des mesures de séparation des postes : plexiglass, espacement sur les lignes de production », relate la directrice des risques. « L’organisation a montré une vraie résilience, une capacité à travailler en transversal BIO EXPRESS Expert-comptable et diplômée de l’ESC Tours en 1989, Isabelle Gout débute sa carrière en audit et conseil chez PricewaterhouseCoopers (PwC) pour rejoindre ensuite le monde des entreprises. Dès son arrivée chez Labeyrie Fine Foods en décembre 1999, après un passage à La Française des Jeux, elle participe au développement du groupe agroalimentaire, met en place la consolidation des comptes, l’audit, le contrôle interne et plus récemment le pôle risques et assurance et le pôle «Compliance». Une expérience renforcée par la formation d’Associate in Risk Management en 2018, qui lui permet de faire travailler aujourd’hui son équipe sur les trois piliers : risques, audit et contrôle, compliance au service de la gestion des risques. «Au lieu de travailler de façon systématique par cycle, nous choisissons des audits sur des vulnérabilités, cela nous permet d’être plus agiles et d’avoir une posture sur mesure», énonce Isabelle Gout. «  Je veux faire travailler les fonctions audit, risques, contrôle interne et conformité de façon holistique, en complémentarité et agilité»