ATOUT RISK MANAGER N°29

ATOUT RISK MANAGER N°29 I ÉTÉ 2021 16 Acteurs en vue O n aurait rêvé d’aller l’écouter dans un Club de jazz parisien ou londonien, un soir tard, pour un «bœuf » à la trompette. Covid oblige, c’est sur un écran que se fait la rencontre avec Xavier Durand, Directeur général de Coface depuis 2016, et qui vient de publier son premier ouvrage : « Oser le risque. Le management dans un monde incertain» (voir encadré). Comme beaucoup, c’est à la faveur du confinement de mars dernier que cet X-Ponts, âgé de 56 ans, a enfin trouvé le temps de poser par écrit ses réflexions et convictions sur le management. «Avec l’arrêt des voyages, j’ai pu de dégager du temps. Le confinement a aussi été l’occasion d’une introspection 30 ans de carrière en responsabilité opérationnelle : sur les facteurs de succès et les éléments qui conduisent à l’échec. Pour créer de lavaleur, il faut êtrecapabled’innover et de bouger les lignes rapidement ; il faut prendre davantage de risques et mieux maîtriser les situations que les autres» . Le fait est que la prise de risque ne va pas de soi : dans le confort de notre société, «on a souvent plus à perdre qu’à gagner» . Mais «si l’on reste en situation de confort, on ne peut créer ni valeur, ni rentabilité» . Surtout, les crises sont bien la preuve qu’on ne peut ni fuir ni éviter le risque. On pense bien sûr à la crise du Covid-19. Mais Xavier Durand évoque aussi son arrivée à la tête de Coface. «Malgré sa longue histoire, le groupe était alors en mauvaise position. Il fallait des décisions radicales et rapides : prendredes risques et les incarner personnellement, en tant que dirigeant» . Pour Xavier Durand, les crises sont des «moments déterminants », où l’on perd tout référentiel. «On est bien contraint d’improviser lorsqu’il n’y a plus de partition». Maîtriser le risque et l’incertitude Musicien classique formé de longues années au Conservatoire, mais converti au jazz, Xavier Durand va ainsi souvent chercher dans son expérience musicale pour faire passer son message sur le management. «Pour enchanter la salle, éviter l’ennui et générer une émotion, il faut oser se lancer et prendre des risques. Mais il ne s’agit pas non plus de risquer le crash : le risque et l’incertitude doivent êtremaîtrisés par un travail collectif» . Dans l’entreprise, cela implique de créer une culture de prise de risque et de confiance qui permet de réagir lorsque la crise se présente. Dans ce monde incertain et instable, «le leader doit ainsi oser lâcher prise, faire confiance à une culture plutôt qu’à des outils pour contrôler l’incontrôlable et maîtriser des situations imprévisibles » . Un vrai challenge pour les Dans un ouvrage récent, le dirigeant de Coface défend la nécessité d’ «oser le risque» pour être enmesure de réagir aux crises et imprévus qui ne manqueront de se présenter. Selon lui, le leader doit développer une culture du risque en lien avec unmanagement décentralisé et éclairé. Par Cécile Desjardins Xavier Durand Hymne à la prise de risque, sur un air de jazz «  Prendre des risques ne signifie pas jouer au "gambler" ou sauter dans l’inconnu, mais explorer graduellement et continuellement des zones d’incertitude et d’inconfort, en apprenant à marcher sur un fil de plus en plus étroit ». «  La mission d’un dirigeant ne consiste pas à réduire les risques. Il y a davantage à gagner à reconnaître leur réalité et à mettre en place une gouvernance capable de les identifier et de les gérer, plutôt que de chercher à les évacuer».

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