ATOUT RISK MANAGER N°29

ATOUT RISK MANAGER N°29 I ÉTÉ 2021 10 Portrait relèvent de la prévention et des mesures de protection. Rien de mieux que le retour d’expérience sur les sinistres, toujours parlant et comme l’être humain a besoin de concret pour opérer sa courbe d’expérience, ce travail développe la culture du risque et crée l’appétence ». Même posture pour le contrôle interne, la compliance ou le Risk Management. Des actionnaires demandeurs Aujourd’hui, Isabelle Gout n’a plus besoin de convaincre. Fin 2017, le fonds d’investissement Paribas Affaires Industrielles et la coopérative Lur Berri, nouveaux coactionnaires à 50-50 de Labeyrie Fine Foods, sont devenus clairement demandeurs : « Ils ont donné l’impulsion mais j’ai vraiment poussé les lignes lors du module en diagnostic des risques de ma formation d’Associate in Risk Management » (ARM54 - lire l’encadré). Son nouveau cheval de bataille : introduire une dimension responsable dans la mise à jour de la cartographie des risques, « Et transformer les contraintes en opportunités », sur les nouvelles réglementations notamment. « Prenez le RGPD : au-delà de la protection des données, c’est toute la transparence digitale de notre groupe qui est en jeu. La donnée aura une valeur immatérielle incontournable. Plutôt que de cocher des cases, il est intéressant de mettre la loi au service du business. J’aime la règle, elle est enveloppante », confie Isabelle Gout. Le pôle «Compliance» a été développé depuis deux ans, en travaillant notamment sur le dispositif Sapin 2 avec la mise en place d’outils pratiques de contrôles comptables ou encore de gestion du risque tiers, au service des directions achats, de l’international. Toujours la même idée : « Le sens du service va faciliter la prise de décision, dans un partage organisé ». Revisiter et scénariser les polices d’assurance Aujourd’hui encore, sa direction est en charge des assurances. La directrice des risques a concocté avec son Risk Manager et la direction industrielle un programme de visite des quinze sites du groupe (France, Royaume-Uni, Pays- Bas, Belgique) pour bâtir le programme prévention incendie, devenu prioritaire. « La direction générale me laisse la main pour juger de l’opportunité de replacer les polices d’assurance chez telle ou telle compagnie, je n’ai pas de religion ». Elle a diversifié le portefeuille auprès d’une dizaine d’assureurs. « Je suis en train de replacer les programmes d’assurances dans un contexte marché inédit surcertainsrisques(incendie,RC,contamination etc.). Nous lisons les polices d’assurance avec un œil critique nous devons les revisiter pour les scénariser et voir si les garanties sont ad hoc. Nos courtiers (Aon, Siaci-Saint Honoré et Gras Savoye) nous promettent des textes sur mesure mais c’est beaucoup plus subtil que ça : il faut savoir lire les polices pour s’assurer qu’il n’y a ni carences, ni doublons. C’est quand on vit des sinistres qu’on perçoit le contenu des textes ». À la table familiale, les questions de sûreté et de sécurité étaient fréquentes. C’est donc assez naturellement qu’Isabelle Gout a fait appel à la Direction générale de la sécurité intérieure (Dgsi) pour auditer la sécurité des sites de production après avoir constaté des entrées par effractiond’associations animalistes chez d’autres industriels. De nouveaux process de sécurité ont été mis en place, des comités sûreté créés sous la houlette des directeurs de sites, et les abords des usines de production ont été réaménagés. Aujourd’hui, le site historique de Saint-Geours de Maremme, dans les Landes, bénéfice d’un accès sécurisé et les barrières ont pris de la hauteur chez lenuméro1du foiegras français. n L’AMRAE, un «principe actif » Sa vraie rencontre avec l’AMRAE remonte à 2016, lors des Rencontres de Lille. Membre depuis trois ans, «J’étais une adhérente passive» , dit Isabelle Gout. C’est à l’occasion de sa formation ARM54 (elle décide de l’étaler sur trois ans, de 2016 à 2018), qu’elle prend conscience de l’existence d’une communauté du risque : «Nous étions 22 participants, j’ai découvert une communauté très active, un groupe très moteur avec une grande diversité de métiers. J’ai appris qu’il fallait poser les risques avec les opérationnels, cela n’était pas évident chez Labeyrie car cela introduisait une façon de travailler différente, moins en silo, mais à la faveur de la nouvelle organisation et la création d’une direction industrielle transversale dans le groupe, c’est chose faite, nous travaillons en étroite collaboration, dit-elle. Aujourd’hui, nous sommes deux membres adhérents de l’AMRAE» . La crise de Covid-19 a marqué un tournant définitif dans l’appréhension du risque chez Labeyrie Fine Foods. L’agroalimentaire a fait partie des activités de deuxième ligne et « la nécessité de protéger nos salariés, livrer nos clients et faire tourner nos sites ont été une priorité absolue» , commente Isabelle Gout. «  Nos courtiers nous promettent des textes sur mesure mais c’est beaucoup plus subtil que ça : il faut savoir lire les polices pour s’assurer qu’il n’y a ni carences, ni doublons. C’est quand on vit des sinistres qu’on perçoit le contenu des textes»

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQyNDQw