ATOUT RISK MANAGER N°28

Dossier - La sagesse du risque pour l’immunité collective ATOUT RISK MANAGER N°28 I PRINTEMPS 2021 53 Loïc Le Dréau, Directeur général des opérations de Paris de FMGlobal Aujourd’hui, les risques sont de plus en plus connectés, à la fois de par la digitalisation de l’entreprise, mais aussi avec la globalisation des échanges. Avoir une supply-chain digitale est un élément de compétitivité concurrentielle, qui permet par exemple de mieux gérer les stocks et de développer le « juste-à-temps ». Mais cela rend l’entreprise plus vulnérable aux cyberattaques. Dans ce contexte, le renforcement du partenariat assureur-assuré est important. Car si on ne comprend pas les risques, on les couvre mal. Le marché a commencé à se durcir il y a deux ans et la Covid a accéléré cette correction, mais le dialogue a continué. J’estime que les relations sont devenues plus saines, car plus transparentes : les assureurs osent maintenant dire quand ils perdent de l’argent. Chez FM Global, pour remédier à la réduction des visites de sites, au cœur de notre métier, nous avons accéléré la mise en place de visites virtuelles. Nos processus étaient prêts dès le mois d’avril et leur part a atteint 20% en 2020. Fabrice Domange, Président de Marsh France Dans le contexte houleux que nous connaissons, Marsh est au service des entreprises pour les aider à protéger leurs actifs, à gérer leurs risques, à trouver des opportunités et à choisir les meilleures solutions d’assurance. Sur l’année précédente, nous avons constaté une forte augmentation des primes collectées dans les captives que nous gérons, notamment sur les lignes traditionnelles : +283% en «Pertes d’exploitation et carences fournisseurs », +64% en «Tous risques Dommages » et +29% en «RC produit ». Interrogés, plus de la moitié des propriétaires de captives comptent étendre leur utilisation. Sur la seule année 2020, 89 captives ont été créées, soit une croissance de +154% sur un an. Chez Marsh, nous estimons que les captives sont particulièrement attractives en cette période de transition du marché, de par leur capacité à concevoir des couvertures d’assurance personnalisées et à accéder à des capitaux alternatifs. Laurent Rousseau, Directeur général adjoint de SCOR Global P & C Ce qui s’est dégagé de cette crise, c’est la notion de contingence. Dans un monde des risques en expansion, quand les lois économiques disparaissent, comment prendre les bonnes décisions ? La contingence, c’est ce qui aurait pu ne pas être. L’assurance, c’est justement la prise en compte et la couverture, dans la mesure du possible, des événements contingents. Vivre dans la contingence, ce n’est pas être alarmiste, c’est arriver à anticiper et à gérer l’imprévu, en évitant les biais décisionnels erratiques, qu’on a parfois vus dans la gestion de cette crise. Le risque, c’est le métier des assureurs. Mais l’incertitude n’est pas quantifiable, elle est la limite du risque. Dans cette pandémie, l’assureur doit apporter de la clarté et de la solidité, mais il ne peut pas tout régler ! Se retourner de manière vengeresse vers les assureurs n’est pas la solution. Une grande crise cyber pourrait arriver demain. La question, c’est quels plans d’action mettre en place pour s’y préparer… de façon sage et humble. Carol Etchebarne, Directrice générale et Nathanaëlle Vercruysse, Directrice Gestion de sinistres pour comptes de Sedgwick France En tant que leader mondial de la gestion de sinistres et expertises, nous aidons les assureurs à faire face à l’afflux de sinistres. Aujourd’hui, la gestion de sinistres déléguée est en pleine croissance : elle est plus imbriquée dans les process et plus flexible, en fonction des besoins et des volumes des entreprises. Et grâce à la mutualisation des process, les coûts sont optimisés. Durant la crise du Covid, la gestion déléguée a eu un effet vertueux chez nos clients puisque toutes les variations d’activité de la période ont été absorbées par nos équipes, sans incidence pour eux. Quant à atteindre l’immunité collective dont on parle aujourd’hui, il faut avoir la sagesse d’accepter que toutes les entreprises ne puissent pas être protégées de la même façon. Nos efforts doivent être focalisés sur le volet de la prévention et de l’accompagnement.