ATOUT RISK MANAGER N°28

ATOUT RISK MANAGER N°28 I PRINTEMPS 2021 47 Dossier - La sagesse du risque pour l’immunité collective effectuer une vraie allocation des risques et y mettre tous les risques exceptionnels» . Un autre intérêt de la captive souligné par Stéphane Yvon est d’arriver à objectiver l’appétit au risque de l’entreprise, en pilotant ses fonds propres. Les cartes sont rebattues Mais pour les plus petites structures, « le dispositif de provisions pour résilience annoncé par le Trésor va dans le bon sens» estime Étienne Charpentier. Est-ce à dire que l’on doit se préparer à faire sans les assureurs à l’avenir ? «Pas forcément, mais les cartes sont rebattues. On tend vers une désintermédiation du marché de l’assurance : certaines entreprises deviennent assureurs, certains courtiers gèrent des captives… À chacun de trouver le meilleur modèle de financement de ses risques» estime Frédéric Dhers. «Le dialogue avec les assureurs reste ouvert. Avec une captive, on parle le même langagequel’assureur.Ilestimportantd’organiser des réunions régulières pour expliquer les contraintes de l’entreprise, ses choix de prévention, de technologies… ce dialogue conduit à une compréhension mutuelle et à un vrai partenariat» conseille François Beaume. n Stéphane Yvon, Administrateur de l’AMRAE, directeur politique assurances d’EDF « On n’ouvre pas une captive en 15 jours comme il y a 20 ans. Il faut prendre son élan, car il y a une marche à franchir. » «On ne peut pas dire que les assureurs se désengagent du marché des grands risques. Mais le rééquilibrage engagé depuis 2019 se poursuit, après 15 années continues de «soft market ». Et ce d’autant que des facteurs exogènes sont venus se greffer à une situation déjà tendue. La pandémie notamment a coûté 5 Md€ de plus aux assureurs français, et les incendies et les catastrophes naturelles continuent de peser très lourd. On assiste à une montée des risques de forte intensité et parmi eux le risque climatique, qui englobe à la fois les événements naturels, les atteintes à la biodiversité et les pandémies. C’est un enjeu collectif, qui repousse les limites de l’assurabilité. Mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas assurable, la mutualisation et la prévention peuvent nous y aider. Mais là encore, c’est l’affaire de tous. Les entreprises doivent consacrer une partie de leurs budgets à faire de la prévention (incendie avec le CNPP, cyber avec l’ANSSI…). Cette année particulière a montré que le secteur de l’assurance devait encore plus faire preuve de pédagogie. Mais face à des situations dramatiques, nous ne sommes pas audibles : ce n’est pas au milieu de la crise qu’on s’exprime. Une chose est sûre, la robustesse et la solvabilité restent les premières qualités d’un assureur. Dans l’environnement politique et économique actuel, il faudra que la révision de la norme Solvabilité 2 permette de corriger sa trop grande volatilité. Un ratio qui perd 30 points en trois jours, ce n’est pas possible, il faut arrêter ce "yoyo"». «Le risque climatique est un enjeu collectif» Florence Lustman, Présidente de la Fédération Française de l’Assurance (FFA)

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