ATOUT RISK MANAGER N°28

ATOUT RISK MANAGER N°28 I PRINTEMPS 2021 42 Dossier - La sagesse du risque pour l’immunité collective leur cartographie des risques. Cette interdépendance complique nos solutions d’assurance, mais renforce notre collaboration avec les assurés» souligne Véronique Brionne, Présidente de Chubb France. «Pour arriver à embarquer toutes les parties prenantes, il ne faut pas cacher les risques, mais au contraire les partager, communiquer en interne sur son « appétit aux risques » et que ce dernier soit aligné sur la stratégie de l’entreprise» estime Philippe Noirot. Concernant cette notion d’«appétit aux risques», Gilles Proust, Président et cofondateur d’Arengi, considère que les risques « business », liés à l’activité et à la stratégie de l’entreprise, sont ceux qui méritent le plus d’être pris. Les risques opérationnels devant, eux, faire l’objet d’un arbitrage. Sylvie Mallet le confirme : «Une entreprise qui ne prendpas de risques est condamnée. Les risques sont des opportunités à saisir» . Renforcer la résilience collective Mais si le principe de l’ERM est sorti renforcé de cette crise, d’autres pans de nos modèles de société ont été largement remis en cause, pour ne pas dire balayés. « Dommage que la cartographie des risques des États ne soit pas aussi efficace que celle des entreprises. Je plaide pour un ministère des risques » insiste Patrick Artus, conseiller économique de Natixis et membre du «Cercle des économistes », en introduction de la plénière consacrée à la résilience collective. «Le défi aujourd’hui pour les économistes est d’identifier ce qui va revenir comme avant et ce qui va être durablement différent après cette crise» . Face à de nombreux secteurs en difficulté, il estime le nombre de faillites d’entreprises à 62 000 en 2021, contre 50 000 en moyenne à peine 35 000 en 2020, encore sous perfusion des aides gouvernementales. «Des subventions auraient été mieux que les PGE. Les entreprises ont beaucoup de réserves de liquidités immobilisées, cen’estpasbonpour lacroissance. Un autre problème est la quasi-inexistence de l’épargne à risque en France, qui soulève la question du financement de l’innovation, des start-ups et de l’économie en général» . Bernard Gainnier, Président de PwC France, se livre aussi à cet exercice du bilan : «Nous ne pouvons pas nous contenter de solutions de repli. La crise a été un révélateur : asymétrie sociale, destruction technologique, vieillissement des populations, remise en cause des démocraties… L’entreprise doit se réveiller! La recherche de compétitivité a fait progresser le monde, mais au détriment du respect des hommes et de la nature. C’est la coopération qui nous sauvera de cette crise. Nous avons besoin d’entreprises symbiotiques, acteurs du vivre ensemble, qui rééquilibrent compétitivité et coopération» . Revoir le modèle de financement des risques Pour Brigitte Bouquot, Vice-présidente de l’AMRAE, cette recherche d’équilibre est nouvelle depuis la pandémie. Posant la question sur la façon dont les entreprises peuvent assumer des risques qu’elles n’ont pas provoqués, elle rappelle que les Risk Managers ont depuis longtemps pris conscience de l’existence d’externalités négatives, dans une vision des risques à la fois micro et macroéconomique. «Mais l’approche par les risques suppose qu’on agisse, et qu’on lui alloue des moyens. Un des enseignements de la crise est qu’ondoit repenser lemodèledefinancement du risque, qui est épuisé. Les actionnaires doivent accepter l’idée que la résilience a besoin de Sylvie Mallet, Directeur Enterprise Risk Management de Deloitte Patrick Artus, conseiller économique de Natixis et membre du «Cercle des économistes» « Une entreprise qui ne prend pas de risques est condamnée. Les risques sont des opportunités à saisir. » « C’est la coopération qui nous sauvera de cette crise. Nous avons besoin d’entreprises symbiotiques, acteurs du vivre ensemble, qui rééquilibrent compétitivité et coopération. » Bernard Gainnier, Président de PwC France et Maghreb et de la F3P

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