ATOUT RISK MANAGER N°27

ATOUT RISK MANAGER N°27 I HIVER 2020 47 Métier Risk Manager - Réseau international Sans surprise à nouveau, les assureurs, représentés par Mukkader Erdönmez, administrateur de HDI et Henning Haagen, administrateur d’Allianz Global Corporate and Specialty (AGCS) ont expliqué que les tensions financières avaient créé des difficultés de marché avant même la Covid-19. Rappelant que les assureurs étaient déjà confrontés à un rendement des capitaux propres comparativement faible, à des sinistres liés à des catastrophes naturelles et à la nécessité de renforcer les réserves pour faire face à ces sinistres, ils ont souligné comment la pandémie avait porté un coup dur supplémentaire à leurs perspectives de profitabilité.. Pandémie qui a également engendré de nouvelles demandes d’indemnisation dont la plupart n’ont pas encore été matérialisées dans les comptes de résultat des assureurs. Les assureurs qui ont reconnu l’insatisfaction des acheteurs ont fait appel à la solidarité : «Nous sommes dans le même bateau », sans offrir cependant d’alternative immédiate et tout en déclarant devoir garantir la solidité de leur proposition de valeur pour faire face à une demande continue. Les courtiers (Jochen Körner, directeur général du groupe allemand Ecclesia, et Nick Holmes, responsable du placement mondial Europe continentale, Moyen-Orient et Afrique de Marsh) ont pris une note plus positive en essayent de démontrer la valeur qu’ils apportaient au processus. Réaffirmant que l’assurance était le moyen le plus efficace de transférer les risques et qu’un Risk Management de qualité pouvait aider à faciliter les placements. Enfin, ils ont souligné que des assureurs nationaux pouvaient voir dans ces conditions demarchédenouvelles opportunités de concurrence. Les deux options des Risk Managers : moins se couvrir ou payer plus? Quoi que les Risk Managers fassent, il est indéniable que le coût total du risque (transfert et rétention) va continuer à augmenter : un très mauvais message adressé aux comités exécutifs an ces temps de crise économique consécutive à la pandémie. Les Risk Managers pensent également que le fait que les assureurs concentrent la majeure partie de leur travail et de leur réflexion sur leur profitabilité affecte les partenariats, l’efficacité opérationnelle et la manière dont les affaires sont menées. Et de déplorer que les discussions antérieures « autour d’un verre ou d’un dîner » durant lesquelles de nombreux problèmes pouvant être résolus «en direct » avec les responsables au sein des compagnies d’assurance avaient fait place à des réponses inflexibles par e-mail, téléphone ou appel vidéo, qui plus est par des souscripteurs qui ne semblent plus avoir aujourd’hui de pouvoir de décision. Les assureurs semblent également perdre de vue la qualité de leurs services et se montrent moins efficaces, de manière délibérée ou non, pour faire face aux problèmes quotidiens qui se posent toujours avec les grands programmes mondiaux. Si lesRiskManagers comprennent lesproblèmes auxquels les assureurs sont confrontés, ils attendent d’eux une collaboration plus constructive. Sinon, la détérioration actuelle du partenariat pourrait tourner au désavantage du marché et se prolonger bien après la pandémie ou le durcissement actuel du marché. La seconde journée fut centrée sur les expositions au changement climatique, aux chaînes d’approvisionnement et aux cyber risques et à la façon de les appréhender dans l’optique de quantifier leurs impacts pour dialoguer avec la direction financière et les organes de direction. n Laurent Nihoul, directeur Groupe des risques et assurances d’ArcelorMittal et administrateur de Ferma Le journaliste Alex Taylor modérait les débats Retrouver la synthèse du séminaire 2020 de Ferma sur https://www.ferma.eu/what-happened-at-the-european-risk-management-seminar-2020/