ATOUT RISK MANAGER N°27
ATOUT RISK MANAGER N°27 I HIVER 2020 26 Dossier - L’ERM, le vaccin qui ne fait pas débat associés. Sous pression, certaines entreprises particulièrement touchées par la crise économique attendent beaucoup de ces dispositifs, qu’elles souhaitent désormais très pragmatiques pour dégager rapidement des plans d’actions, dans une démarche lean » explique Gilles Proust. Ce que confirme Sylvie Mallet : «Il y a du renouveau dans les reportings. On les veut plus opérationnels et intégrés. Des indicateurs que l’on regarde tous les six mois ne répondent plus à un pilotage agile devant la vitesse accrue des risques. Ils doivent s’intégrer directement dans les reportings de suivi de la gouvernance et les tableaux de bord des opérationnels, pour servir de “thermomètres” et permettre de remonter les alertes plus rapidement, voire en temps réel» explique-t-elle. Pour Catherine Veret-Jost, consultante et auteure en 2019 de la somme « Les grands principes du Risk Management », Ed. L’Argus de l’assurance en gestion des risques, « les indicateurs doivent avant tout permettre de prendre des décisions à temps, en toute connaissance de cause. Ils doivent donc être à la fois pertinents, cohérents (pour ne pas perdre de temps à les harmoniser) et partagés dans les deux sens (montant et descendant), ce qui est encore trop rarement le cas ». Et Frédéric de Serpos, Directeur des assurances et de la gestion des risques du groupe Casino, de compléter : «Nous ne disposons pas de modèle générique, paramétrable pour déterminer les conséquences de la pandémie. Cela illustre les difficultés de mesurer l’impact d’un risque externe. Un enseignement est celui de l’incidence des informations et des mesures gouvernementales dans la gestion des risques. Nous percevons le bénéfice d’une gestion des risques qui s’inscrit comme une organisation matricielle, dynamique et pragmatique où de plus en plus d’expertises sont concernées et impliquées en première ligne (les systèmes d’information, la RSE, les RH, les juristes, la qualité, etc.). » Les nouvelles attentes des directions générales Après une période de gestion de crise où il a fallu gérer le confinement et ses conséquences, les entreprises sont revenues depuis septembre à un mode de fonctionnement plus normal, qualifié parfois de «nouveau normal » pour tenir compte des évolutions liées à la crise. Logiquement, les Conseils d’Administration et les Comités d’Audit et des Risques qui se sont tenu post-Covid‑19 interrogent systématiquement les Comités Exécutifs sur leur mise à jour de la cartographie et sur l’efficacité de la gestion des risques. «Nos attentes se développent parce que les sujets de risques prennent une place significative à l’ordre du jour des instances de gouvernance » confirme Ramon Fernandez, Directeur général délégué, DG Finance, Performance et Développement d’Orange (voir interview complète page suivante). Mais la gouvernance n’est pas la seule à pousser les Comex à la réflexion. « Les dirigeants ont intégré le fait que la Covid-19 n’était pas une crise ponctuelle et qu’il allait falloir vivre avec durant plusieurs années. De ce fait, elles tirent maintenant les leçons de cette expérience et se disent que leur profil de risque est en train de changer » explique Gilles Proust d’Arengi. « Désormais, les dirigeants veulent avoir un regard à moyen et long terme et prendre des positions stratégiques en phase avec le futur environnement «green» qui nous attend. Ils ont besoin des Risk Managers pour les aider à anticiper sur les années à venir…» confie Philippe Noirot, rejoint par Sylvie Mallet : « Les Comex ont de plus en plus des attentes fortes sur les temps longs. En ce sens, ils demandent au Risk Manager une revue des risques émergents, qu’ils veulent voir traités sous forme d’études des tendances à 10, 20, 30 ans, en coordination avec les équipes de la stratégie. » Un avis que partage Catherine Veret- Jost, elle qui conseille au quotidien les chefs d’entreprise : « La gestion des risques nécessite de voir loin et d’innover : aujourd’hui plus qu’hier, les dirigeants ont besoin d’arriver à maîtriser la dimension systémique des risques. » Le rôle renforcé du Risk Manager Dans un tel contexte, Dominique Laymand d’Ipsen Pharma estime que « le propre du Risk Management est d’appréhender tous les risques, même les risques “extra-ordinaires”. Dans la situation de risque avéré que nous connaissons, j’attends de lui qu’il fasse « Les risques tels qu’ils sont identifiés dans les cartographies ne sont finalement qu’une addition des évènements arrivés ou presque arrivés dans le passé et assez peu des risques anticipent réellement le futur. » Grégory Lalo, Senior Vice President Risks, Insurances & Business Development d’Accor « Le Risk Management doit être plus présent dans l’ensemble des fonctions et devenir un outil qui aide la direction générale à prioriser ses investissements et ses actions de réduction des risques. » Pierre Boisselier, Directeur financier adjoint Financing and Risks du groupe Accor
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