ATOUT RISK MANAGER N°26

ATOUT RISK MANAGER N°26 I AUTOMNE 2020 29 Dossier - État du marché - Renouvellements 2020 et perspectives 2021 nos assurés. Nous y voyons des pièces indispensables et complémentaires d’un même puzzle» . Et AXAXLde confirmer : «Nous pouvons lier notre expertise en assurance traditionnelle et en financement alternatif afind’accompagner nos clients sur l’ensemble du spectre de risques» . Si les captives ont la côte, beaucoup voient dans cette crise l’opportunité de faire de Paris une place financière (voir encadré). D’autres, plus pragmatiques, rappellent qu’il faut seulement quelques mois pour monter une captive au Luxembourg, dans un cadre rassurant et rôdé. «Je verrais bien une nouvelle vague de création de captives, comme dans les années 2002 suite à la créationduGareat. En s’ymettantmaintenant, elles seront opérationnelles en 2021» assure Paolo Crestani. «La mise en place d’une captive prend du temps, et le faire dans l’urgence est rarement une bonne affaire» rappelle toutefois Léopold Larios de Piña. Anticiper et maintenir le dialogue Crispations, frustrations…l’ambiance en cette rentrée met sous pression les bonnes relations tissées au fil des ans entre les acteurs de la place. «Il risque d’y avoir un choc de perception entre nos assurés, qui souffrent économiquement du fait de la Covid-19 et les assureurs qui au même moment poursuivent le nécessaire redressement tarifaire. Ce durcissement peut paraître sévère dans la mesure où la hausse des tarifs s’accompagne d’une revue des termes des contrats et d’une augmentation de la rétention des assurés» reconnaît François FourniedeMSIG. «Nous nous efforcerons d’être mesurés dans le rééquilibrage de nos tarifs car nous avons pleinement conscience qu’il ne tombe pas au meilleur moment pour nos clients » promet Florence Louppe. La solution : la communication et l’accompagnement. « Le dialogue sera l’élément essentiel dans cette phase de «Sortir d’une stricte relation client/fournisseur» Analyser la situation de son entreprise à l’aune de sa stratégie La période incertaine que nous vivons, générée en partie par la Covid-19, n’est pas déstabilisante pour les Risk Managers, habitués par leur fonction à l’incertitude. Néanmoins, tous les secteurs ne sont pas affectés de la même manière. Certains, comme l’aérien, ont vu leurs activités chuter drastiquement et vont chercher à réduire au maximum leurs couvertures d’assurance. D’autres au contraire, sont presque en surchauffe (télécommunication, pharmacie, alimentaire…) et doivent mieux couvrir leurs différents risques dans cette période. Cette réflexion sur la stratégie de leur entreprise et sa résilience est indispensable et doit être menée avec les dirigeants et le Conseil d’administration et /ou Comité d’audit et des risques, quand il existe. En profiter pour revenir aux fondamentaux En cette période tendue, il faut améliorer les discussions, souvent trop rares, entre celui qui porte les assurances, celui qui gère les risques et celui qui les finance. Il faut commencer par revisiter sa cartographie des risques, qui a nécessairement dû bouger depuis sa dernière présentation aux dirigeants, puis revoir sa politique d’assurance pour protéger en priorité les biens matériels et immatériels essentiels à l’activité (dont les projets). C’est en renforçant le dialogue avec la direction financière et les autres fonctions vitales de l’entreprise (selon le secteur : DSI, Direction industrielle, Direction commerciale…) qu’émergeront les bonnes questions : quels sont mes grands risques, quels sont mes moyens de les financer, puis-je dénoncer une partie de mes contrats d’assurance…? Tout en gardant à l’esprit qu’en moyenne seuls 30% des risques sont assurables, le reste devant être financé et auto-assuré par l’entreprise elle-même, par des moyens internes (captive, provisions, acceptation du risque…) ou externes (transfert le cas échéant aux fournisseurs co-contractants, à l’assurance…). Jouer la transparence avec son assureur Il n’est jamais trop tard pour ouvrir ou maintenir (ce qui est une situation plus confortable) le dialogue avec son assureur : il s’agit de se positionner dans une relation gagnant-gagnant. En jouant cartes sur table, les entreprises peuvent arriver à sortir d’une stricte relation client/fournisseur pour trouver ensemble une solution de sortie de crise. La présence des courtiers peut les aider à mieux faire valoir leurs intérêts auprès des assureurs. C’est tout l’enjeu des négociations et des accords pluriannuels, que certains avaient été bien inspirés de concluredans une logiquedepartenariat. Les LTA (Long Term Agreement) doivent donc se poursuivre, à condition que chacun fasse un effort pour trouver un équilibre satisfaisant pour tous. En temps de tempête, on ne peut pas naviguer toutes voiles dehors, il faut rabattre un ou deux ris pour maintenir le cap. Utiliser la captive, outil à part entière d’équilibre Pour l’entreprise qui en a une, elle est plus que jamais à considérer. Si elle en est dépourvue, dès une certaine taille, elle se doit de penser à en créer une : indispensable si les conditions de marché se tendent au-delà du raisonnable et si l’on veut avoir un outil d’appréhension global de ses risques de fréquence. C’est également le dispositif pour cantonner une part des événements exceptionnels. Si comme on l’espère, l’environnement fiscal et réglementaire français se simplifient, il faut dès à présent se préparer à cette création. Les quatre recommandations aux RiskManagers par temps de tempête de Christine Cantournet, Présidente de 2 Board Advice

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